Parler de la gestion financière du diocèse, de la gestion du patrimoine immobilier, c’est évoquer une véritable « révolution » dans la manière d’aborder les questions, de les gérer et d’en rendre compte. Nous en avons été, l’un et l’autre, avec beaucoup d’autres personnes, témoins et acteurs depuis au moins une vingtaine d’années. Nous tentons, par les sommets, d’en dégager quelques caractéristiques :

Hier, c’était le « secret », non qu’il y aurait eu des « choses à cacher », mais on n’en parlait pas, ce qui pouvait laisser tout supposer. Aujourd’hui on veut la plus grande transparence possible.
Hier, c’était le chacun pour soi : paroisse, groupe association… Aujourd’hui, on pense diocèse (l’ensemble des comptes est « consolidé »).
Hier, un prêtre désigné, pas forcément le plus compétent, en était chargé. Aujourd’hui, des laïcs choisis pour leur compétence et leur sens de l’Eglise sont au cœur de la gestion, et parmi eux l’économe diocésain (aujourd’hui Gabriel de Marguerye, après Jacques Lamborot, premier laïc dans cette fonction formé dans un bureau d’études industriel, ayant forcément essuyé les plâtres !).

Aujourd’hui plusieurs groupes de travail : le conseil d’administration, le Conseil Diocésain pour les Affaires Economiques (CDAE), et la commission de l’équipement et la commission budget-ressources sont au cœur du dispositif.

Ce qui n’a pas changé, c’est le souci de bien gérer aujourd’hui, en vue de demain, la vie économique du diocèse. Chez nous, des hommes ont été au cœur de l’évolution : citons Lucien Ray, prêtre, chargé de ces questions dans les années 60 en Saône-et-Loire et influent dans les instances nationales, Lucien Daubas de La Roche-Vineuse, Henri Charnet du Creusot, et tant d’autres comme Jean-François Lefèvre, et Pierre-Marie Mercier qui ont efficacement œuvré.

Place des laïcs

Un simple exemple : La Bourgogne immobilière possédant la moitié du domaine immobilier du diocèse, n’était pratiquement gérée que par des prêtres. Aujourd’hui dans l’équipe, il n’y en a plus qu’un. Par contre quelles que soient les équipes, prêtres et/ou laïcs, les deux conseils dont il est question plus haut ne sont que des conseils, les décisions finales reviennent à l’Evêque. N’empêche que les décisions se prennent, après débat, dans une réelle concertation. Les laïcs se renouvellent plus régulièrement que des prêtres qui ont été longtemps inamovibles dans ces fonctions, et c’est une chance ; leur compétence économique et financière est reconnue, y compris hors Eglise. Travaillant ensemble, prêtres et laïcs, nous faisons ensemble une expérience d’Eglise.

Orientations

Nous sommes confrontés à de grandes difficultés : bâtiments (trop) nombreux, souvent mal adaptés aux besoins d’une vie pastorale ayant beaucoup évolué, parfois avec un « retard » d’entretien et de réhabilitation, et soumis aux règles très onéreuses de sécurité et d’accessibilité. La plus grande difficulté vient de ce que l’Eglise diocésaine et ses besoins évoluent rapidement, alors qu’une réhabilitation des bâtiments demande du temps.
Les orientations générales que nous prenons pourraient se résumer ainsi : sérier les questions en fonction des besoins et des destinations.
– Ce qui touche au « culte » au sens large (églises, presbytères, salles) est géré par l’Association diocésaine : heureusement la très grande majorité des bâtiments de ce type, datant d’avant la « séparation Eglise Etat » (1905) sont propriétés de l’Etat ou des communes. Les réhabilitations ou entretien de ce qui nous appartient, sont faits « au mieux en fonction des moyens avec toujours l’arrière pensée d’une autre utilisation, par exemple un presbytère pouvant être en partie loué. Rappelons que l’Association diocésaine est une association un peu particulière ne pouvant faire que des actes commerciaux très limités.
– Les immeubles non directement cultuels sont gérés par la Bourgogne immobilière, qui est une SAS (société par actions simplifiée). Contrairement à l’association diocésaine, cette structure juridique, commerciale, peut et même doit réaliser des bénéfices (location, etc.) qui peuvent aider au fonctionnement du diocèse. Aujourd’hui, ils servent surtout à l’entretien, la réhabilitation des bâtiments, bref à une bonne mise en valeur durable.
– Une bonne partie des locaux occupés par les écoles catholiques, font partie du patrimoine de la Bourgogne immobilière. Nous avançons vers une gestion directe et autonome.
– Après la séparation des Eglises et de l’Etat, on a créé chez nous, (dans les années 20) comme dans bon nombre de diocèses ce qu’on appelle le syndicat des ministres du culte qui a permis, dans cette période difficile, d’assurer un support de gestion pour des bâtiments d’Eglise. Un peu « organe témoin » il a redonné vie depuis quelques années à ce rôle qui lui était dévolu, tout en étant un lieu d’aide et soutien aux prêtres et diacres (il ne possède plus que quelques immeubles, et est géré par un groupe de prêtres élu par ses membres).

Rôle de l’évêque

Après des évêques comme le père Le Bourgeois, qui ont entièrement fait confiance aux responsables, d’abord exclusivement prêtres, puis laïcs, le père Séguy, en paysan rouergat tenait à une gestion prudente, liée à l’entretien indispensable. Notre évêque actuel a impulsé (en plus de l’entretien nécessaire, et des besoins locaux), une forte dynamique immobilière au service de la pastorale, dans trois directions : redonner son rôle à l’évêché, maison de l’Evêque et lieu de rencontres, créer et faire vivre une maison diocésaine à Saint-Désert, et développer les possibilités d’accueil à Paray-le-Monial.

Evolution de la gestion financière et immobilière du diocèse

Il est très difficile de comparer sérieusement les recettes et les dépenses de notre diocèse entre les années 50 et aujourd’hui et même son immobilier pour de nombreuses raisons. D’abord à cause d’une énorme inflation faussant les comparaisons, car différente selon les produits. Ensuite et surtout parce que les comptabilités d’alors et celles d’aujourd’hui n’étaient pas du tout semblables. En remontant à la première guerre mondiale la gestion de chaque paroisse restait paroissiale avec une contribution pour le diocèse envoyée sans instruction très précise. Les comptes diocésains et même paroissiaux étaient indépendants de ceux des associations, pourtant très nombreuses et quelquefois importantes (sportives, loisirs, sociales, patronages, immobilières). Aucune consolidation n’était possible, car les comptabilités des paroisses n’étaient pas identiques.

Un grand progrès s’est produit il y a une cinquantaine d’années, (sous l’impulsion de l’épiscopat français) car le diocèse a conseillé un plan comptable commun (ayant évolué plusieurs fois) à toutes les paroisses et chacune envoyait ses comptes annuels, mais toujours pas de consolidation. D’ailleurs nous avons cru comprendre que les 550 paroisses possédaient pour la plupart des réserves non négligeables et chacune un ou plusieurs comptes en banque dont certains ont subsisté jusqu’à ce nouveau millénaire.
La très grosse modification dans la gestion des paroisses et du diocèse s’est produite dans la douzaine d’années autour de l’an 2000. Il s’est en effet produit deux changements énormes, d’une part le regroupement des 550 paroisses en 49 grandes paroisses actuelles et l’évolution de la fiscalité nationale faisant prendre conscience que la seule entité juridique légale était l’Association Diocésaine et que le nombre de catholiques engagés et donateurs s’était réduit très nettement.

Ce n’est pas le lieu d’analyser les causes de ce bouleversement. Citons cependant mai 68, la permissivité de notre population nationale, l’évolution des loisirs, les crises économiques successives, notamment celle du pétrole dans les années 70 et celle du début des années 90, les transports internationaux rapprochant les pays amenant l’implantation d’autres religions. Actuellement toutes les paroisses ont la même comptabilité, le diocèse consolide annuellement toutes les recettes et les charges et bientôt ceci se fera trimestriellement. Nous arrivons enfin à une gestion rigoureuse et transparente, mais plus « tirée ».

Grosses masses actuelles des ressources et dépenses du diocèse en millions d’euros :

Ressources (total 10,0)
Denier de l’église……………2,1
Casuels, quêtes………………4,4
Legs, offrandes de messes.…1,7
Produits de l’immobilier……1,4
Produits financiers………….0,4
Dépenses (total 10,2)
Charges liées aux personnes…………….5,0
Fonctionnement paroisses diocèse………3,6
Charges liées à l’immobilier…………….1,5
Charges financières………………………0,1

Quelques réussites

– Il a fallu des années pour passer d’une gestion à la petite semaine (nous avons connu des curés dont la seule comptabilité était la gestion de « boites » celle des quêtes et offrandes, celle des relations avec le diocèse), et parfois bousculés dans leur habitudes, à la situation d’aujourd’hui : gestion uniforme, commune et globalisée, après bien des difficultés et grincements de dents.
Merci à tous les acteurs discrètement actifs.
– Citons la mise aux normes et la location de certains locaux : cure Saint-Laurent au Creusot, maison de Paray-le-Monial, nombreux presbytères dont La Roche-Vineuse, transformation de la maison Saint-Antoine à Autun, sans parler de ce qui est « en cours » maison des Epinoches et rue Jean-Dagneau à Mâcon, cure de Montceau.

Du pain sur la planche

Nous sommes parfaitement conscients des efforts qui restent à faire. Nous sommes conscients d’un certain nombre d’erreurs ou d’imprécisions, mais nous sommes témoins d’une évolution à laquelle nous sommes heureux et fiers d’avoir participé.

Jean Bletton, Gérard Godot