Le dimanche 1er juillet 1990, notre curé, le Père Paul Guillet, était heureux de présenter à notre évêque une église rajeunie, remise à neuf et en mesure dès lors de mieux transmettre son message à ceux qui la visiteraient ou s’y rassembleraient : beau travail dont la municipalité aussi pouvait être fière.

Le père Paul Guillet, nous l’avons connu, estimé, aimé. Lui aussi nous a profondément aimés. Après son temps passé jadis au Petit Séminaire de Rimont, puis au Grand Séminaire d’Autun, il fut ordonné prêtre aux approches de Pâques 1948 – il y a donc cinquante ans – il fit ses premiers pas dans le service presbytéral comme vicaire à Saint-Germain-du-Bois. Puis son parcours comme curé connut en quelque sorte trois phases. Une phase chalonnaise avec la charge de la paroisse de Saint-Germain-lès-Buxy, puis de Lux, Sevrey et La Charmée. Ensuite une longue phase brionnaise de 18 ans comme curé de Tançon et des paroisse avoisinantes. Et enfin la phase charolaise à Palinges et alentours.

Lorsqu’en septembre 1985, le Père Paul Guillet arriva à Palinges comme nouveau curé, les Palingeois découvrirent tout de suite un homme de contact, désireux de connaître ses paroissiens, se mêlant à la population, acceptant volontiers de partager le repas chez les uns ou les autres. Un homme direct aussi : le vicaire épiscopal l’ayant présenté aux paroissiens le dimanche de sa prise en charge, le Père Guillet, estimant superflu de revenir sur sa personne, déclara de sa voix de stentor : « Je suis envoyé vers vous par notre évêque pour annoncer l’Evangile », et allant à l’essentiel de sa mission, il commença son homélie.

On le craignait un peu. Sans détour, qu’il ait dit « oui, oui ou non, non », on savait à quoi sans tenir ! Mais voilà que son petit brin d’humour et de sourire laissait pressentir la richesse de son cœur et finalement le rendait très attachant. Quant à sa foi, elle transpirait en quelque sorte au travers de ses homélies, toujours si enrichissantes. Les paroissiens de Palinges et alentours lui manifestèrent leur profond attachement lors de la célébration de ses 40 ans de sacerdoce en septembre 1988.

Il fut notre prêtre environ neuf ans et c’est alors qu’il fut, à son corps et à son cœur défendants, contraint de cesser toute activité du fait de ce mal mystérieux dont il était atteint et après un bref séjour en maison de repos à St-Maurice-lès-Châteauneuf, amené à s’intégrer dans le peuple des malades et impotents à l’hôpital de Charolles, où combien de Palingeois, fidèles à son souvenir et attachés avec reconnaissance à sa personne, venaient lui faire de brèves et fréquentes visites.

Lors d’une brève visite que je lui fis début avril, j’évoquais, non sans quelque gêne, notre commun jubilé presbytéral, lui disant à peu près ceci : « Voici la Semaine Sainte… Pâques… et nos cinquante ans de sacerdoce. Nous vivrons cela comme nous pourrons, mais en actions de grâce et, de toutes façons, en prêtres ». C’était le Mercredi Saint. Alors, avec une ébauche de sourire, fermement , il répondit « oui ». Cet échange lui avait permis de l’exprimer, et très nettement c’était à « un autre » qu’il venait de l’adresser.

Aujourd’hui nous l’entourons tous de notre respectueuse et reconnaissante amitié. Nous prions pour celui qui, ayant été notre prêtre, a voulu que demeure en quelque sorte sa présence au milieu de nous. Et merci à vous tous d’être venus si nombreux et de rester fidèles à sa mémoire.

Eglise d’Autun – Père Antoine de Croix