Quelques propos d’un « ancien » du Service Diocésain des Vocations

En 1910, à la veille de la grande guerre, il y avait 779 prêtres inscrits sur l’Ordo du Diocèse d’Autun.  26 ans plus tard, en 1936, il n’y en avait plus que 568. 10 ans plus tard, en 1946, notre Diocèse connut encore une chute de 30 prêtres : il en reste 538.

C’est à peu près l’époque oû  l’on s’est inquiété, en France du « recrutement » renouvelé des prêtres. L’ « œuvre des vocations », dans cette période, fut prise en charge successivement par le père Léon Mury,  puis Mgr Guimet.  En 1959 naissait le bulletin du Service Diocésain des Vocations intitulé alors « Vocation et Sacerdoce ». Remarquons le titre : vocation était au singulier, et sacerdoce accentuait encore le but visé : les vocations sacerdotales.

J’entends encore Mgr Lebrun terminer toute célébration par l’invocation : «  Seigneur donnez-nous de saints prêtres et de saintes vocations religieuses » !

Le père Louis Cornet prit la relève. Il demanda à un jeune laïc qui avait fait un temps de séminaire : Jean Perdrix, d’animer les fameuses rencontres dites de « vie chrétienne ». Puis arriva Daniel Charpiot, suivi par Mgr Gaidon qui assura un intérim entre 1975 et 1977. En 1970, il y avait encore 513 prêtres dans le Diocèse, ce qui prouve que la période allant de 1946 à 1970 fut relativement stable.

nombre-pretres2Par contre, de 70 à 77 nous avons perdu 50 prêtres, dont une vingtaine qui n’avait pas 45 ans ! N’oublions pas la  « révolution » de 68 et ses multiples effets !   En 69 : fermeture de Semur (20 ans plus tôt, il y avait 177 élèves dans les petits séminaires de Semur et Rimont !) Les élèves restants se retrouvent à St-Gildas de Charlieu.

En 73 : fermeture de St-Gildas. En 77, il y a encore 4 prêtres éducateurs à Rimont, 1 prêtre au service des jeunes du Foyer St-Paul de Chalon, 2 prêtres du Diocèse (André Fort et François Fraizy) envoyés au grand Séminaire de Dijon, et quelques prêtres autour de Guy Bagnard au Séminaire de Paray !

C’est en 1977 que Mgr Le Bourgeois et Mgr Gaidon viennent me rendre visite à Montceau-les-Mines, me demandant de devenir le prochain aumônier diocésain des Vocations, à temps plein. Nous commençons alors à mesurer l’immense mutation culturelle enclenchée par mai 68. C’est aussi, et heureusement, une époque de bouillonnement dans le laïcat. L’Action Catholique Spécialisée y tient une place de choix, sans oublier la catéchèse avec une foule de catéchistes. Arrivant au Service des Vocations, fort de nombreuses années où  je fus aumônier d’Action catholique en A.C.E., en J.I.C, en A.C.I, sans oublier l’aumônerie scolaire et le scoutisme, je mets en place une équipe diocésaine des vocations qui s’édifie alors sur une triple réalité : – la réalité des mondes (monde ouvrier, monde indépendant, monde rural),  – la diversité des implantations pastorales (mouvements, services, réalité scolaire, paroisses), – la diversité des vocations ecclésiales (prêtres,  religieuses, religieux, laïcs consacrés, laïcs engagés). Une religieuse du St-Sacrement : Madeleine Strobl est appelée au SDV à mi-temps, et Jean Perdrix devient le secrétaire officiel. Nous avons essayé de mettre en œuvre toute une action pastorale avec les forces vives du Diocèse :

– Retraites de vie chrétienne , du CM2 à la Terminale.

– Rencontres trimestrielles des  groupes de recherche (plus de 50 jeunes ont été rejoints).

– Lien avec les divers types de formation : Séminaires, G.F.O., G.F.U., Séminaires d’Ainés.

– Réflexion en équipe de vie avec les jeunes habitant le Foyer St-Paul.

– Naissance de commissions de travail avec l’enfance (Eveil de la Foi, catéchèse,  ACE, Scouts, Mej).

– Avec les jeunes (JOC-JIC, Aumônerie, Scouts, Mej)

– Naissance d’un nouveau Bulletin intitulé : «  Chemins Ouverts ».

– Répondre sur le terrain aux demandes des paroisses : récos, prédications, jubilés, préparation d’ordination sacerdotale, etc.

Je garde de cette époque (1977-83) la joie d’un dynamisme partagé dans la bonne humeur avec les divers acteurs concernés, mais aussi la rencontre difficile du Diocèse secoué par la tempête et même le défaitisme de certains.

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Réunion du Service des Vocations en novembre 1989 au Foyer Saint-Paul, sous la houlette de Patrick Desbois

Il est vrai que la « dégringolade » des prêtres a suivi la courbe nationale : il y avait 41.000 prêtres à l’époque où j’ai été ordonné prêtre en 65 (pour toute la France). Aujourd’hui, il en reste 15.000 d’une moyenne d’âge de 75 ans !  Autour de l’an 2000, il y avait encore 1.100 séminaristes en France. En 2010, il y en a 732 dont 96 de nationalité étrangère ; 6 en formation pour le Diocèse d’Autun.

Mais ne restons pas figés devant des chiffres qui, bien sûr, nous interpellent !

Depuis le Concile Vatican II qui a suscité chez nous, les prêtres , et les laïcs engagés, une immense espérance, bien des choses nouvelles sont nées, inconnues des nouvelles générations : la réforme de la Liturgie (ô combien nécessaire !), la naissance des diacres : 26 actuellement dans notre diocèse ; la réforme des paroisses avec une réorganisation des forces ecclésiales ; l’arrivée de nombreux chrétiens heureux de servir l’Eglise dans sa mission d’Evangélisation : pensons aux Permanents pastoraux, aux catéchistes très nombreux, aux personnes qui assurent les funérailles et l’accompagnement des Sacrements, l’animation paroissiale avec les E.A.P., le catéchuménat, l’accueil paroissial , les finances ,etc.

Des Communautés nouvelles, en France et aussi dans notre diocèse, ont peu à peu pris leur part, qu’elles soient monastiques ou apostoliques.  Un nouveau visage de l’Eglise est en train de naître, souvent dans les douleurs de l’enfantement.  Alors ? Soyons remplis d’espérance !

Père André Auduc