MARTHIEN Henri

Prêtre

1913 : Naissance au Creusot

1939 : Ordination à Autun en décembre

1941 : Vicaire à Charolles

1943 : Au Prado

1944 : Vicaire à Cluny

1945 : Aumônier de l’hôpital de Cluny

1947 : Directeur spirituel de Rimont

Il entre chez les Petits Frères du Père de Foucauld
Prêtre-ouvrier à Marseille, puis à Roubaix

1988 : Décède le 1er août à Roubaix

Issy-les-Moulineaux en 1938, au Séminaire Saint-Sulpice : tu arpentes à grands pas les allées du parc et sous ta grande pèlerine noire, Henri, tu restes le scout routier qui aime raconter sa marche vers Assise ; et moi, le « petit jeune » qui vient d’entrer en philosophie, j’aime faire parler le « théologien » que tu es, de ce diocèse d’Autun dont tu viens et auquel je voudrais me donner.

A la rentrée d’octobre 1939, plus d’Henri : tu es mobilisé pour la « drôle de guerre » et ordonné par anticipation au cours d’une permission fin décembre. Drôle de guerre, en effet, qui te laisse pour mort quelque part dans le Nord en mai 40 : ce sont les Allemands qui te relèvent et t’hospitalisent en Belgique. Aphasique, amnésique, pauvre pantin disloqué à jamais, le fringant officier de chasseurs ! Tu récupères la parole lentement, difficilement.

Vicaire à Charolles, tu dessers quelques villages aux alentours à vélo. Tu tiens le guidon de ta main valide, tu pédales d’une jambe et, sur le verglas, tu tombes une fois, deux fois, dix fois ; tu te relèves chaque fois et tu arrives, par la force de cette volonté qui, chez toi, nous a toujours laissés pantois. Mais quand tu montes en chaire – oui en ce temps-là… rien ne sort ; tu essayes, tu bégayes, deux grosses larmes roulent sur tes joues ; impuissant, tu fais de ta main gauche un grand signe de la croix et descends. Tout le monde pleure. C’est ton plus beau sermon.
1943-44, noviciat au Prado. Tu arrives à Cluny pour l’été 44 et le 11 août, après le bombardement, au cas où les Allemands forceraient le passage au Bois-Clair, tu épingles ta Légion d’Honneur sur ta soutane pour aller au devant. La seule fois de ta vie sans doute. Tu voulais t’offrir en victime.

Directeur spirituel au Petit Séminaire de Rimont, il faut t’avoir vu prier devant le Saint-Sacrement pour comprendre que tu n’attendes pas le feu vert de Monseigneur Lebrun pour rejoindre quelque part au Sahara le noviciat des Petits Frères. Au désert, seuls les anges ont dû voir bien des choses. A ton tour, tu pourras par la suite initier des postulants à Saint-Rémy-lès-Montbard.

Marseille – La Capelette 1955 : tu restes assez artiste pour installer une jolie chapelle pour la Fraternité, mais tu me fais voir aussi la misère de l’habitat ouvrier dans l’ancien hôpital de la Charité. J’aimais en toi, Henri, de saintes colères et tes indignations. Toi qui t’excitais en me commentant le Soulier de Satin, quand nous allions en août 44 demander mon ordination à Autun, tu jubiles au sortir de l’Opéra de Quat’sous en 1976 à Paris.

Roubaix, mai 68 : je vais te dire adieu avant de partir pour l’Amérique latine. Je te découvre dans ce quartier de l’Hommelet, au fond d’une cour. Je mesure le plongeon que tu as fait depuis Marseille : « Il a tellement cherché la dernière place… » disait Charles de Foucauld.

A d’autres de dire ces presque trente années d’immersion dans la vie ouvrière de Roubaix : ta vie de quartier, de prêtre-ouvrier, de militance à la C.G.T., comme au Mouvement de la Paix. Tu restes prêtre de Jésus-Christ : graisseur à la Lainière, quand tu vas d’une machine à l’autre avec ta burette, c’est aussi un peu d’huile que tu mets dans les rouages humains…

Eglise d’Autun – Père Ludovic Rebillard

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