Lorsqu’il fut question de construire un lieu de culte à la Brièrette, quartier excentré de Digoin où vivait une nombreuse population ouvrière en majorité étrangère, avec beaucoup d’enfants, Georges Duchassin fut sollicité pour ce nouveau et difficile travail : fonder une paroisse. Il accepta courageusement, non pas qu’il se sentit d’emblée les qualités d’un fondateur mais bien plutôt par souci d’obéissance, lisant dans la proposition de son évêque, un dessein de la Providence.

Il s’installa tant bien que mal et se mit au plus vite à la tâche. Les plans furent confiés à un architecte de Digoin à qui il demanda une église digne de ce nom, proportionnée à la population du quartier telle qu’il la voyait dans un proche avenir. Cette église serait en béton armé, la première du genre dans le diocèse. Il fallait d’urgence penser aux ressources qui permettraient de financer la construction.

Volontiers, il acceptait de se déplacer pour faire connaître l’œuvre qu’il entreprenait mais bien vite, il voulut associer les bénéficiaires de son énorme travail, en particulier les jeunes, à ses recherches financières. Ensemble ils décidèrent de recourir au cinéma ambulant, d’abord avec un seul appareil, puis avec plusieurs confiés à des équipes compétentes. Chaque soir on partait dans les paroisses environnantes ou au loin, afin de rapporter de quoi régler les factures qui s’empilaient sur le bureau. La fatigue du Père Duchassin était à l’échelle de ses soucis mais sa robuste constitution lui permettait de faire face. La guerre vint compliquer encore son existence déjà bien agitée, des grèves aussi ! Et le grand bâtiment montait, et déjà ressemblait à une église !

Son « presbytère », lui, continuait à accueillir… les jeunes surtout qui s’étaient mis si généreusement à sa disposition. Ensemble on réfléchissait, on priait, on organisait les tournées rendues de plus en plus difficiles. On confiait tout : soucis, travaux, tournées à sainte Bernadette, choisie comme patronne de la nouvelle paroisse ; l’humble confidente de la Vierge à Lourdes avait connu, de son coté, bien des difficultés, pour être fidèle au message qu’elle avait reçu pour les autres. Le choix de ce patronage pour la nouvelle église de Digoin, exprimait fort bien la dévotion du pasteur envers Marie, la maman de Celui pour qui il travaillait de toutes ses forces !…

Église d’Autun – Eugène Arnoud