HUBINET André

Prêtre

1922 : Né le 9 décembre à Paray-le-Monial

Elève à l’école Ozamann puis à l’ancien Lycée Lamartine

1940 : Hypokhâgne à Clermont-Ferrand

1941 : Khâgne au lycée du Parc à Lyon

1942 : Faculté de Lyon

1942 : Rentre au Grand Séminaire de Lyon

1948 : Ordonné prêtre en avril

1948 : Professeur au petit séminaire à Rimont en octobre

1962 : En résidence à la cure de Buxy

1974 : Auxiliaire pour la Vallée des Vaux

2010 : Décède le 8 mars

Lors de l’inauguration des nouveaux bâtiments de la Colombière, on avait évidemment invité le P. Troncy. Il a eu ce mot : « Je suis un dinosaure ». Je reprends le terme à mon compte. Pensez donc : j’ai connu l’avant-guerre, la IIIe République, le Front populaire de 1936.

Dans l’Eglise, le Pape Pie XI, à Autun Mgr Chassagnon. J’ai vraiment vécu une autre époque, et la fin du XXe siècle, et le début du XXIe me déroutent.

Je suis né à Paray-le-Monial, ville sainte, le 9 décembre 1922. Dimanche je termine ma 85e année. Elevé à Mâcon, j’ai connu l’école Ozanam (tenue par des professeurs prêtres), le lycée Lamartine, l’ancien bien sûr, derrière Saint-Pierre, ex-collège des Jésuites.

1940, une année d’hypokhâgne à Clermont-Ferrand, puis 1941 khâgne au lycée du Parc à Lyon. 1942 la faculté de Lyon et à Pâques 1942, le Seigneur m’a fait signe et, en pleine occupation, octobre 1942, je suis entré au Grand Séminaire, rue Saint-Antoine.

Au séminaire, nous étions bouclés. Dans l’esprit du temps, ce devait être une sorte de noviciat, calqué sur la vie monastique. Et puis c’est vrai que c’était l’occupation et qu’il valait mieux se faire oublier.

J’entends encore le bon Père Lefort à la lecture spirituelle du samedi soir : « Demain, nous aurons le règlement des dimanches ordinaires ».
Donc deux messes : 8 heures messe de communion ; 10 heures grand’messe ; 14 à 16 heures cellule ; vêpres ; re-cellule de 17 à 19 heures.
Quand je vois les diacres, et même les séminaristes courir les chemins et les paroisses, sous prétexte de stage, je me dis : « Que les temps sont changés ! ».

Le 11 avril 1948, ordination par Mgr. Lebrun à St- Pierre de Mâcon, en même temps qu’Antoine Devillard et Bernard Lescalier.
Octobre 1948 : nomination à Rimont. Avec le P. Geoffroy. Ce n’était pas la société de consommation. Nous étions coupés du monde. Pas d’auto, un gazogène pour le séminaire.
Dans le corps professoral, il y avait les anciens : les pères Bard et Caton, Barbier et Remandet. Les nouveaux : Bosser, Blondaux, Monveneur, Claude Collaudin, Marthien, Cornet, Jean Girard et moi-même. Le pédago-trust.

La plupart ne sont plus là. Nous espérons qu’ils reçoivent la récompense du bon serviteur. Bosser, Foncelle, Hermann et moi, on est toujours là. Pourquoi ?
Le P. Caton dirait : « N’est-ce pas, voyez, c’est le Bon Dieu qui le veut ». Je parle de lui, décédé en 1954. Un bon nombre d’entre vous n’était pas encore tiré du néant, existant quand même dans la pensée de Dieu, « choisis avant la création du monde ».

A Rimont, j’ai fait ce que j’ai pu, pas toujours avec succès. A 40 ans, je n’en pouvais plus. Un peu de dépression. 1962, c’était le début du Concile.
On m’a trouvé un point de chute : Marcilly, Sassangy, en résidence à la cure de Buxy. Je me suis formé sur le tas. J’ai ironisé sur les stages. Je n’en ai pas bénéficié. Catés, baptêmes, mariages, enterrements, c’était pour moi terra incognita. Au bout de douze ans, Marcel Collaudin, vicaire épiscopal, m’a demandé si j’acceptais de partir pour la Vallée des Vaux. Je me suis dit : « C’est maintenant, ou pas du tout ».

J’ai eu cette chance – le Bon Dieu m’a gâté – de résider dans de beaux pays, et des maisons agréables. Actuellement, de ma terrasse, je contemple les vignes du Mont Avril.
Je suis resté 18 ans dans la Vallée. On nous disait – on le dit encore – en prenant de l’âge, il faut laisser les responsabilités. A 70 ans, j’apprends le départ du père Henri Bonnot. Je connaissais les lieux. Je me suis dit : « C’est l’occasion à saisir ». Belle maison, église, poste, commerces, le tout à 20 mètres.

Mon statut est celui d’auxiliaire : on n’est plus responsable. C’est confortable, on n’est plus indépendant : çà l’est moins. Mais avec un bon patron, c’est très vivable. Et çà fait 15 ans que çà dure.

Usquequo ? Vous ne savez ni le jour ni l’heure. J’en fais de moins en moins. Je n’en peux plus. J’ai laissé les catés et les mariages. Baptêmes et enterrements, çà peut encore aller, mais çà me stresse. Enfin, je suis encore valide, j’ai à peu près mes idées, je peux encore conduire sans être un danger public. Alors je reste. J’assure une présence, j’ouvre l’église, je suis comme la lampe du sanctuaire.

Il me semble que je suis prêt à partir. La modernité du XXIe siècle n’est pas ma tasse de thé. Internet, portable, carte bancaire, libéralisation des mœurs, c’est affreux ! L’allongement de la vie n’est pas un progrès mais une calamité, les centenaires ne servent à rien. Pas rentables !

Non seulement je suis un dinosaure, mais un hérétique, que l’on dresse un bûcher !
Pour terminer, je vous livre la réflexion d’un prêtre africain : « En Afrique, on n’a rien, et on est gai. Ici on a tout, et on est triste ! ».

Témoignage d’André Hubinet le 3 décembre 2007 à Rimont

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