Ce que je voudrais dire au nom de tous les prêtres qui t’ont connu, et spécialement de ceux avec lesquels tu as travaillé, c’est que tous, nous t’aimions beaucoup.

Rassure-toi, je ne veux pas faire la litanie de tes louanges. Tu n’aimerais pas ça : tu appréciais la discrétion, tout en étant accueillant et cordial. Tu savais écouter, et le moment venu, porter un bon jugement et donner de bons conseils… Au sein d’une équipe de prêtres, dont les « sensibilités » étaient différentes, voire même souvent divergentes, on appréciait ta pondération et ton esprit de synthèse… Ce que tu écrivais dans le bulletin « Bresse-Nord » était toujours bien pensé, bien exprimé, apprécié.

L’excellente santé que tu avais au départ s’est malheureusement peu à peu détériorée… et sans que tu te plaignes, on devinait que tu souffrais. Tu as beaucoup souffert physiquement et moralement. Il est dur de traverser la maladie. Tu as lutté avec courage, avec acharnement, au travers des interventions chirurgicales et des soins de rééducation.

Tu aimais tellement tes paroissiens et ton ministère, que tu es allé, je dirais… scrupuleusement, jusqu’à l’extrême-limite de tes forces. Ce fut très dur pour toi de prendre la décision de partir. Ensuite, tu as accepté… et offert… et ta mort ne t’a pas surpris, mais… sauvé.

Au début de l’année 1977, j’étais allé te demander quelques conseils musicaux… Tu m’as donné un exemplaire de la revue « Eglise qui chante »…
A 13 ans d’intervalle, était-ce prémonitoire pour toi et pour moi… Dieu le sait… et pourquoi pas ?… Ce numéro était consacré à la célébration des funérailles. En deuxième page, se trouvait un article de Didier Rimaud, un de nos confrères poète et parolier de beaucoup de nos chants d’église. Le texte en question est intitulé : « S’il vous plaît, quand je serai mort… ».

Il me semble que tu me demandes de le lire pour toi.

Eglise d’Autun – Père Michel Bassard

S’il vous plaît, quand je serai mort, et que, très gentiment, avec l’air un peu triste, vous viendrez à l’église où je serai étendu de tout mon long. Tiens, c’est vrai, comme au jour de mon ordination ! mais c’était la face contre terre, et non pas sur le dos, comme aujourd’hui et comme au jour de mon Baptême, tourné vers Dieu qui est au ciel ! – S’il vous plaît, n’ayez pas peur des mots que l’on n’ose plus dire. Ce n’est pas vous, après tout, qui êtes intéressés, ni votre sort, pour le moment, qui est en jeu… Alors n’ayez pas peur du mot « pêché » !

Ne dites pas tous ceux que j’ai commis, c’est sûr ! Mais demandez bien que je sois pardonné et qu’on me mette au nombre des pêcheurs qui sont les seuls à pouvoir être sauvés. N’ayez pas peur du mot « Enfer » ! Ne dites pas pourquoi je l’ai tant mérité, comme tout un chacun, peut-être, mais demandez à Dieu de m’en barrer l’entrée avec les bras de Jésus Christ qui est ressuscité pour que je n’aille pas à cette damnation.

N’ayez pas peur de passer pour crédules ! Appelez bien mon Ange, celui que j’avais pour gardien, et tous les autres avec lui, et la Vierge Marie ma Mère, et mon patron dans le ciel : ils ne seront pas trop nombreux pour mener en moi le terrible combat contre l’antique serpent, – n’ayez pas peur de le nommer – celui qu’on nomme « Diable et Satan », le Séducteur du monde entier !

Et si j’étais évêque ou pape, roi, général ou président, n’oubliez pas devant ces titres de prier Dieu d’avoir pitié !

Didier Rimaud