Une très belle étape dans la vie du diocèse, première rencontre de prière interreligions pour la paix le 21 mai 2006 au Carmel de la Paix à Mazille

dialogue1Les petits ruisseaux font les grandes rivières ». Cette première grande rencontre de Mazille a été précédée par des centaines et des centaines de très petits évènements. Les rencontres interreligieuses ont lieu au quotidien, dans la vie : les écoles, les terrains de sport, les hôpitaux, les chantiers, les commerces, sur les paliers d’immeubles, dans certaines familles, y compris en prison ! Ces coudes à coudes sont très importants. Ils sont certes parfois rugueux et conflictuels, mais le plus souvent enrichissants et féconds.

Et puis il y a eu depuis 50 ans au moins certaines rencontres un peu plus organisées entre chrétiens et musulmans, entre chrétiens et juifs, entre chrétiens et bouddhistes (des laïcs, des religieuses, des prêtres ouvriers, des membres de la mission ouvrière, de la JOC, des aumôniers, des diacres, certains monastères, la Maison sur le Monde, La Pastorale des Migrants, le Secrétariat Diocésain de la Solidarité etc.). Beaucoup d’amitiés sont nées. J’ai moi-même eu l’occasion de participer à beaucoup de ces rencontres amicales, y compris lorsque la société française connaissait des périodes de fortes tensions, suite à des attentats ou des périodes de guerre (guerre du Golfe). Notre Église diocésaine a su encourager ce « VIVRE ENSEMBLE ». Tout ceci est venu donner un nouvel élan au mouvement œcuménique bien vivant dans notre diocèse. Le désir de rencontrer l’autre est identique entre chrétiens réformés, catholiques, orthodoxes, de même que la volonté de dialoguer, de prier et d’agir pour le bien du monde, sans faire de nombrilisme.

Du point de vue catholique, les chevilles ouvrières de cette première rencontre ont été les fraternités franciscaines, mais aussi les groupes qui déjà de diverses manières étaient engagés dans les rencontres interreligieuses. Je laisse M. Herman René Maré, membre des Fraternités Franciscaines Séculières du Breuil, raconter cette belle histoire.

Simplement je voudrais encore rappeler deux choses :

– La première c’est l’objectif contenu dans le titre. Pour un humanisme de paix ici et de proche en proche à travers le monde. Il a donné lieu à un beau message à la population de Saône-et-Loire, bien relayé par la presse locale. Ce message a été adressé personnellement au Préfet de Saône-et-Loire et au président du Conseil Général. Cette rencontre était tournée vers le monde, et non vers les religions.

– La seconde c’est que nous avons toujours voulu éviter toute confusion et tout « amalgame syncrétiste ».  Chacun a pu prier selon la richesse de ses rites et de ses traditions, respectant les lieux et heures de prière de chacun. Nous avons échangé sur nos diverses manières de prier et d’agir pour un humanisme de paix.

Père Jean-Noël Devillard

La première rencontre interreligions de Saône-et-Loire a eu lieu le 21 mai 2006 à Mazille. Bouddhistes, chrétiens, juifs et musulmans du département ont prié pour faire grandir un humanisme de paix. Ils sont repartis heureux d’avoir oser se rencontrer en toute confiance.

Proposée par le secrétariat diocésain de la Solidarité et les Fraternités franciscaines séculières du diocèse, elle sera suivie d’autres rencontres de prières pour la paix proposées ensuite par l’ensemble des confessions présentes. Une quatrième rencontre devait avoir lieu le 13 mai 2012, au carmel de la Paix de Mazille, dans le même « esprit d’Assise ».

Comment en est-on arrivé là ?

« Dieu aime tous les hommes » finit par dire Gisèle. C’était en 2003, lors d’une réunion de fraternité franciscaine au Creusot. Nous étions en train de travailler le thème « brassage culturel et dialogue interreligieux » que nous avions choisi, sans bien savoir, parmi les dix proposés pour nos futures assises nationales. Cette parole agit en nous et en moi comme une lumière. Nous vîmes alors que nos habitudes de vie n’avaient pas conduit à avoir des amis d’une autre confession et que cela n’était pas bon pour la paix. Nous étions interpellés par François parti d’Italie pour rencontrer l’islam et le sultan d’Egypte en 1219 ; saisis par les mots de Jean-Paul II et par le témoignage du cardinal Etchegaray à propos de « l’esprit d’Assise » se répandant un peu partout depuis la première rencontre entre religions à Assise en 1986 ; surpris par la proclamation de 2002 de la famille franciscaine de France : « Nous voulons rencontrer les autres croyants pour bâtir une société plus fraternelle. Nous ferons tout pour que soit instituée chaque année dans notre région une fête de la rencontre dans l’esprit d’Assise » Nous décidâmes de partir à notre tour et de proposer à notre évêque une rencontre entre religions, chez nous et entre nous, de prières pour la paix. Dès ce moment-là, on n’a plus manqué de conviction.

Premier à nous écouter, Jean-Noël Devillard entouré de son équipe locale du Relais du monde musulman, dit : « Je vous soutiendrai ». L’entretien, intense et décisif, avec le père évêque Raymond Séguy, suivit : « Je comprends votre projet, je vous encourage. Je vous donne comme aide et conseiller mon vicaire, le père Jean-Noël Devillard. Je prie pour vous, Dieu et saint François » a-t-il fini par dire en insistant de ne pas nous égarer et en rappelant le texte d’évangile lu ce matin-là « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création ».

On est allé voir ensuite les catholiques du diocèse déjà engagés dans un processus de dialogue interreligieux. C’était fondamental ; ils avaient la confiance de croyants des autres religions. Ils eurent confiance en nous. Ils ouvrirent bien des portes !

Le projet devint une réalité diocésaine grâce au Secrétariat Diocésain de la Solidarité avec Jean Forgeat qui accepta, au nom du dernier des 40 engagements de solidarité, d’être coorganisateur.

Le carmel de la Paix fut d’accord « non seulement de prêter ses murs » pour le lieu de la rencontre mais voulut participer activement à sa réalisation, de suite, chère à son cœur.

Septembre 2005, j’assiste, émerveillé, à la rencontre internationale interreligieuse qui fait halte cette année-là à Lyon. Une initiative de Sant’ Egidio à la demande de Jean-Paul II pour que vive l’esprit d’Assise. Un exemple en plus ! Nous étions dans le bon sens.

Après cela, il était facile d’aller voir une à une toutes les communautés et associations bouddhistes, juives, musulmanes, chrétiens orthodoxes et réformés de Saône-et-Loire, pour leur proposer de se retrouver ensemble à Mazille prier pour la paix entre croyants, en toute transparence dans un esprit d’amitié à l’exemple de François et de Jean-Paul II, de le dire ensuite aux habitants et aux autorités du département. Les rencontres furent chaleureuses.

Se reconnaître, chacun profondément croyant et pratiquant dans sa religion, conscients de nos différences et respectueux de ces différences, a donné confiance et envie à chacun de se rencontrer le 21 mai 2006 à Mazille. Et de continuer à nous rencontrer aujourd’hui et demain.

Voilà comment on en est arrivé là selon moi, résumé en une page.

René Maré, membre de la Fraternité Sainte-Elisabeth de Hongrie du Creusot. 3 mars 2012

Message aux habitants de Saône-et-Loire en 2012

dialogue2Nous, hommes et femmes de Saône-et-Loire, de religions, confessions et traditions spirituelles différentes, nous sommes réunis, en ce dimanche 13 mai 2012, au Carmel de Mazille pour la quatrième fois depuis 2006.

Nous n’avons pas les mêmes croyances et pourtant nous sommes là, ensemble. Une histoire commune, riche en spiritualité et en humanisme se poursuit aujourd’hui.

Nous sommes venus pour prier.

Prier est pour chacun de nous un acte de confiance. Une pratique quotidienne. Une vigilance dans la vie de tous les jours. La mise à jour de notre désir le plus radical. C’est un chemin vers la paix intérieure et l’éveil spirituel. Un espace, une écoute, qui non seulement nous provoque à changer nos vies mais aussi qui change la vie.

Nous sommes venus pour prier.

La prière, nous avons, ce jour, choisi de la vivre côte à côte. Un « côte à côte » à l’image de ce que nous sommes : proches par l’amitié, différents par les fondements de nos convictions, par notre passé, nos sensibilités et nos modes d’expression.

Écouter la prière de l’autre ouvre notre cœur et notre intelligence à ce que l’autre vit.

Recherche, approfondissement, découverte, la foi grandit.

Écouter la prière de l’autre, c’est déjà témoigner de notre engagement commun à construire un monde plus pacifié et plus solidaire.

Nous sommes venus pour prier pour la paix.

Être ensemble est déjà un acte de paix.

Être ensemble et prier, y compris dans l’épreuve, dans les moments difficiles, dans ces moments où la révolte et le sentiment d’injustice peuvent gronder et nous entraîner dans les pires excès, les divisions dramatiques, les catastrophes.

Depuis 2006, nous faisons l’expérience concrète de la fraternité : nous rencontrer pour mieux nous connaître, nous écouter pour mieux nous comprendre et nous estimer, sans ignorer ce qui fonde nos différences et ce qui, en d’autres lieux, peut être source de division et de conflit.

Nous avons fait le choix de vivre  la paix.

Habitants de Saône-et-Loire, voilà l’espérance que nous voudrions partager avec vous aujourd’hui.

Carmel de la Paix, Mazille 13 mai 2012