Souvenirs de jours heureux à l’évêché au temps de Mgr Le Bourgeois

eveche1Rien ne me conduisait à travailler à l’évêché…

Mgr Deshaires (présent dans la grande maison) fait l’appel.

Très novice dans le métier de secrétaire, j’ai bénéficié de l’aide de Jeannine Thibaudin, UFCV, puis seule avec Michèle Gueugnaut,  j’ai continué.

C’est à ce moment-là que Mgr Le Bourgeois me demande aide pour son secrétariat personnel, principalement courrier. « Vous utiliserez un magnétophone, vous apprendrez vite, à Rome c’était ainsi avec ma secrétaire ». Un peu réticente au début j’ai très vite intégré… et c’est alors que des kilomètres de bandes magnétiques sont passées des écouteurs aux oreilles. Je puis dire que cette voix intimiste, très ponctuée, me fait dire sans prétention aucune que je suis peut-être la seule dans le diocèse à avoir le plus écouté Monseigneur. A mon âge avancé (!!) le son de sa voix est encore présent à mon oreille. Pas une seule fois Monseigneur m’a dit « avec toute la discrétion qui s’impose », pour moi cela était évident, j’ai beaucoup apprécié sa grande confiance.

Petite anecdote : lorsqu’une difficulté de compréhension ou d’écriture se présentait. « Appelons notre cher Dictionnaire » disait Monseigneur et le père Jean Morin, véritable puits de sciences, arrivait prestement avec bonheur ! Cela m’amusait beaucoup !

Monseigneur était d’une bonté extrême… même s’il n’utilisait pas la langue de bois, parlait de façon directe. Il était d’une grande vivacité d’esprit, avait une éducation raffinée, faite toute de simplicité dans les échanges amicaux ou les conversations les plus protocolaires ou plus « professionnelles ». Ferme dans ses propos lorsqu’il jugeait cela nécessaire, je peux ajouter qu’il avait beaucoup d’humour, cela n’était pas pour me déplaire (nous le pratiquons volontiers en famille – j’ose dire ici j’aime rire – pourquoi pas ?!!).

Monseigneur utilisait parfois le mot « agacé » il n’appréciait pas beaucoup les personnes trop sûres d’elles-mêmes concernant notre Église et donnait à ses interlocuteurs la faible excuse de l’ignorance !

L’évêché d’Autun

L’évêché d’Autun

Mgr me citait parfois Marc 6 « si on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds », je comprenais cette référence, il a beaucoup souffert parfois.

Il me disait aussi combien il avait été étonné d’être nommé évêque par Paul VI qu’il vénérait et qu’il rencontrait déjà en tant que supérieur général des Eudistes. Le pape lui précisa alors les richesses de son futur diocèse : « Dans le diocèse où je vous nomme deux hauts-lieux ; Paray-le Monial et Taizé ».

Petite anecdote aussi : Mgr le Bourgeois ne connaissait pas du tout la Saône-et-Loire, avant de prendre contact officiel il est venu voir le terrain incognito. Il m’a beaucoup amusée en me disant avoir été à Chalon, où des affiches annonçaient partout une pièce de théâtre dont le titre était « On demande un Evêque », il a préféré aller au cinéma !

Monseigneur, je me répète, aimait beaucoup Paul VI lequel a eu un rôle très particulier dans son pontificat d’avant et après Concile, incompris lui aussi parfois… J’ai eu le privilège de lire son testament ; sobriété des termes, souhait d’être inhumé pleine terre.

Après Vatican II Monseigneur ne tarda pas à mettre en place un Conseil Presbytéral représentant les forces vives de son Clergé, quelque 70 membres. Monseigneur travaillera beaucoup avec son CP. J’ai eu la chance d’être présente avec Michèle, moment privilégié où j’ai rencontré nombre de prêtres dont j’ai pu apprécier la valeur. Par la suite et hors de contexte, j’étais très malheureuse lorsque par hasard j’ai entendu des critiques sur l’un ou sur l’autre de ceux que j’ai connus.

Monseigneur n’a pas fait de sa Maison épiscopale un lieu fermé ; chacun était accueilli dans sa spécificité (il avait en effet un panel considérable de contacts) et quelle chaleur humaine se dégageait de sa personne ! Ainsi j’ai pu apercevoir le Métropolite Philarète, archevêque de Minsk, impressionnant dans sa longue robe noire, et lors d’une visite œcuménique importante, l’archevêque de Canterbury, Mgr Runcie, fort aimable, je lui ai servi le thé en toute simplicité ! Je termine, non sans parler aussi des visites de notre cher Frère Roger de Taizé, quelle bonté et quelle douceur émanaient de son visage.

Comment ne pas mentionner aussi la venue du pape Jean-Paul II en octobre 1986 à Paray-le-Monial.

Les semaines qui ont précédé le grand jour ont été fébriles. Le Secrétariat, aidé par de nombreux laïcs heureusement, a, je crois, bien rempli sa mission… Nous étions un peu fatiguées !

Mais le Moulin Liron et l’arrivée du Saint Père restent pour nous un moment inoubliable.

En pensant à toutes ces années, me reviennent mille souvenirs, un peu de nostalgie aussi… Michèle et moi-même étions heureuses de travailler ensemble, avec ardeur et toujours beaucoup de joie.

D’autres services passaient par le secrétariat bien évidemment, sans oublier la fameuse offset… pour imprimer !

Que de personnes rencontrées, combien j’ai appris, que de confidences reçues, quel enrichissement.

Oui vraiment beaucoup de bonheur au secrétariat durant ces 20 années au service de mon Eglise.

Françoise Viellard-Baron

Jusqu’à ces dernières années, l’évêché, majestueux et vénérable, (il  est un des plus vieux évêchés de France) gardait un air assez secret, et impressionnant, fréquenté surtout par les quelques personnes qui y travaillaient,  secrétaire, vicaire général, économe diocésain… et par les prêtres qui avaient un entretien avec l’évêque.

Aujourd’hui, après bien des aménagements, il est devenu une « ruche » où travaille un personnel laïc beaucoup plus abondant et où se font de nombreuses réunions  de prêtres et de laïcs.

Rencontre dans le grand salon

Rencontre dans le grand salon