Qu’a-t-il à voir avec l’histoire du diocèse ?

ofni1Il n’était pas dans mon intention de parler de ce « bateau » un peu particulier, conçu et réalisé à Paray-le-Monial en 1983 (il a trente ans), lorsque j’étais prêtre à la paroisse de la Basilique, missionné auprès des jeunes. Puis, en y réfléchissant d’un peu près, je me suis dit ceci : Force est de constater que trente ans après, l’OFNI continue d’être un objet fédérateur qui permet bien des rencontres, des découvertes, des moments de partage, de convivialité, voire de spiritualité. (Tous les camps que j’ai faits avec des jeunes sur ce pédalo géant commençaient par une heure de silence complet au début du pédalage… Silence où chacun mettait ce qu’il voulait, mais silence habité, préparé par une entrée progressive qui pouvait commencer simplement par la contemplation des rives, de la flore et de la faune, du clapotis des vagues… Jésus a passé beaucoup de temps sur des barques.

Au-delà de ce que je viens d’exprimer, une question m’habite, qui rejoint les évolutions évoquées dans le second chapitre de ce livre.

Autrefois, il y a cinquante ans, l’Eglise possédait tout un arsenal de propositions qui rassemblaient les gens, leur permettait de se rencontrer, de partager, de faire route ensemble, y compris des gens qui n’allaient pas à la messe le dimanche. Je veux parler des patronages, du théâtre paroissial, du ciné « du curé », de la fanfare « du curé »,  de la gymnastique, des chorales, des colonies de vacances, avec les équipes de parents pour l’entretien des locaux, des ouvroirs, des kermesses, des camps de jeunes, des voyages… et bien d’autres choses. Tout cela a pratiquement disparu.
La société civile a pris le relais de la plupart de ces activités. C’est peut-être une bonne chose ; sur certains points, c’est plus performant… en tous cas, c’est ainsi.
Moyennant quoi, il ne reste à l’Eglise à offrir plus que du spirituel et souvent du spirituel pur (la messe, l’adoration du Saint Sacrement, les études bibliques, les causeries spirituelles, le chapelet…
Reste encore le caritatif ou l’humanitaire, comme on dit aujourd’hui, pour ceux qui ont besoin de « concret » !

Ma réflexion est la suivante : nous n’en sommes pas tous au même point, et il est néfaste de proposer d’emblée « de la viande aux enfants qui n’en sont encore qu’au biberon » (traduction libre de saint Paul.)

Beaucoup de gens s’ennuient à la messe, ils n’y comprennent rien. Pour des raisons qui leur appartiennent et qui s’expliquent,  ils n’ont pas fait ou pas pu faire ce chemin d’intériorité qui laisse d’autres pendant des heures devant le tabernacle.

Mais l’intériorité et le contact avec Dieu se fait mieux chez d’autres personnes dans une marche en forêt ou avec une truelle de mortier dans la main ! Le grand saint Bernard ne disait-il pas : « Tu apprendras plus de choses de Dieu dans la contemplation des grands arbres que dans tous les livres que tu pourras lire »…

N’en tirons pas des conclusions hâtives et simplistes. Il n’en reste pas moins que certains chrétiens sont bien présents à toutes les manifestations qui demandent des coups de main, des travaux de construction ou d’entretien, des activités manuelles qui bougent et demandent de la convivialité, alors qu’ils n’aiment pas trop  venir à la messe.

Participer à ces activités, c’est sans doute leur façon de montrer qu’ils sont et se reconnaissent de la maison « Eglise » ; c’est peut-être leur façon de prier. Pourquoi les en priver pour les orienter impérativement et sans délai vers une « pratique » à laquelle ils ne sont pas prêts ? Jésus a-t-il imposé un rythme et une manière unique à « l’adoration en esprit et vérité » ?

Reconnaissons que, sans ces activités qui permettent du contact et des projets, la convivialité n’est pas le fort de nos assemblées chrétiennes. On peut passer trente ans de sa vie, le dimanche dans une église, à côté des mêmes personnes, dont on connait parfaitement le visage, mais pas le nom, ni la vie, ni les bonheurs ni les problèmes, sans jamais avoir rien partagé avec eux de la Parole de Dieu ni de notre existence…

Et je me dis : est-ce cela la messe ? Est-cela qu’a voulu Jésus-Christ… Attention, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas et qui se dit si facilement : « Il vaut mieux rendre service à son prochain que d’aller à la messe ! » Ce à quoi je réponds souvent : « Si ceux qui y vont n’y allaient pas, ils seraient bien pires ! Et si ceux qui n’y vont pas essayaient d’y aller, ils seraient bien meilleurs ! »
Mais revenons à l’OFNI : il a permis de fabuleuses rencontres, des jeunes et des adultes divers qui ont partagé leur vie et leurs questions en vissant des boulons,  et dans les temps de pause autour d’un saucisson ou d’un camembert.

Ne faudrait-il pas que notre Eglise locale retrouve des moyens plus concrets, des projets qui fédèrent au ras des pâquerettes pour rassembler ses ouailles  et qu’elle « plane » un peu moins pour permettre à l’intériorité de se frayer un passage dans le quotidien le plus simple de la vie de tous les jours : Jésus n’a pas fait que des « discours théologiques » il a souvent parlé en paraboles à des gens simples à qui il n’a jamais imposé de fastueuses cérémonies dorées et fumantes mais l’amour en acte, l’attention quotidienne à l’autre, le partage, le pardon, le service, l’adoration en esprit et vérité.

Je crois que quelque part l’OFNI a rempli  à sa manière un peu de cette mission, voilà pourquoi j’en parle ici, comme d’un signe qui semble traverser le temps, un signe que je laisse à chacun le choix d’interpréter…

Les jeunes d’aujourd’hui qui continuent à le faire vivre n’ont plus 18 ans, mais 70 ou 80 !
Venez donc voir s’ils se font tirer l’oreille pour voguer sur l’OFNI ou pour l’entretenir !
Et puis, allez donc tester cet engin un dimanche après-midi avec quelques amis…

Historique : 30 ans pour un pédalo géant nommé OFNI !

Origine de l’idée à Paray-le-Monial en août 1982

A l’époque, j’étais prêtre à Paray-le-Monial, chargé des relations avec les jeunes. A la suite d’un camp en vélo  qui nous avait conduits jusque dans les Alpes de Haute-Provence, vint la question habituelle : que faisons-nous l’an prochain ?

Et l’un des jeunes : « On est chacun sur notre selle de vélo, chacun à son rythme, surtout dans les cols… ne pourrait-on pas être sur le même engin à pédaler ensemble.. ?)
L’idée était lancée. Mais quel engin ? Sur la route, cela paraissait impossible. Mais sur l’eau, il existe des pédalos … pourquoi ne pas concevoir un engin plus grand où nous serions tous ensemble à pédaler ?

Les jeunes se sont accrochés à cette idée. Nous avons fait des projets, des dessins. Nous avons mis des parents et des adultes dans le coup. Nous avons fait part du projet à  la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports, qui nous a soutenu très vite, moralement et financièrement, en accordant d’emblée une subvention de 16.000 francs.
1982- 83 : le casse-tête administratif…

Avant de nous lancer dans la construction, et dans l’achat des matériaux, nous avons voulu rencontrer les autorités fluviales pour savoir si notre engin aurait le droit de naviguer sur les rivières et les canaux de France et de Navarre, s’il y avait « des normes » à respecter.

Et là, ce fut une autre histoire… personne ne voulant prendre la responsabilité de nous laisser le moindre espoir. Il a fallu un an de tractations, de démarches, à Montceau-les-Mines, Decize, Mâcon, Lyon, Nevers et Paris… pour n’aboutir à rien.

Comment autoriser un engin farfelu, qui n’existe pas, à côtoyer la navigation commerciale et la navigation de plaisance, avec les risques éventuels que cela comporte ?  (D’où le nom d’OFNI = Objet flottant non identifié, qui sera donné à notre future embarcation).

Puis, vint l’idée d’en parler au député de la circonscription.  Celui-ci a su plaider notre cause en haut-lieu : le ministère des Transports, qui a donné son « feu vert ».

1983-84 : La construction

ofni2A partir de là, toutes les portes se sont ouvertes et nous avons pu commencer la construction en associant au projet les deux LEP de Paray-le-Monial, pour la conception et la fabrication des pédaliers, et la chaudronnerie.

L’engin fait 10 mètres de long et 3,5 mètres de large. Il flotte grâce à deux flotteurs latéraux. (Au départ, il s’agissait de fûts de 200 litres, qui furent remplacés plus tard par des caissons en polypropylène réalisés par l’atelier de chaudronnerie plastique du lycée Julien-de-Balleure à Chalon).

L’OFNI est mu par deux roues à palettes actionnées par les pédaliers reliés entre eux par des jeux de chaînes. Il ne doit accueillir légalement que 12 personnes. 8 sont à pédaler, et une à la barre !
Le poids total en charge avoisine les 3 tonnes… C’est du costaud !ofni3

Ce fut une grande aventure : chercher un local prêté gracieusement, à proximité du canal du Centre, trouver des outils, fabriquer des établis et se coltiner à la main les coupes à 45° dans les barres de métal, sous l’œil vigilant d’adultes compétents et complices…

En y travaillant tous les mercredis, et les samedis après-midi et parfois même les dimanches, c’est une centaine de jeunes qui ont participé à la construction dont les professeurs et élèves du LEP privé du Sacré-Cœur et ceux du LEP public de Paray sous la houlette de Monsieur Dumas.

L’engin fut au point en juillet 1984 et fut inauguré en grandes pompes par l’inspecteur départemental de la jeunesse et  des sports, en présence des sponsors et de la foule de parents et d’amis avides de faire un petit tour pour tester le prototype !

1984 à 1998 : Des camps sur l’eau

ofni4Quelques jours plus tard, débutait le premier camp : Paray-le-Monial – Roanne – Paray. A l’époque, l’OFNI ne possédait pas encore de toit, et le soleil venait à la fois du ciel et de la réverbération. Deux parasols, maladroitement fixés, limitèrent les dégâts.

Mais le plus dur fut… de pédaler ! N’étant pas des spécialistes de la mécanique, ni de l’hydraulique, bien des paramètres ont été élaborés à tâtons. Ainsi il fallait faire un tour de pédale pour actionner un tour de roue, ce qui était très dur ! Heureusement, Maurice Cognard, le dessinateur veillait au grain et venait sur place remplacer  plateaux et pignons pour mieux démultiplier les efforts… !ofni5

Il reste que la vitesse de pointe ne dépasse pas les 3 ou 4 km/h !
Mais quelle ambiance !
Quelle aventure pour passer la première écluse !
Depuis, il y en a eu bien d’autres, et beaucoup d’eau a passé sous les ponts !

L’OFNI  a réjoui bien des jeunes et des familles, et suscité l’intérêt de tous ceux qui l’ont rencontré.

ofni6Les grandes aventures

De grandes aventures  ont été réalisées sur le canal du Centre, la Saône, l’Yonne, la Seille, le canal du Nivernais avec ses tunnels, le canal de Bourgogne avec sa voûte de 4 kilomètres à Pouilly en Auxois , le canal latéral à la Loire  et surtout : Chalon-Paris-Chalon en 1988, Chalon-Nancy-Chalon en 1989… exclusivement à la force des mollets ! (le moteur d’appoint n’étant
qu’ une sécurité pour la marche arrière, les manœuvres délicates, et un élément indispensable pour qu’il puisse naviguer légalement : les pédalos n’ont pas le droit de circuler sur les rivières et canaux.)

Au fil des ans, l’OFNI s’est aménagé : un toit, bien sûr, mais aussi un système de bâches pour  la nuit et de protection en cas d’orage, une cuisine « intégrée ! », un frigo, des meubles de rangement, des autres roues à palette pour augmenter l’efficacité…

Il est arrivé à certains ou certaines, de connaître sur l’OFNI, celui ou celle qui est devenu son conjoint !

Des camps et des sorties inoubliables

Depuis, une petite association (loi 1901) s’est créée pour entretenir l’OFNI et éventuellement gérer des « locations ». (Bien des associations et des particuliers de Chalon-sur-Saône  ont vogué sur l’OFNI, y compris les jeunes des maisons de quartier).

L’énorme chance est d’avoir eu un point d’attache à Chalon avec une possibilité de cale sèche sur un lieu généreusement prêté par une entreprise à proximité du chantier naval qui pouvait  assurer la mise à l’eau. Un immense merci à Gérard Vuillermet et Annick son épouse qui est toujours trésorière de l’Association.

ofni7Malheureusement, nous avons dû quitter ce lieu, suite à la vente de l’entreprise qui nous hébergeait et à la restructuration du chantier naval.

2008 : Nouveau port d’attache à Sornay

Actuellement, l’OFNI s’est trouvé un nouveau « port d’attache » à Sornay, grâce à l’appui de la municipalité et à la bienveillance du propriétaire qui nous accueille en bord de Seille au bas de Lusigny.

Le tunnel qui abrite l’engin lorsqu’il est en cale sèche a été remonté. Et une nouvelle équipe de Sornaysiens et de  San-Rémois s’est mise vaillamment au travail.

L’OFNI s’est fait une nouvelle jeunesse : réfection du toit, du plancher et aménagement de nouveaux flotteurs. Pour cela, on imagine que des appuis financiers auraient été les bienvenus.

Ceci permet comme par le passé de faire des promenades en famille sur la Seille, de permettre une découverte du tourisme fluvial et de cette partie de la Bresse, d’une manière originale et sympathique, et peut-être d’organiser des camps de jeunes comme ce fut le cas pendant vingt ans.

C’est en tous cas, un « plus » non négligeable pour la promotion  de la découverte de la Bresse et des loisirs dans la région.

ofni8C’est aussi l’occasion de « fédérer » des passionnés, autour d’un engin original,  d’une rivière, autour du bricolage, et de l’amitié !

ofni9L’OFNI, comme toutes les embarcations circulant sur les rivières et canaux, est immatriculé et enregistré sous le N° LY 12788 depuis le 14 Juin 1993.

Son utilisation, dans l’état actuel des choses, nécessite un permis bateau de catégorie C.

Notre association :  OFNI
Objet Flottant Non Identifié
Mairie – 71500 SORNAY
Personnes à contacter :

M. Buatois : 03 85 74 27 80

Nous mettrons à votre disposition notre pédalo géant avec les conditions d’utilisation.

Vous aurez le plaisir de découvrir cette belle vallée de la Seille dans le respect de la nature et de l’environnement.

En route pour l’aventure, propulsé par la seule énergie humaine, solidaire, sans pollution et sans bruit !

Comme tout le monde, la première fois que vous le verrez passer, vous direz : « C’est quoi  ça ? »

ofni10– C’est l’OFNI…  et il a 30 ans !

Et c’est encore une belle aventure !… qui n’a pas dit son dernier mot.

Jean-François Arnoux