Il faudra attendre encore un peu pour célébrer dans le diocèse d’Autun un cinquantenaire de la Pastorale de la santé qui a, à ce jour, à peine plus de vingt ans. Et pourtant il ne manque pas de motifs de se réjouir pour tout ce qui s’y est vécu et s’y vit depuis les commencements !
C’est à la fin des années 1980 que l’évêque d’Autun confie une « mission exploratoire » à « Monette » Dagon, infirmière-cadre à l’Ecole d’infirmières du Creusot, épouse d’André, diacre, de Culles-les-Roches. Il s’agissait dans un premier temps, en écoutant différents acteurs de la santé ou des personnes malades ou au service des malades, de repérer les besoins et les attentes de ce “monde de la santé“ : une démarche qui s’inscrit tout à fait dans le droit fil de Gaudium et spes.
Ce patient et précieux travail de consultation (1989-1991) favorise la mise en route d’un petit noyau de personnes associées à ce projet et va révéler des personnalités qui vont prendre une part importante dans la future « Pastorale de la santé ».
La première équipe diocésaine (1991) sous la conduite de « Monette » Dagon et du P. Georges Dufour, vicaire épiscopal chargé d’accompagner la démarche, va s’enrichir progressivement de la participation du P. Joseph Rzegocki, aumônier des maisons de retraites au Creusot, Mlle Colette Pommier, infirmière à Paray-le-Monial, Sœur Marie-Louise Gilhodes, chef d’établissement, M. Daniel Coutin, diacre à Gueugnon, M. Michel Houpline, diacre à St-Gengoux-le-National, P. Henri Bouchot, aumônier de l’hôpital de Montceau.
Mais au bout d’une année, « Monette » et André Dagon quittent la Saône-et-Loire pour s’installer dans le Midi. C’est un « pilier » qui s’en va mais les fondations « Déléguée Diocésaine à la Pastorale de la Santé ». A son départ et pendant un peu plus d’un an, Joseph Rzegocki assurera l’intérim de la fonction, en attendant un nouveau DDPS.(1)
En France, la Pastorale de la Santé est née en 1982
« Une Église qui n’aurait plus rien à faire et plus rien à dire là où l’on souffre et là où l’on meurt, là où l’on espère et où l’on guérit, serait-elle encore l’Église de Jésus-Christ ? Comment les événements fondamentaux de l’existence ne seraient-ils pas le lieu privilégié et le temps fort de la mission ? »
Cet extrait de la proclamation des évêques réunis en assemblée plénière à Lourdes en novembre 1982 marque un tournant. Il engage de façon nouvelle tous les diocèses à la mise en œuvre d’une « pastorale de la santé » qui va aller bien au-delà de la « pastorale des malades ». Les évêques français réunis « convaincus que le monde de la santé est l’un des lieux majeurs où se dessine l’avenir de l’homme », ont attiré l’attention de leurs concitoyens sur l’importance des enjeux : « conception de la vie et de la mort, sens de la dignité de l’homme et de sa place dans la société ».
Sa mission est triple : rejoindre tous les acteurs de la santé et tous ceux qui vivent des difficultés dans ce domaine ; éveiller les communautés chrétiennes aux questions concrètes de santé ; favoriser les liens entre tous ceux qui prennent part à la Pastorale de la Santé
En 1991, la Pastorale de la santé naît officiellement dans notre diocèse : l’histoire de la Pastorale de la santé dans le diocèse d’Autun a été marquée par un événement particulier, Taizé 1995, par des orientations pastorales qui vont se traduire par de nombreux chantiers et par des figures remarquables engagées au service de cette pastorale.

I – Un événement déterminant

Le premier événement important, au moins au plan chronologique, a été le « Rendez-vous de la solidarité » de 1995, projet diocésain porté par le Secrétariat diocésain de la solidarité. Avec le nouveau D.D.P.S. nommé en septembre 1993(2), l’équipe diocésaine va s’engager activement à la fin 1994 dans sa préparation. Ce sera une occasion providentielle pour ce nouveau service de collaborer avec les autres services diocésains et de nouer des relations avec chacun des groupes chrétiens ou association de la Pastorale de la santé(3). Il s’agira non seulement de permettre à tous les acteurs de la Pastorale de la santé (la plupart à cette époque ne voient pas encore bien « ce que recouvre » la Pastorale de la santé) de s’engager dans ce projet diocésain mais surtout d’entrer ensemble en relation avec tout le réseau associatif non confessionnel particulièrement actif dans le « monde de la santé », là où est sa mission(4). Le Forum « La Maladie » à Taizé en sera une illustration.
L’équipe diocésaine de la santé s’engage aussi dans la rédaction des engagements Santé-Maladie qui feront partie des « 40 engagements diocésains » (1995). Cela constituera sa feuille de route pour toutes les années qui vont suivre, le fil conducteur de toute l’action pastorale : former des responsable compétents pour les aumôneries hospitalières, susciter des lieux d’écoute, aider les secteurs à assurer le service évangélique des malades, soutenir les professionnels de la santé et du social, etc.

II – De nombreux chantiers et beaucoup d’acteurs

Témoin et acteur seulement de la période 1993-2004, je ne peux rendre compte que de cette étape, celle des commencements. Dans ces moments il y a eu tant d’acteurs généreux et géniaux, tant de petits groupes qui ont réfléchi, proposé, bâti, impulsé la Pastorale de la santé et où tant de choses ont commencé en même temps ! Il n’est pas possible de les citer tous.
Je retiens seulement trois chantiers particulièrement significatifs parce qu’ils sont en prise directe avec ces « événements fondamentaux de l’existence… lieu privilégié et le temps fort de la mission » : le service de la « présence » à l’hôpital, le service « pour les soignants » et le service des « grandes questions de la vie ».

Celui de la formation des aumôniers et des membres des aumôneries : en 1994, sœur Marie-Louise Gilhodes, P. Henri Bouchot, P. Georges Dufour, Mlle Geneviève Desbois, Mme Marie-Claude Pottier et Bernard Mérigoux vont se donner régulièrement rendez-vous à La Chapelle-de-Guinchay en toutes saisons et par tous les temps pour bâtir un parcours de formation pour les futurs aumôniers d’hôpitaux. Il s’agissait de passer « de l’Aumônier à l’Aumônerie » ; de passer d’un service centré sur la rencontre du « malade couché » à une « présence d’Eglise à tout ce qui se vit dans un Etablissement ».

Cette formation va voir le jour sous le nom de « Formation à la responsabilité d’un service d’aumônerie ». Cinq sessions d’une année (un jour par mois) ont permis de former successivement plus d’une soixantaine de personnes : au Carmel Saint-Joseph à Saint-Martin-Belle-Roche, à la Maison St-Joseph à Tournus, aux Epinoches à Mâcon, aux Récollets à Cluny, à l’Espace Epiphanie au Creusot. Le trio des formateurs : P. Georges Dufour, Mme Marie-Claude Pottier et Bernard Mérigoux, font appel le plus souvent possible à des coopérations avec le monde hospitalier (cadres-infirmiers, formateurs de soignants, médecins). Elle innove en 2002 en instaurant un accompagnement du groupe pendant toute la formation : relecture de la pratique et initiation à l’accompagnement spirituel, confiée à Charo Sauvage, philosophe et professionnelle de la formation d’adultes. Autre nouveauté, la participation de professionnels du CHS de Sevrey comme intervenants dans la formation. Ces années de formation ont ouvert la voie à un nouveau type de relations entre les responsables d’AH(5) et les personnels des établissements hospitaliers. A partir de 2005, les futurs responsables AH suivront le parcours diocésain de « Formation à la responsabilité pastorale » et certains poursuivront alors leur formation d’AH à Angers ou à Lyon.
Celui du service des professionnels de la santé et du social : il y a une grande diversité de situations professionnelles et de groupes ecclésiaux parmi les professionnels de la santé. Ils ont été invités par l’équipe diocésaine à se rencontrer d’abord pour partager leur expérience propre mais aussi pour repérer les besoins des professionnels de la santé et à leur faire ensemble des propositions.

Ils vont mettre en œuvre l’engagement n° 27. L’ACMSS (Mlle Marie-Antoinette Chopelin), Relais-Santé (Mlle Colette Pommier), la REPSA (Sœur Geneviève Préaud)(6) et Alain Gentil, diacre et cadre de santé, et Bernard Mérigoux, DDPS, vont se retrouver à Paray ou à Cluny chez les Sœurs de Sainte-Marthe. Ensemble ils vont former en 1997 la « Coordination diocésaine des mouvements et groupes chrétiens de professionnels de la santé et du social » avec pour but :
1. S’informer mutuellement sur les projets respectifs et avoir le souci de les faire connaître à ceux qui peuvent y trouver réponses à leurs questions.
2. S’interpeller mutuellement sur notre sens missionnaire.
3. Faire grandir l’Église dans le monde des professionnels de la santé et du social.
Il s’agissait aussi de donner suite au grand rassemblement des professionnels de la santé qui avait eu lieu en 1996 à Cluny et qui avait rassemblé une centaine de participants sur le thème de la « Réforme de la santé et de la protection sociale ». C’est cette équipe qui va « inventer » les Journées des Professionnels à Mazille qui auront lieu deux fois par an : une journée de réflexion, de « retrait » et d’échanges. Ces journées seront par la suite organisées et animées par Mme Claire Galmiche, médecin, Mme Claude Eloy, infirmière, puis Sœur Koi, médecin et M. Pierre Vallier, médecin. D’autres poursuivront.
Celui des « Ateliers éthique et foi » : au début des années 2000, plusieurs personnes ont été déléguées pour représenter l’Église Catholique dans les Comités d’éthique à Mâcon (Sœur Florence Ledoux) et au Creusot (Mme Brigitte Lagoutte).
L’équipe diocésaine de la Pastorale de la santé crée alors en 2003 un « Atelier Ethique et Foi » au Creusot, animé par Mlle Mireille Godin responsable de l’AH à Autun. En 2004 à Chalon-sur-Saône, la Pastorale de la Santé (Mme Claude Eloy et Bernard Mérigoux) et la Pastorale Familiale (Désiré et Jeanne Bérodier, Pierre et Marie Noëlle Mütz) créent l’Atelier Ethique et Foi dans la région de Chalon-sur-Saône. D’autres groupes se préparent à cette époque à Charolles et à Paray (Christian Moullé, diacre et médecin)
L’objectif de l’Atelier est de « faire exister des lieux de réflexion et de formation par la confrontation aux questions actuelles et par l’étude de documents de l’Eglise ; faire émerger, comme dans un vivier, des personnes petit à petit mieux formées à ces questions et capables de rejoindre un jour les Comités d’éthique existants ou à venir ; pouvoir donner des éléments d’information et de réflexion sur des sujets précis d’actualité ».

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Chalon-sur-Saône : l’ancien hôpital

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Chalon-sur-Saône : … et le nouveau

III – Quelques figures de la pastorale de la santé et leur rôle

Les personnes qui ont été membres de l’équipe diocésaine (de 1991 à ce jour), certaines pendant de nombreuses années : Mme « Monette » Dagon, Sœur Marie-Louise Gilhodes, P. Georges Dufour, P. Joseph Rzegocki, M. Daniel Coutin, Mlle Colette Pommier, P. Henri Bouchot, M. Bernard Mérigoux, M. Michel Houpline, Mme Janine Bapt, Mlle Michelle Manigand, Mlle Suzanne Mansot, Mlle Éliane Micaëli, Sr Rose Martin, Mme Claude Eloy, P. Nicolas Goury, Mme Monique Markt, Mme Claudine Garsiot, P. André Guimet, Mlle Béatrice Fierens, P. Bernard Guy, Sr Florence Ledoux, M. Patrice Sauvage, Mme Gisèle Parize, M. René-Dominique Chrétien, Mme Anne Perrot, M. Georges Tomasi, P. René Aucourt, Mme Bernadette Grauer, Mlle Françoise Luc.
• Les prêtres accompagnateurs de l’équipe diocésaine : P. Georges Dufour, P. Bernard Guy.
• Les RDAH(7) (à partir de 2002) : Mme Claudine Garsiot puis Mme Gisèle Parize. Jusqu’en 2002, la fonction était assurée par le DDPS, Bernard Mérigoux.
• Les DDPS : Mme « Monette » Dagon (1989-1991), M. Bernard Mérigoux (1993-2004), Mlle Béatrice Fierens (2004-2005), M. Patrice Sauvage (2006-2011), P. René Aucourt (2011 )
• La fondatrice de la bibliothèque documentaire de la Pastorale de la santé : Sœur Rose Martin.
• La première laïque responsable d’une AH dans le diocèse : Mme Paulette Labaune, à Paray-le-Monial.
• La première laïque responsable d’AH en Santé mentale : Mme Monique Markt (2000-2011) où elle succédait à Sevrey au P. Pierre Vaillier.
• Les diacres ont tenu une place tout à fait particulière auprès des personnes isolées par la maladie et dans les petits établissements de personnes âgées. Beaucoup ont apporté leur expérience et favorisé la mise en place des réseaux du SEM(8) : M. Daniel Coutin, M. Henri Grange, M. Henri Depoil, M. Michel Houpline, M. Georges Beauchamp
• Les principaux intervenants dans les formations : P. Georges Dufour, P. Hubert Robert, Mme Charo Sauvage, Mme Brigitte Lagoutte, M. Bernard Mérigoux, Mme Marie Claude Pottier, Sœur Florence Ledoux
• Les premiers artisans de la réflexion sur le SEM et sa mise en route ainsi que la rédaction du livret « Le Service Evangélique des Malades » : M. Daniel Coutin, M. Henri Grange, M. Michel Houpline, P. Georges Dufour, M. Michel Houpline, P. Maurice Roberjot, Sœur Christine Vidal, M. Gérard Colomb, M. Georges Beauchamp, Mme Claude Eloy, M. Bernard Mérigoux
• Le groupe de travail qui a permis de structurer le fonctionnement des équipes d’AH et de définir le rôle des responsables d’AH : Sœur Jeannine Tendron, Mme Geneviève Desbois, P. Louis Thuret, P. Joseph Rzegocki, P. Louis Bouard, Mme Michelle Manigand.
• Sans oublier que l’histoire s’écrit avec tous les anonymes : merci à eux, c’est leur histoire !

Bernard Mérigoux

IV – Un logo pour dire la pastorale de la santé

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(1) D.D.P.S. On désigne ainsi en France, depuis 1982, les délégués diocésains à la Pastorale de la Santé.
(2) Bernard Mérigoux, D.D.P.S. de 1993 à 2004.
(3) La plupart vont participer au Forum La Maladie, comme « exposants », le 1er octobre 1995 à Taizé : la Fraternité Catholique des Personnes Malades et Handicapées (FCPMH), l’Hospitalité diocésaine d’Autun, l’Action Catholique des Milieux Sanitaires et Sociaux (ACMSS), Lourdes Cancer Espérance (LCE), le Service Catholique Enfance Jeunesse Inadaptée (SCEJI), un groupe de professionnels « Relais-Santé » de Paray, l’Aumônerie hospitalière, le Service évangélique des malades, les religieuses en professions de santé (REPSA), Chrétiens en Santé Mentale (CSM), Foi & Lumière, Fraternité chrétienne des sourds (FCS) et d’autres.
(4) Vont participer au Forum La Maladie également comme « exposants » : La Croix Rouge Française, JALAMLV, l’Association de Paralysés de France, La Croix d’Or, Les Alcooliques Anonymes, et bien d’autres…
(5) A.H. pour Aumônerie Hospitalière
(6) Voir note 3
(7) R.D.A.H. pour Responsable Diocésaine des Aumôneries Hospitalières
(8) S.E.M. pour Service Evangélique des Malades à domicile