RAYMOND Philippe

Prêtre

1949 : Né le 16 mars à Paris XVe

1987 : Zup Mâcon, résidence à Saint-Clément, ministère en monde ouvrier

1989 : Ordonné prêtre le 2 juillet

1989 : Aumônier hospice départemental

2020 : Décède le mardi 4 février

Je « roule » pour l’espérance, la solidarité, la fraternité. Je perçois que toute personne, par une rencontre, peut évoluer si elle le veut bien. « Qui me voit, voit le Père » dit conséquence de l’amour et de l’amitié.

Le monde et l’Eglise peuvent faire germer le royaume de Dieu, car nous avons un devoir de gérance sur cette terre, si nous avons la conscience et l’éducation.

Personne n’empêche personne de vivre ce qu’il croit de donner du sens à son existence personnelle et collective à la suite du Christ puisque nous sommes en Eglise.

Décès du père Philippe Raymond, prêtre ouvrier

Le père Philippe Raymond est décédé le mardi 4 février 2020 dans sa 71e année et 31 ans de sacerdoce. Ses obsèques religieuses ont été célébrées en l’église Saint-Clément à Mâcon à quatorze heures quinze, le lundi 10 février 2020. Sa famille, ses sœurs, beau-frère et belle-sœur ainsi que des représentants du diocèse d’Autun assistaient aux funérailles.

Funérailles de Philippe Raymond, le 10 février 2020
en l’église Saint-Clément de Mâcon

Présentation de sa vie : Philippe est né à Paris, dans le 15ème arrondissement, le 16 mars 1949, premier enfant de Marcel et Nicole Raymond qui en auront trois autres : Christian, Françoise et Odile.
Nos deux parents sont engagés à l’Action Catholique Ouvrière (A.C.O), notre père est un militant syndicaliste aux usines Simca de Poissy. Philippe, dès l’âge de 16 ans, travaille comme manœuvre dans le cadre de sa formation au CAP de maçon. Plus tard, il suivra des cours par correspondance pour acquérir une formation de chef de chantier.
Après avoir passé des vacances en Bourgogne, notre famille décide de quitter la région parisienne et vient s’installer en 1968 à Saint-Léger-sur-Dheune. Notre père travaille alors à Chalon-sur-Saône où il se joint à l’équipe locale d’ACO.
En 1972, un premier drame bouleverse notre famille : notre père , âgé seulement de 48 ans, décède d’un accident du travail. Philippe va aider financièrement notre mère qui a encore deux enfants scolarisés.
Quatre ans plus tard, second drame : toute la famille, se trouvant dans la voiture conduite par Philippe, est victime d’un grave accident : Nicole, notre maman, décède, Philippe et moi (Odile) sommes blessés et hospitalisés, et pour Christian et moi (Françoise) quelle épreuve !
Avec Philippe et d’autres jeunes, nous avons l’habitude, de nous réunir le samedi avec le prêtre de Saint-Léger sur-Dheune pour discuter et partager un repas.
Marie-France rejoint la famille en épousant Christian son frère.
C’est aussi par l’ACO que Philippe entre en contact avec les prêtres de la mission ouvrière, il est orienté vers une formation à Béthune durant 5 ans avec ceux qui choisissent de vivre leur service de prêtre dans le monde ouvrier. Il est ordonné diacre en 1986.
En 1989, il est ordonné prêtre à Autun, et arrive à Mâcon, à Saint-Clément, comme prêtre ouvrier. Ne trouvant pas un emploi stable, il travaille par intérim dans le bâtiment, et aussi chez des viticulteurs avant de devenir aumônier à l’hospice départemental, aujourd’hui dénommé R.D.A.S. C’est enfin comme gardien de nuit à l’accueil des Charmilles qu’il termine son activité professionnelle.
Philippe a développé une capacité de patience et d’accueil auprès de personnes très fragiles. Il a fait le choix de vivre auprès des plus pauvres et des plus vulnérables et cela pas en théorie mais dans la vraie vie.
Philippe ne manque pas de se joindre régulièrement à sa famille les dimanches dans la maison de Saint Léger et aussi lors des différentes fêtes familiales. C’est l’occasion de partager avec son frère et toute la famille sa passion pour la formule 1 et tous les sports mécaniques en général .
A sa retraite, Philippe vit très simplement un peu en ermite, mais il garde ses engagements syndicaux, les rencontres avec les équipes PO et ACO et des amis dans une association de retraités. (LSR)
Au début 2018, il est atteint par la maladie. Il fait confiance à la médecine, ne se plaint jamais, et son expérience de la souffrance lui donne plus de facilité et de douceur dans ses relations avec autrui.
Le 4 février, Philippe achève son existence terrestre à l’hôpital de Mâcon.

Article écrit par sa famille pour ses obsèques

Philippe Raymond : 1949-2020

Nous ne sommes pas là pour juger Philippe, ni pour le canoniser !.. Mais pour nous souvenir, recueillir ce que nous avons vécu de bon avec lui, et le confier au Père miséricordieux qui ouvre les bras à son fils prodigue et invite son aîné à reconnaître son frère de retour.

Avec Philippe, nous perdons le plus jeune de notre équipe de prêtres-ouvriers, emporté avant l’âge par la terrible maladie qui le rongeait depuis des mois et des mois. Nous avons déjà vu partir six de nos copains avant lui; et sans lui désormais, notre équipe  cessera pratiquement d’exister… Notre tristesse n’en est que plus grande et profonde.

C’est la fin d’une belle histoire, discrète et peu reconnue – de 45 ans dans notre diocèse, à Chalon. à Montceau, au Creusot, à Chevagny et à Mâcon, où était déjà Louis Quelin. Un engagement de prêtres et de religieux dans la vie sociale – sans du tout prétendre être les seuls ! – bien avant qu’on ne parle d’ « Eglise en sortie » avec le pape François. Une présence au quotidien, solidaire, serviable, amicale, sur des lieux de travail, dans des quartiers, au syndicat et dans des associations. Les deux questions qu’on nous y pose le plus souvent sont :

– est-ce que tu fais encore la messe ?

– et est-ce que l’évêque est d’accord ?

x x x

Personnellement c’est au petit syndicat du Bâtiment, appelé « Construction Bois » – avec Jean Aubeuf et Gilbert Corsin – que j’ai fait la connaissance de Philippe, maçon en entreprise à Chalon puis à Saint-Rémy, avant qu’il ne soit question pour lui de devenir prêtre. Je savais qu’il habitait Saint-Léger-sur-Dheune ; et qu’il avait perdu de façon tragique d’abord son père, et puis sa mère, militants ouvriers venus de la région parisienne .

Très jeune, il avait vu chez eux un des premiers prêtres-ouvriers, Joseph Robert, originaire du Creusot, rentré de captivité en Allemagne orientale. C’est sans doute pour une part ce qui a inspiré à Philippe le désir d’être prêtre de cette façon, en partageant la vie des travailleurs, comme les premiers apôtres de Jésus, pêcheurs du lac comme Pierre, ou tisserands comme Paul.

Pour nous, qui étions allés au travail en entreprise, cette vocation réalisait un grand espoir – qui prolongeait celui de la JOC –  celui que des ouvriers puissent un jour devenir eux-mêmes prêtres pour les ouvriers. Avec une formation adaptée en GFO, comme Philippe l’a fait dans le Nord, avant de venir à Mâcon comme diacre, et d’être ordonné prêtre à Autun, en juin 1989, il y a 30 ans passés !

Ce n’est pas à moi de vous dire comment il a été prêtre à Mâcon, dans les emplois qu’il a  occupés jusqu’à sa mise en retraite anticipée. Il a vécu en marge, et il a fréquenté des gens en marge. Des chrétiens  se sont même étonnés qu’il ait été ordonné prêtre. La décision initiale a été prise par le Père Le Bourgeois. Nous n’avons pas été consultés à ce sujet ; mais nous en sommes réjouis.

Je me doute bien un peu de ce qu’on peut reprocher à Philippe, mais je pense que là n’est pas – ou n’est plus – la question aujourd’hui ! Philippe a fait partie de notre équipe depuis ce jour-là, en y participant plus ou moins régulièrement à certaines périodes. Il échangeait plus volontiers ces dernières années, témoignant d’une sagesse retrouvée. Il n’aimait pas trop un programme fixé d’avance, préférant laisser la place à l’inspiration sur place… et au Saint Esprit !

Sa participation ne devait pas être évidente pour lui, vu notre grande différence d’âge, et sa difficulté personnelle d’expression, ou même de compréhension. Notre équipe a sans doute pourtant été – plus encore que l’ACO  –  sa principale communauté d’Eglise, puisque nous sommes reliés aux prêtres-ouvriers de la région et de l’ensemble du pays.

Outre les capacités éprouvées de Philippe dans le bâtiment, nous avons connu sa compétence et sa passion en informatique, son talent et son goût à conduire vite sur la route, son accueil et son soutien à ses voisins, ses colères déroutantes devant l’injustice et le pouvoir de l’argent, son souci et sa hantise des pauvres dont l’Eglise devrait être la sœur et la mère, sa foi totale à l’Evangile et au Christ à qui il a voué toute sa vie. Quelqu’un l’a dit ces jours : « Il a essayé de donner un témoignage d’une vie évangélique dans une grande simplicité de vie ».

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Philippe a été pour nous un ami sincère et fidèle qui nous manquera ! Si le mot n’était si souvent employé à tort et à travers – un frère ! C’est le mot de l’Evangile, le mot du père à son fils aîné qui estime qu’on n’a rien à lui reprocher. Pour qu’il reconnaisse celui qu’il désignait seulement comme « ton fils que voici» (15,30).

C’est curieux  – mais c’est peut-être révélateur ? – qu’on parle habituellement aussi peu de ce frère aîné. Alors que cette parabole de l’enfant prodigue, dans l’évangile de saint Luc, est précisément bâtie sur le parallèle entre les deux frères : « Un homme avait deux fils » (Lc 15,11). On ne s’accepte  frères qu’en se reconnaissant fils du même père, et / ou de la même mère. Ce sont eux qui nous en font prendre conscience.

Nous sommes donc invités à adopter l’attitude du père. Il ne laisse même pas le prodigue s’excuser : « Vite, apportez la plus belle robe, et habillez-le ! » (15,22) ; mais il rassure l’aîné que son retour ne lui fera pas tort : « Toi, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ! » (15,31)

Souvent dans l’Evangile, Jésus compare l’au-delà – ce que nous appelons « le ciel » – à un repas, et même à un festin qui rassemble beaucoup de monde, y compris « les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux » (14,22), est-il dit. C’est même pour cela que l’assemblée des chrétiens le dimanche s’appelait initialement « le Repas du Seigneur » pour renouveler la Cène du Jeudi Saint. On le dit si peu que la plupart l’ignorent ou en doutent !

En tout cas, c’est ce que nous espérons, ce que nous souhaitons, ce que nous demandons maintenant pour Philippe : « Il fallait faire la fête et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort, et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé ! » (15,32)

10 février 2020 pour l’équipe P.O.  – Eglise Saint-Clément de Mâcon – Paul Bernardin

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