Avant la réforme liturgique, la messe se célébrait en latin et « dos au peuple ». La manière de faire actuelle signifie sans doute mieux que Dieu est relation, communication de lui-même, parole offerte, paix partagée, communion avec lui et entre tous.

Avant la réforme liturgique, la messe se célébrait en latin et « dos au peuple ».
La manière de faire actuelle signifie sans doute mieux que Dieu est relation, communication de lui-même, parole offerte, paix partagée, communion avec lui et entre tous.

Le mouvement liturgique était bien amorcé dans le diocèse, comme partout ailleurs avec des propositions variables : ici les chants de Servel pour Vêpres et Complies, là ceux de la Mission de France… Jusqu’à la mise en œuvre par Paul VI de la constitution Sacrosanctum Concilium, la liturgie était intégralement en latin. Ce qui a donné lieu à cette anecdote dont je certifie l’exactitude. Je célébrais des funérailles, pour l’une des premières fois en français,  d’un ouvrier de chez Seguin.  Rentrant à l’usine après l’office, un des copains du défunt dit, très troublé, à l’ingénieur : « Monsieur, je ne comprends pas : j’ai tout compris de ce qu’a dit l’curé et je ne parle pas latin ! Alors ?  » …  On parle d’incompréhensions… de fossé culturel…

La Commission Diocésaine d’Art Sacré (CDAS) a été mise en place, le père Lucien Ray en fut l’âme, avec Mme Barnay, M. Oechslin comme architecte et des créateurs. Le père Jean Morin prit la relève.

Très vite sont venus les questions du mobilier liturgique : autel face au peuple, ce qui a généralement doublé l’encombrement du chœur des églises. Comme très – trop- souvent, on continuait à honorer de nappes, fleurs, chandeliers l’ancien autel qui ne servait  plus à la liturgie dominicale, et le sens de l’unique autel  comme cœur de l’assemblée n’a pas pris racine.

On a très souvent oublié l’importance de l’ambon et du siège de présidence qui structurent l’espace liturgique et la liturgie elle-même.

Pas toujours consultée avant les modifications, la CDAS, bien qu’ayant fait un remarquable travail, n’a pas pu toujours maîtriser des innovations de mauvaise qualité (les baptistères placés au fond de l’abside ou juste à côté de l’autel – plus de chemin catéchuménal  dans la célébration – … le tabernacle derrière l’autel, le célébrant lui tournant le dos… etc., bassine à confiture pour baptistère…etc.)

Les grandes transformations du chœur de Tournus pour recevoir le mobilier de Goudji en 2005 ont ouvert d’autres créations notables : chapelle de la Visitation, Paray, cathédrale St-Lazare (Goudji), chapelle des Clarisses (Paray) , basilique de Paray.

Contenu trop longtemps dans un ritualisme rigide qui avait perdu le sens  de la symbolique liturgique, le désir « d’adaptation » des pasteurs pour leur peuple est parfois allé… dans l’à-peu-près de prières eucharistiques « spontanées » au contenu plus copain-copain que sainement fidèle à la tradition.

Le passage à la langue du peuple a été vécu comme une vraie libération de la Parole…

Un débat sur le chant : rythmé ou pas ? Comme on a eu avalanche d’idées du mobilier, on a eu avalanche de chants dits liturgiques dont musique et paroles étaient « faciles », ce que le maître de chapelle de Dijon, Joseph Samson, avait déjà condamné dans les années 50.

Un des laboratoires liturgiques du diocèse a été le pèlerinage de juillet à Lourdes sous l’impulsion de J. Morin, avec la collaboration de Michel Scouarnec (Quimper), et l’animateur des chants Y. Bachelet,  pendant près de dix ans qui a ouvert le champ de l’inventivité dans la rigueur liturgique et le souci de la qualité. « Le foin était bon mais il était haut », disait un pèlerin après une vigile au Rosaire un  peu exigeante… Il ajoutait le lendemain : « Mais j’ai aimé tendre le cou ! »

Malgré les freins des évêques successifs, les célébrations pénitentielles, avec aveu personnel au début sont devenues, abusivement, avec “absolution collective“. Le déclin de la célébration personnelle du sacrement de la réconciliation a été patent.  En 2009/2010, le Conseil Presbytéral a engagé une réflexion qui a avorté : il faut du temps pour recevoir vraiment un concile

L’évolution dans la préparation des fiancés au sacrement du mariage a été considérable. La proposition de Lugny d’un mariage « par étapes » pour celles et ceux qui étaient sur le seuil, supposait un suivi que la mobilité croissante a rendu illusoire.  En 2012, le Conseil Presbytéral se saisit également de cette question pastorale.

L’accompagnement des familles en deuil et la conduite de la prière des funérailles par des laïcs a été possible grâce à toute une série de formations. Difficilement acceptée au début, cette pratique est maintenant admise et appréciée des familles. Reste que le renouvellement des laïcs engagés dans cette pastorale est laborieux : les retraités sont de plus en plus occupés !

Pierre Calimé, le 12 avril 2012