C’était un intellectuel, profondément humain. Il était près des gens, près des prêtres. Il avait le sens de l’Evangile et suivait l’évolution du monde moderne. Il cherchait toujours comment appliquer l’Evangile au monde contemporain. Il savait parler simplement et se faire comprendre. Je crois qu’il aimait les gens de l’intérieur.

C’était un homme très discret. Il acceptait sa situation de malade. S’il ne parlait pas, il lui arrivait de chanter quand le Père Roberjot célébrait la messe dans sa chambre.

Père Joseph Rzegocki, aumônier de l’hôpital de Chalon et ami d’Emile

Emile, depuis 50 ans qu’on se connaît, je peux témoigner que ta vie d’homme, ta foi de chrétien, ton ministère de prêtre intimement unis se nourrissaient et s’enrichissaient l’un par l’autre.
Que ce soit ton amour du beau et du vrai ou ton désir de faire découvrir Jésus Christ à la liberté des jeunes lycéens dans le scrupuleux respect de la laïcité, que ce soit ta volonté de faire grandir l’Eglise dans le respect des personnes, dans le cadre de ta mission de vicaire épiscopal, que ce soit dans la responsabilité d’ouvrir les communautés chrétiennes du diocèse à une solidarité sans limites et sans frontières, que ce soit dans le discernement et l’accompagnement des jeunes vers le ministère presbytéral, tout cela, tu l’as vécu dans des lieux divers, dans lesquels tu étais à l’aise mais jamais installé, et jamais vraiment chez toi.

Tu t’es enfin posé dans ce qui est et restera ton vrai chez toi, cette communauté humaine et chrétienne de Châtenoy, ouverte aujourd’hui à bien plus large qu’elle-même. Dans cette communauté, tu as vécu, prêché, servi et souffert. Tu as, si souvent ces dernières années, de ton fauteuil de malade, silencieusement concélébré l’Eucharistie du dimanche, ici. C’est le souvenir le plus fort que je garderai de toi, signe de l’unification de ta vie dont je parlais en commençant.

Il y a plus de trente ans, tu terminais l’homélie de l’enterrement de ma mère en disant que l’on se retrouve un jour petit enfant dans les bras de son Dieu, et l’on baigne alors dans la délicatesse de l’amour, dans la paix et dans la joie. Laminé par la maladie, réduit à la dépendance et au silence, tu l’es devenu, avant l’heure, petit enfant dans les bras de ton Dieu. Tu nous introduis ainsi ce soir dans la contemplation de cette merveille grâce à laquelle nous ne pouvons désespérer ni de Dieu, ni des hommes. Permets-nous, devant toi et avec toi ce soir, de faire action de grâces pour les merveilles que Dieu a faites par toi et en toi.

Eglise d’Autun – Gérard Godot