Lorsque je suis revenu en Mâconnais pour y prendre ma retraite en juillet 2000, mon voisin, Lucien Daubas – qui fut pendant plusieurs années au Conseil Diocésain pour les Affaires économiques – avait dit à Mgr Séguy que j’avais travaillé dans l’informatique. Aussi fus-je convoqué début 2001 par l’évêque qui me demanda si je pouvais installer un logiciel de comptabilité dans les paroisses. Ma réponse l’a surpris car je lui ai dit que j’en étais certes capable, mais que je demandais à rencontrer quelques curés et leur comptable pour apprécier la façon dont ils travaillaient. Il ne s’attendait vraiment pas à une telle demande !

Comme l’économe diocésain devait changer, l’étude a été élargie et a consisté à analyser le fonctionnement de l’administration de l’évêché : paroisses, services, curie.

Fin 2001, seize paroisses étaient équipées d’un ordinateur. Les comptabilités de paroisse étaient tenues soit à la main, soit sur ordinateur, mais avec des systèmes disparates : CIEL, MONEY, EXCEL, ACCESS ou autres.

informatiqueA l’arrivée du nouvel économe diocésain, Gabriel de Marguerye, le logiciel Damocles a été choisi, mais il a été décidé que ce logiciel ne serait pas imposé, et seulement mis à disposition sur demande des paroisses.

Il a d’abord fallu définir les droits d’accès et le plan comptable.

L’adoption de l’euro, début 2002 nous a conduits à ne démarrer qu’au 15/2/2002, de manière à ce que les mouvements de 2001 soient tous passés en francs. J’ai pu alors commencer à installer le logiciel dans les paroisses.

Théoriquement, il aurait fallu partout un trésorier et un comptable (le seul habilité à passer les écritures sur ordinateur). Les difficultés que j’ai rencontrées étaient que, souvent, les deux rôles étaient confondus et que nombre de bénévoles comptables n’étaient expérimentés ni en informatique ni en comptabilité. En général, il me fallait entre trois et cinq heures pour leur expliquer comment il fallait travailler. Parfois il était nécessaire de procéder à une piqure de rappel au bout de quelques semaines.

Comme l’entreprise Damoclès n’avait pas fait de mode d’emploi, j’ai dû en écrire un (80 pages) qui a été très utile aux bénévoles. Il a même été envoyé à d’autres diocèses.

Une autre difficulté a été de faire faire des sauvegardes. Celles-ci sont très utiles si l’ordinateur est en panne car il faut alors, une fois la réparation faite, pouvoir recharger les données que l’on avait saisies avant la panne. Dans plusieurs paroisses, on a appris l’utilité de la sauvegarde lorsqu’à la suite d’une panne, le ou la comptable a dû saisir à nouveau les mouvements des cinq ou six derniers mois !

Chaque installation, chaque panne importante nécessitait de ma part un déplacement. J’ai ainsi effectué 12.000 km de 2002 à 2006, après quoi le rythme s’est calmé car les comptables devenaient de plus en plus expérimentés.

En 2003, une loi sur le mécénat a été votée, mais les décrets d’application ne sont sortis qu’en 2006.

Les conséquences de cette loi sont importantes car il faut désormais produire à l’Etat les comptes globalisés des paroisses, services et curie – alors qu’antérieurement on ne fournissait que les comptes de la curie. Dès lors, il fallait absolument que les paroisses utilisent Damoclès, mais il fallait l’imposer.

Comme dans Astérix, nous avons eu notre village gaulois : Etang-sur-Arroux où il a fallu attendre 2008 pour que cesse la résistance à l’outil commun !

Un Commissaire aux Comptes doit maintenant certifier que les comptes en question sont « sincères et véritables ». Le commissaire passe donc chaque année dans une dizaine de paroisses pour s’assurer que les procédures sont bien respectées.

Autre conséquence de cette loi : comme il fallait présenter les comptes globalisés, il fallait pouvoir présenter ensemble les comptes de la curie et ceux des paroisses et services. Or on utilise deux logiciels différents (tous deux de Damoclès), mais ne communiquant pas entre eux.

Il m’a donc fallu écrire un ensemble de programmes pour mettre sous un même format les écritures de la curie et celles des paroisses pour en sortir un Grand Livre nécessaire aux commissaires aux comptes.

En 2010, le logiciel a évolué de telle manière que les données saisies localement (dans les paroisses) sont transférées sur un site central. Il y a deux avantages à cette évolution. Le premier est que les données stockées sur le site central constituent une sauvegarde. Il n’y a donc pratiquement plus de données perdues. Le second intérêt est que Catherine Berger, la comptable de la curie qui contrôle les comptabilités des paroisses, peut travailler sans être obligée d’attendre que les paroisses lui envoient leurs écritures sur disquette ou clé USB.

Depuis 2011, je n’ai plus à me déplacer quand il faut mettre une comptabilité de paroisse sur un nouvel ordinateur. Je le fais de chez moi, par Internet, au moyen d’un logiciel Teamviewer (acheté par le diocèse 450 €) qui  m’économise du temps et des kilomètres.

Parlons un peu d’immobilier

En 2002, un comptable stagiaire (Sylvain Tramoy) qui, depuis, est devenu notre expert comptable, a proposé à Gabriel de Marguerye de mettre sur Excel les fiches carton que Jacques Lamborot (le précédent économe) avait collationnées au sujet des propriétés diocésaines.

Plutôt que d’utiliser Excel, j’ai proposé d’utiliser Access qui est bien plus adapté à ce genre de travail.

J’ai donc écrit un logiciel que j’ai baptisé ABIME (Administration des Biens IMmobilers de l’Eglise).

Le côté insondable de ce nom en a fait sourire plus d’un.

L’enjeu d’un tel outil est de connaître notre patrimoine, de savoir d’où il vient, ce qu’il nous a coûté et de prévoir ce qu’il va nous coûter. Ce devrait être aussi un outil pour communiquer sur l’immobilier entre paroisses et curie, mais l’état de la technique ne nous a pas permis d’atteindre cet objectif avec ce logiciel. Cela sera une réalité pour la version suivante.

Depuis 2006, nous cherchions, Gabriel de Marguerye et moi, à assurer la pérennité de ce logiciel. Nous avons pris contact avec plusieurs diocèses de la région pour savoir s’ils seraient intéressés à faire réécrire l’ensemble par une entreprise de service. En effet, je suis le seul à ce jour à pouvoir intervenir sur les programmes ce qui n’est pas rassurant pour le diocèse – ma pérennité étant limitée.

En 2011, Gabriel de Marguerye a rencontré des économes (ou chargés d’immobiliers) des diocèses de la région PACA qui envisageaient de se doter d’un outil de gestion de l’immobilier.

Plutôt que de faire réécrire ABIME, nous avons défini le cahier des charges d’une application de gestion informatisée de l’immobilier. Nous avons fait un appel d’offre et avons sélectionné deux entreprises : l’une ASTECH pour fournir le logiciel et l’autre NEXTEC pour fournir l’hébergement des données. Nous avons proposé à tous les diocèses de France de se joindre à nous pour exploiter ces outils. A ce jour une cinquantaine de diocèses ont répondu positivement et vont donc progressivement adopter ce système, ce qui permettra de partager des expériences.

Revenons à la comptabilité

L’expérience menée pour l’immobilier a donné des idées : pourquoi ne pas faire la même chose pour la comptabilité et les traitements annexes : paie, denier, legs, etc. ?

Un autre groupe de travail s’est constitué (dont j’ai aussi fait partie) pour définir le cahier des charges de ce que nous envisagions.

Un appel d’offre a été lancé et nous avons sélectionné une entreprise Quadratus qui propose un ensemble de fonctions de comptabilité et de paie très performantes. Evidemment, cette entreprise n’est pas habituée à traiter des aspects propres à l’Eglise : denier, casuel, quêtes, paie des prêtres etc. Ces modules seront développés dans les mois à venir et nous pensons que, dès 2013, notre diocèse  (paroisses et curie) sera sur le nouveau système.

Lors des échanges qui ont eu lieu à l’occasion de ces deux groupes de travail, nous avons pu observer que, tant sur le plan de la comptabilité que sur celui de l’immobilier, notre situation, comparée aux autres diocèses, est plutôt satisfaisante. Nous avons fait en temps utile des efforts qui se sont avérés payants. Nous le devons à l’énergie considérable déployée par l’économe diocésain, Gabriel de Marguerye, mais aussi au fait que, dans tout le diocèse, des bénévoles ont accepté de faire un travail parfois ingrat. Que tous en soient ici remerciés.

Gérard Siraudin