aumonerie1Les AEP sont une vieille institution de l’Etat français puisqu’elles ont été créées en 1802. Elles ont pour but que l’Eglise (et toute religion) puisse rejoindre ceux qui ne peuvent aller à elle. C’est le cas des militaires, des prisonniers, des malades, et des jeunes lycéens qui vivaient dans des internats au moment de leur création. La réalité a, depuis, bien évolué, mais aujourd’hui encore une aumônerie est de droit partout où il y a un internat si des parents la demandent.

C’est dans les années 1960-70 que les aumôneries ont vécu un grand virage. Les collèges et lycées étant de plus en plus accessibles géographiquement, les jeunes vont moins en internat et vivent plus dans leur famille. À cette époque, seuls des prêtres sont nommés aumôniers de collège et lycée, certains à plein temps !

Petit à petit, l’aumônier ne va plus passer dans les classes pour animer une réflexion de foi et les aumôneries vont progressivement se séparer géographiquement des collèges et lycées. On va se retrouver à l’aumônerie, souvent une maison ou une salle destinée aux jeunes. Parfois notamment dans l’espace rural, ce sera dans les salles paroissiales.

Petit à petit, le lien avec l’institution s’est distendu, beaucoup ne voyant pas l’utilité de cette présence et on a appelé l’AEP, aumônerie scolaire ou aumônerie, regroupant les jeunes, qu’ils soient en école publique ou privée. Le contenu pédagogique a aussi évolué. On est passé du cours de religion à des partages de vie et d’Evangile.

Aujourd’hui, les aumôneries de l’enseignement public existent toujours institutionnellement. Des laïcs en sont la plupart du temps responsables, le prêtre se situant en accompagnateur. Le travail se fait en équipe pour accompagner les jeunes de tous niveaux.

Depuis septembre 1996 une responsable diocésaine laïque a été nommée avec un prêtre accompagnateur.  C’est Catherine Monchovet qui a ouvert la voie, première femme responsable diocésaine d’un service important, même si avant, des femmes participaient activement à la vie et à l’animation du service. Puis ce fut Maryse Rodot et aujourd’hui (en 2012) Evelyne Thevenoux. Stéphane Boyer a accompagné le service de 1996 à 2010 puis ce fut à Christophe Lagrange que fut confiée cette responsabilité. Cette figure laïc/prêtre n’est pas acceptée par tous, et cela a créé de nombreuses tensions au niveau local.

 Souvent les collégiens de 6e sont toujours sous la responsabilité du curé, car c’est majoritairement l’année de la profession de foi. On reste alors dans une démarche très « caté ». Ce n’est donc pas très simple pour les responsables de l’aumônerie de prendre la suite, alors que la profession de foi est plus vécue comme une fin de parcours que comme une  étape. Cette figure où la responsabilité pastorale est confiée à des laïcs et où le prêtre accompagne, n’est pas acceptée par tous. Certains laïcs ont toujours tendance à se tourner vers le prêtre, car ils le voient comme source de savoir et de vérité et des prêtres n’acceptent pas qu’un ou une laïc soit nommé responsable. Les aumôneries sont donc comme beaucoup de services de l’Eglise et de mouvement en perpétuelle recherche pour trouver les personnes qui pourront travailler ensemble et servir les jeunes dans leur croissance humaine et spirituelle.

Depuis de très nombreuses années, le service diocésain des aumôneries a initié des rassemblements à travers tout le diocèse : Cluny, St-Bonnet-de-Joux, Paray-le-Mondial, Blanzy, Chalon, Macon, Louhans, …

Le service a depuis 1983 édité une revue pédagogique pour aider les animateurs et animatrices à vivre des temps enrichissants avec les jeunes. Cette revue dont le nom est : « De Dires en Dires », a nourri la réflexion et les animations de nouveaux groupes de jeunes. Cela demande un gros travail et elle est vendue à travers la France à de nombreuses aumôneries.

L’AEP, c’est avant tout le souci de la mission. L’école publique éduque l’Homme et, comme croyants, nous pouvons apporter notre pierre à cette édification de l’humanité en chacun. École publique et Eglise ne s’opposent pas mais chacune peut contribuer à sa mesure à l’éducation globale de chaque jeune. C’est une présence petite, humble, mais qui dit parfaitement ce que sera la mission des chrétiens dans notre société française : rejoindre quelques femmes et hommes, qui désirent avec humilité connaître Jésus le Christ et témoigner de son amour pour tous, sans aucune exclusion. Cela ne doitt pas se vivre en vase clos mais au grand large au cœur de la multitude … Et l’école publique est un des visages de cette multitude qui nous appelle à sortir de nous-mêmes et révéler l’Esprit de Dieu agissant au cœur de tous les hommes.

Stéphane Boyer