Les moyens de communication à l’intérieur du diocèse avant le Concile :

– « La semaine Religieuse » devenue « Eglise d’Autun » le 9 Octobre 1970.
– La Croix de Saône-et-Loire (disparue en 1971, sous la direction de Henri Thibaudin et du vicaire général Bernard Lambey).
– La Renaissance, du circuit des Hebdos Diocésains mais avec un statut détaché
– L’œil bienveillant du Courrier de Sâone-et-Loire sur la vie de l’Eglise.
– Des circuits de cinéma ruraux et itinérants.

Héritage de Pie XI (Vigilanti Cura) : une méfiance devant « la marée d’immoralité » mais une ouverture vers le cinéma « instrument possible d’élévation de l’humanité ». Et Pie XII (Miranda Prorsus) qui met l’accent sur l’importance de l’information, de l’opinion publique en lien avec la démocratie et la nécessité de la formation aux médias.
Le Concile : ouvre trois mois après le lancement de Telstar (10/07/62) qui rend possible une mondovision de l’ouverture du Concile !
Le décret « Inter Mirifica » – un peu bâclé et le premier voté – prend la mesure de la révolution apportée par les médias, reconnaît avant les Nations Unies le « droit à l’information ». Paul VI crée, à la demande des Pères, la « Commission pontificale pour les moyens de communication sociale » qui recevra sa charte de travail, après une consultation mondiale en 1970 : « Communion et Progrès ».

Une grande importance est accordée à la formation des usagers des médias, à la liberté d’expression, au droit à l’information et à la collaboration avec les professionnels.
Depuis longtemps, les salles paroissiales de cinéma permettaient à des films de qualité une diffusion qui assuraient leur rentabilité, tout en formant le goût et ouvrant à la nouvelle culture : le père Thomasset, dans le groupement régional des salles paroissiales de la région lyonnaise a été l’un des derniers pionniers de cet « apostolat culturel ». Henri Thibaudin fut aussi un « opérateur » itinérant.

Il existait déjà en France un début de présence aux médias : les Centres Diocésains à l’Information, fédérés dans le Secrétariat National des CDI. A Lille, Lyon (le professeur Le Goff), Nantes, des laïcs avaient déjà mesuré que la meilleure présence n’était pas de condamner les œuvres « mauvaises » mais de promouvoir les œuvres de qualité humaine. Ce que faisaient déjà depuis longtemps les Fiches du Cinéma (avec la cote morale) cette bible des cinéphiles par la précision de ses informations sur tous les films qui sortaient. C’est toujours un outil de mémoire que René Berthier a géré longtemps… Le Prix œcuménique du Festival de Cannes est aussi son œuvre, si j’ai bonne mémoire. Dans le même esprit, des paroisses organisaient la promotion d’un livre par trimestre.
Je me souviens du livre de Charles Dodd, Le fondateur du christianisme vendu à Chalon à plus de 80 exemplaires … un tirage « religieux » à l’époque tournait autour de 2 à 3.000 exemplaires !
Le diocèse a été fortement impliqué dans la mise en œuvre de Communion et Progrès puisque c’est le père René Berthier, alors adjoint à la direction de la catéchèse, qui a été chargé mettre en place un dispositif pastoral cohérent. Il était déjà présent dans les médias avec une rubrique dans Christiane, revue de Fleurus pour les jeunes filles, et très vite la succession du père Brien sur RTL : Un Chrétien vous parle, le dimanche matin (15 minutes, soit un livre par trimestre !)
A côté du SNCDI, qui mobilisait des récepteurs, il a créé, sous la présidence de Paul Delouvrier, une fédération reposant sur des professionnels : le cinéma, bien sûr, la radiotélévision, le livre, l’enregistrement sonore, la publicité.

Ce fut la Fédération des Offices de Communication Sociale. Non sans difficultés, le SNCDI s’est intégré dans la FOCS, faisant dialoguer à haut niveau professionnels et récepteurs des médias…
Nommé en 1970 à ce secteur dans le diocèse, j’ai participé à l’aventure. Les CDI, organismes diocésains indépendants étaient mal perçus par le Secrétariat de l’Episcopat qui rêvait (et il a finalement gagné) d’un porte-parole plutôt que d’un service de relation publique, proche des professionnels pour les entendre avant de les utiliser. La collaboration des deux approches des médias a été sous Fihey et David (porte-paroles de l’Episcopat), plus que fructueux…

Avec René Berthier, puis Michel Dubost nous cherchions à entendre ce que les hommes des médias, les messages des médias dans leurs diversité disaient du monde, de l’Eglise, disaient à l’Eglise.
« Communion et Progrès » parlait de formation : dans le diocèse, on a utilisé le magnétoscope pour observer des liturgies afin que les acteurs « se voient » et s’analysent ; pour former des responsables de mouvements et services ; pour des analyses de publicité dans des lycées privés (Paray, Autun, Mâcon) ; des entraînements sportifs (Mâcon)… Nous avons poursuivi cette ligne pour les évêques, supérieur(s) majeur(s), responsables de mouvements et services d’Eglise au niveau national ou diocésain avec le pasteur Paul Guiraud (et avec lui, même au Séminaire français de Rome !)

Formation aussi des… professionnels. La moindre des aventures n’a pas été la formation en deux jours de tous les chefs d’agences de Aigles (Progrès-Dauphiné) à Lyon sur l’information religieuse. En ce temps-là les relations avec la presse locale et la TV régionale (trois reportages de haute qualité au Carmel de Mazille, un sur les Frères de Saint-Jean à Rimont, à diffusion nationale…)
Une exposition des 100 livres religieux à Chalon a permis une rencontre entre Chrétiens, Juifs et Musulmans au Studio 70, préfiguration de la Maison de la Culture de Chalon.
Avec cette même entité, dirigée par Francis Jeanson, une session pour les professeurs et maîtres d’école réunissait le diocèse et la FOL sur une méthode d’analyse de la presse qui devait s’appeler « Culture et Information », utilisant largement les outils du père Jules Gritti, spécialiste en la matière. Faut-il préciser que cette formation jugée utile par les maîtres et profs présents n’a jamais été mise en œuvre dans les classes, sauf rares exceptions.

Et vient la radio libre

Quand les radios libres ont pu voir le jour, le Courrier à Chalon, a ouvert une antenne Radio Chalon et a offert une heure en direct le samedi de 11 h à 12 h, « Chrétiens dans la Ville » … avec diffusion dans les grandes surfaces… Une aubaine qui a duré de 1980 ou 1981 à 1990 je crois, jusqu’au rachat de l’antenne par NRJ qui a supprimé cette heure « inutile ».
A Autun, une émission enregistrée a été possible avec le père Bouard et des bénévoles pendant treize ans sur Radio Sud Morvan, avec pour titre : « Chrétiens en Morvan ».
Le diocèse a accueilli Radio Fourvière avant de devenir RCF 71 avec un fort potentiel de bénévoles devenus compétents à force de travail. La seule radio sur Mâcon… hélas entendue sur une aire trop réduite pour les finances diocésaines. Cette radio œcuménique était financée par les seuls cathos. Faute de pouvoir obtenir des relais ouvrant à une plus grande aire de diffusion et donc d’audience, elle a dû cesser d’émettre en 2011.

Je me garderai de faire un bilan et un pronostic des implications pastorales de notre diocèse à l’égard des médias, de l’opinion publique et des moyens d’y faire entendre le murmure de la voix de l’Evangile.
Les dénonciations ne comblent pas le fossé d’incompréhensions que l’Eglise a laissé se creuser entre son langage, ses modes de communication et ceux des « medias ».

Pierre Calimé