…Don Camillo

Un jour qu’il était parti en vacances en Provence avec quelques prêtres du Bassin minier, dont l’abbé Marmorat,  Don Camillo se trouvait dans un restaurant en compagnie de ses confrères,  incognito, je pense….

Vint le moment du fromage. Jean Marmorat avait horreur du fromage. Et Camillo, enjoué, qui savait son allergie, s’est amusé à passer sous le nez de son confrère une jatte remplie de fromage blanc à la crème.

Une fois, ça passe, deux fois, c’était déjà beaucoup… ! Au troisième passage, Jean Marmorat a vidé la jatte de fromage blanc sur la tête de Don Camillo, sous le regard interloqué des autres convives du restaurant.

Tous les Italiens résidants entre Dijon et Lyon connaissaient Don Camillo, qui était assermenté par le consulat italien pour régulariser leurs papiers.

Camillo avait le cœur sur la main : comme la plupart des prêtres avec qui il a vécu à Montceau, j’ai eu droit à ce cadeau : il m’a emmené passer une semaine dans son pays natal à Bormio. Ne connaissant pas l’italien, je restais souvent silencieux dans les repas où nous étions souvent conviés et me laissais porter par les événements.  A la gare de Turin, alors que les haut- parleurs donnaient des directives et qu’il avait été distrait, il me demandait (en français) de quoi il s’agissait dans l’annonce faite – bien entendu,  en italien… !

Il était bon vivant, avait un humour fou et aimait faire des farces. Il était impossible de rester triste en sa présence. Un jour, à la cure de Montceau,  il nous offrit du marc préparé d’avance dans des petits verres sans verser le précieux nectar en notre présence. Quand le marc a été bu, il nous a montré la bouteille… dans laquelle baignait une… vipère complètement imbibée par l’alcool !

Sans parler de ses exploits de contrebandier entre la France et l’Italie où il cachait sous sa soutane des bouteilles de champagne  et bien d’autres produits !

Malgré tant d’années en France, Camillo n’a jamais pu (ou voulu) parler un français correct : ça faisait partie de son charme. Il est inoubliable ! On ne pouvait que l’aimer.

…Jean Marmorat

L’abbé Jean Marmorat, alors vicaire à Blanzy, avait dans son groupe de catéchisme, un enfant particulièrement agité. Celui-ci  montait sur les tables, gesticulait, chahutait sans arrêt, et Jean Marmorat n’arrivait pas à la faire tenir tranquille pendant le temps du caté.

Un jour, l’abbé Marmorat – en soutane, bien sûr comme à l’époque – se rend dans la famille de ce gosse insupportable, au moment du repas de midi. Toute la famille est à table en train de manger.

 «  Bonjour Monsieur l’Abbé ! Entrez donc !

– Bonjour à tous ! »

souvenirsJean Marmorat prend la chaise qu’on lui tend et… monte sur la table au milieu des assiettes et des plats !

« Mais qu’est-ce qui vous prend Monsieur l’Abbé, ça ne va pas !…

  – Mais si, ça va très bien. Je croyais que ça se passait comme ça chez vous, puisque votre enfant, quand il vient chez moi, ne cesse de sauter sur les tables ! ».

Sur le champ, le garçon a reçu une bonne « raclée » dont il a dû se souvenir longtemps : il n’est plus jamais remonté sur les tables pendant le catéchisme de l’abbé Marmorat !

Il fallait oser ! Mais ce fut efficace !

Raconté par Jean Marmorat lui-même et  rapporté par Jean-François Arnoux

La première fois que j’ai entendu cette histoire « vraie », j’étais au petit séminaire de Rimont et c’est le père Louis Cornet qui la racontait :

 « Une dame est interpellée par une autre dame, témoin de Jéhovah, qui tente de la convaincre à un minimum de dialogue. Pour couper court voilà la réponse :

« Ma pauv’e dame ! On ne croit déjà pas à not’e religion qu’est pourtant la vraie, comment voulez-vous que j’vous écoute ! »

Jean-François Arnoux