Je désire exprimer ma reconnaissance à Maurice pour ce qu’il a été pour moi. Je l’ai connu en 1979 quand je suis arrivé à Cluny. J’avais 15 ans. Participant aux Scouts de France, j’ai découvert un prêtre dont la porte était ouverte.

On entrait à la cure comme dans un moulin et c’était bien. On prenait l’escalier et on arrivait dans son bureau. C’est la première chose qui m’a frappé, son accueil et son écoute. On a appris à se connaître. Il savait que j’avais besoin au cœur de mes turbulences adolescentes, de cette écoute et de cet accueil simple et gratuit. Je me rappelle l’usage non modéré de sa Gestetner que nous avons fait avec mon ami Gilles pour imprimer un premier recueil de chansons et de poèmes. Merci, Maurice, pour ce don de l’écoute et de l’accueil que tu as tant développé, comme curé de paroisse, mais aussi à l’hôpital et dans les nombreux accompagnements individuels que tu as faits.

Nous avions joie, avec beaucoup d’autres jeunes de mon âge, de nous retrouver le dimanche à la messe. On y lisait les lectures, on jouait de la musique, on chantait, on discutait beaucoup à la sortie. En 1981, Maurice m’a proposé d’aller avec un autre jeune de Cluny au Congrès eucharistique à Lourdes. C’est là que j’ai entendu l’appel à être prêtre. Je me rappelle qu’il avait mis la main à la poche pour payer ce pèlerinage, comme il l’a fait souvent pour soutenir les scouts. Merci, Maurice, d’avoir discerné en moi un désir que je ne nommais pas, de m’avoir permis de vivre des temps en Église, de m’avoir encouragé à suivre la voie du ministère presbytéral. Tu n’es pas pour tout dans ma réponse à l’appel de Dieu, mais tu n’y es pas pour rien. Tu es pour moi celui qui a ouvert la porte pour permettre ma rencontre avec Jésus Christ.

Puis tu as calmé mes désirs de séminaire, m’as conseillé, m’as orienté vers le service des vocations. Je t’ai connu, Maurice, dans ce temps où le Renouveau charismatique a renouvelé ta vie de prêtre. La louange, les prières que l’on vivait ensemble chaque semaine, étaient nourrissantes. Maurice avait une soif de Dieu, de sa proximité, un désir de faire sa volonté. Par différents chemins il a cherché à être proche de Dieu. Merci, Maurice, d’avoir laissé transparaître ton désir vrai de Dieu, de vivre dans sa communion.

J’ai eu la joie de découvrir bien plus tard, quand je suis entré au séminaire du Prado, que Maurice avait reçu sa formation au Prado et vivait cette spiritualité du Père Chevrier. En découvrant la vie d’Antoine Chevrier, je découvrais comment Maurice la vivait. Attention aux plus pauvres, que ce soient les malades ou ceux qui vivent des difficultés diverses. Je découvrais la vie simple que propose le Père Chevrier et la vie simple que Maurice a menée. Je découvrais ces phrases fortes d’Antoine Chevrier, que Maurice faisait siennes : « Jésus Christ, c’est tout ! L’ Esprit Saint, c’est tout !». C’est cet absolu qu’il a cherché, trouvé. Merci, Maurice, pour ta vie fraternelle avec nous, les prêtres du Prado, et avec tant d’hommes et de femmes.

Que s’accomplisse pour toi, dans ce passage de la mort, ton désir de rencontre avec le Seigneur. Merci pour la fécondité insoupçonnée de ta vie dont tant de personnes pourraient témoigner.

Stéphane Boyer