FERNEZ Jean-Marie

Prêtre

1920 : Né le 30 novembre à Tournus

1945 : Ordonné prêtre le 1er Juillet

1946 : Vicaire à Saint-Eugène du Creusot

1949 : Curé de Simandre et vicaire économe d’Ormes

1953 : Aumônier diocésain JAC-JACF pour la Bresse et le Mâconnais

1957 : Curé de Chapaize et vicaire économe de Bray Chissey, Bissy-sous-Uxelles et chargé du secteur d’Action Catholique Rurale du Clunysois.

1972 : Responsable du secteur de Cluny

1989 : Aumônier de l’hôpital de Bergesserin

1997 : Décède accidentellement le 9 mars

Dramatique nouvelle qu’un coup de téléphone est venu m’apporter dimanche soir : mon grand ami, Jean-Marie Fernez, victime d’un accident de la route imparable, venait de quitter ce monde. Notre amitié datait du milieu des années 1950 où il fut nommé à Autun aumônier diocésain de la jeunesse rurale. Son bureau était contigu au mien à la Direction des œuvres ; il est vrai qu’il passait plus de temps sur les routes qu’à son bureau.

Depuis que nous avions noué cette amitié, nous prenions chaque année des vacances ensemble et durant de longues années nous avons constitué avec Louis Bouard et Pierre Bouthière, la « bande des quatre », fidèles au fameux « congrès » qui n’avait de congrès que le nom. J’évoquerai aussi la rencontre annuelle des anciens aumôniers d’Action Catholique à Bray, rencontre intitulée dans notre jargon « repas des grenouilles », car c’était le plat quasi-habituel du joyeux repas, confectionné par notre hôte, fin cuisinier s’il en était.

Lorsque j’évoque son visage, je pense d’abord à la joie communicative qui émanait de lui. Nous n’étions pas avares de bons mots, de contrepèteries et ses homériques crises de fou rire, plus silencieuses qu’éclatantes d’ailleurs, étaient contagieuses pour son entourage. Jean-Marie était un conteur remarquable, à la renommée diocésaine et même au-delà. Combien de fois l’avons-nous obligé à raconter de nouveau pour notre plaisir le discours de mariage de Monsieur le Maire ou le sermon sur les présents des trois rois mages.

Je vous prends à témoin, vous ses confrères, vous sa belle-soeur, vous ses innombrables amis du Clunysois, de l’Office des forêts, de Simandre, du Creusot, de Bergesserin, de tout le monde rural (et j’en oublie), je vous prends à témoin de ce qui a caractérisé sa vie entière, à savoir sa charité fraternelle, son esprit de service, « super », comme disent les jeunes ! Invité chez quelqu’un, une force invincible le soulevait de sa chaise pendant le repas pour donner un coup de main à la cuisine ou aux serveurs. Sur la route, lorsqu’il rencontrait un inconnu en panne, il s’arrêtait automatiquement pour le dépanner, même s’il devait de ce fait arriver très en retard à la rencontre où on l’attendait. Sa compétence était quasi universelle : que de services a-t-il rendus à ceux qu’il visitait !

Mais je voudrais insister surtout sur sa vie de prêtre du Christ. D’abord un témoignage évangélique de pauvreté ! Je n’ai jamais rencontré un prêtre vivant plus pauvrement que lui ; volontairement, il s’était refusé, dans ce qui lui servait de cure à Bray, toutes les commodités que la vie modernes procure à quiconque, il vivait comme il y a 60 ans dans les familles les plus pauvres.

Jean-Marie exerçait son ministère dans un réseau permanent de relations et de contacts amicaux avec tous, chrétiens ou pas chrétiens. Sa pastorale était une pastorale évangélique de proximité, d’oubli de soi quotidien, d’ouverture sur le monde, imprégné qu’il était de la doctrine de Vatican II et de l’aggiornamento qui découlait de ses décrets. Jusqu’à sa retraite, il fut prêtre-ouvrier à l’office National des Forêts ; il était associé aux prêtres de la Mission de France et la veille de sa mort encore, il participait à la réunion des associés, à la Roche Vineuse.
Tout cela ne l’empêchait pas d’être en même temps chargé de huit communes rurales du clusynois – je dis « communes » et non « paroisses » car il n’utilisait pas les termes ecclésiastiques. C’était, si l’on peut dire, un homme d’Evangile plus que d’Église, refusant tous ce qui risquait de donner à son travail apostolique un style clérical.

Depuis qu’il avait pris sa retraite professionnelle, il assurait l’aumônerie de la maison de cure de Bergesserin, et deux fois par semaine, il passait de longues heures à la visite des malades.
Mais son charisme, depuis le Séminaire, c’était l’apostolat auprès des enfants. Misant sur la Providence plus que sur les provisions, il organisait des colonies, des camps de vacances. Il captivait les enfants qui ne juraient que par lui et il leur apprenait à vivre du Christ. Spécialiste du ramassage avec son petit car, il rassemblait les enfants de ses communes et nul ne s’ennuyait au catéchisme, lorsqu’il était présent. D’ailleurs les enfants aimaient aussi les confitures qu’il fabriquait pour leur goûter.

J’achèverai en soulignant la profondeur de sa culture spirituelle : c’était un homme de la Bible, de la théologie, de la prière. Pendant nos vacances, je l’admirais disant son Office, lorsqu’il avait achevé la vaisselle du repas, qu’il revendiquait comme sa tâche propre !

Cher Jean-Marie, te voici maintenant sur l’autre rive, Tu as merveilleusement servi le Christ sur terre et tu nous dis sûrement : soyez dans la joie, rendez au Seigneur, même si vous souffrez de mon départ trop brutal. Dieu m’a comblé, ma récompense est grande dans les cieux.

Église d’Autun – Père René Dargaud

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