J’ai beaucoup connu le Père Dugas. Nos pas se croi-saient dans les couloirs où sur le chemin de l’évêché. Nous avons quelque temps habité sous le même toit au Pavillon de la Maison Saint-Antoine. Alain Dugas était pudique. Il n’aimait pas parler de lui. Il portait à l’Église un attachement viscéral.

Homme de foi et de traditions, il souffrait comme d’une blessure personnelle des conflits et divisions du monde catholique. Il avait un culte émouvant du mystère de la Sainte Trinité. Il y voyait à juste titre la Source et le Terme. Ses connaissances théologiques très pertinentes lui permettaient d’analyser les courants de pensée contemporains.

Curieux et particulièrement ouvert à l’Orient, il fréquentait assidûment les bouddhistes de Plaige dont il admirait la spiritualité. Formé à la « manière » bénédictine, il avait aussi de nombreux liens avec l’Abbaye de la Pierre-qui-Vire. Il eût volontiers fait un moine tant sa soif de silence et de méditation creusait en lui un chemin d’exigence. Mais il gardait aussi très fort la nostalgie du ministère paroissial et parlait avec émotion des fidèles de Cortevaix.

Au croisement d’une double exigence, celle du contemplatif et celle du pasteur en plein vent, il avait souvent du mal à unifier sa vie. Depuis de nombreuses années, il avait engagé le meilleur de son cœur dans l’écoute et le service de ses frères handicapés. Il s’est passionné pour la maison et la chapelle de la Molle à Laizy. Il a voulu finir ses jours dans ce cadre, au milieu de ses amis.

Il m’a fallu beaucoup de temps pour entrer en dialogue avec le Père Dugas. Ceux qui l’ont connu superficiellement ont cru trop vite qu’il montrait de l’indifférence ou de la morgue. J’ai la conviction que ce cœur blessé qui savait si bien cacher sa plaie à trouvé auprès du Cœur de Jésus le repos auquel il aspirait avec ardeur.

Église d’Autun – Georges Auduc