bezinQuelques histoires racontées par père Pierre Bezin, agrémentées de dessins humoristiques de Janpi (Branges, bierstub-infernale.over-blog.com)

Les confessions en Semaine Sainte

Fin des années 50, début des années 60, étant à Rimont adjoint à l’économe Bernard de la Bussière, les derniers jours de la Semaine Sainte, je vais aider un curé chargé de cinq paroisses. Beaucoup de gens à cette époque « faisaient leurs Pâques ». Des séances de confessions longues dans des églises froides.

Un soir, à 19 heures, confession des hommes. J’arrive ; une église mal éclairée, pleine d’hommes. Le confessionnal dans un coin sombre et presque devant un bric-à-brac de tréteaux, catafalque, agenouilloirs pour les enfants…

Je mets mon surplis et mon étole sur ma soutane et m’assois dans le confessionnal. Le premier homme qui se présente se prend les pieds dans le bric-à-brac, par des gestes désordonnés arrive à s’en sortir debout et vivant, et s’agenouille en faisant le signe de croix.

En même temps, voici ses paroles : « Vingt milliards de bons dieux de merde… Au nom du Père et du Fils et du St Esprit… ».

Et moi, jeune prêtre, je me disais : «  On a déjà du mal de croire en un seul Dieu, alors vingt milliards… »

bezin2L’Eucharistie en maison de retraités

Une personne âgée participait régulièrement à l’Eucharistie célébrée tous les quinze jours le samedi après-midi. Elle est décédée depuis une quinzaine d’années. Sur la fin de sa vie, elle était devenue totalement aveugle. Pendant la célébration, elle chantait de sa voix forte : « Je crois en Toi, mon Dieu, Maître de la nature… ». Tous les couplets. A n’importe quel moment. Je m’arrêtais, voyant d’ailleurs que cela énervait les autres participants.

Je garde une grande admiration pour sa foi. Après la communion, un jour, elle a dit de sa voix assurée une prière commençant par ces mots : « Je te remercie, mon Dieu, de la lumière que tu m’as donnée ».

Un samedi, elle n’était pas dans l’assistance. J’avais mis l’aube et l’étole ; j’étais prêt à commencer. Et par la porte entr’ouverte, je l’ai aperçue assise dans le grand salon. Je lui dis : « Madame, il y a la messe aujourd’hui ». Elle répond d’une voix forte et irritée : «  Oh ! Mais ! On m’y a pas dit ». (L’heure de la messe est affichée, mais elle est aveugle). Je l’aide à se lever de sa chaise. Elle crie : «  On m’a mis une culotte qui tient pas. Faut que je l’enlève » La culotte tombe sur ses talons. J’aide la personne à l’enlever. « Et maintenant, qu’est-ce que je vais en faire ? » Je réponds : « Madame, je la mets dans votre sac ». Et nous sommes allés bras dessus, bras dessous rejoindre l’assemblée, moi en aube et en étole. Au grand rire du personnel qui préparait la salle à manger pour le repas du soir.

Aux funérailles de René Pierre

Michel Bassard le présente, « René Pierre arrive au Paradis ; ouvrant la porte, le grand saint Pierre lui dit : « Qui êtes-vous ? Je suis l’abbé Pierre, le vrai ; car l’autre s’appelle Henri Grouès ».

bezin3Une vieille histoire de 1956.

Pierre Monveneur a quitté Rimont pour Sainte-Marguerite-Marie à Paray-le-Monial. Il demeure à la cure avec son père et sa mère. Après la Toussaint, les élèves étant en vacances, il invite les professeurs de Rimont : de 12 à 15 personnes à sa table. Au moment de changer les assiettes du beau service de la famille, nous disons à Mme Monveneur : « Laissez ! on s’en charge ». Nous avions apporté des piles d’assiettes invendables, récupérées à la faïencerie de Digoin. En faisant le service, dans le couloir, nous lâchons ces piles d’assiettes qui se cassent brusquement. De quoi causer à Mme Monveneur, dans sa cuisine, un infarctus.

L’après-midi, avant de quitter les lieux, nous avons attaché la petite sonnette de l’église au matelas de Pierre Monveneur.

En se couchant le soir, il se retrouvait dans une célébration.

Une vieille histoire de Rimont (1955 ?) qui me fut racontée

André Hubinet logeait dans une chambre du « vieux bâtiment », ayant sur la cour une porte-fenêtre. En son absence, ses collègues ont installé, chez lui, une moto ; ils mirent le moteur en marche, fermèrent la porte donnant sur le couloir, de l’intérieur, et sortirent par la porte-fenêtre. A son retour, André Hubinet se trouva devant sa porte sans pouvoir l’ouvrir, et il entendait la moto à l’intérieur….

Toujours à Rimontbezin4

Un soir, moi-même, Pierre Bezin, entrant dans ma chambre à côté du bureau de l’économat, j’ai trouvé mon lit installé en haut de deux placards pris dans un dortoir, tout juste en-dessous du plafond. Avec une échelle de cordes pour, soi-disant, monter me coucher !

Père Pierre Bezin