DONATO Umberto

Prêtre

1942 : Naissance le 30 janvier à Rome

1971 : Ordonné prêtre le 26 juin

1971 : Chargé de la pastorale en monde ouvrier à l’équipe de Gueugnon

1972 : Membre de l’équipe sacerdotale de Saint-Vincent à Mâcon

1973 : Aumônier scolaire de Mâcon

1978 : Entre au comité diocésain des pèlerinages et réside à Lugny

1981 : Adjoint du directeur des pèlerinages à Rome

1986 : Décède d’un cancer le 24 mars

Il est souvent trop tard pour reconnaître vraiment ceux avec qui nous vivons, même proches. La pudeur, la réserve, la discrétion, même sous l’apparente décontraction nous joue des tours que l’on regrette. Nous a fait manquer des occasions de rencontre plus forte, plus profonde. On se dit qu’on a bien le temps, que demain brillera encore. Et demain ne brillera plus.
Alors, comme les disciples d’Emmaüs, on parle au passé : « Et nous nous espérions… ». Alors, comme les disciples d’Emmaüs, nous nous racontons les souvenirs. Nous parlons, pour tuer le silence. Nous nous souvenons, pour combler l’absence. Et nous nous blessons nous-mêmes en nous réfugiant dans le passé.

Jésus nous propose une autre démarche : s’il parle des événements de Jérusalem avec les disciples d’Emmaüs, c’est en marchant avec eux, sur une route. La route, Umberto savait ce que cela voulait dire. C’était son cloître et son église. Les gens du voyage étaient son peuple. Avec eux, il entendait bien être sans cesse déraciné, sortir de soi et de ses habitudes. Quand il conduisait des groupes à Rome ou ailleurs, ce n’était pas d’abord et encore moins seulement pour voir des monuments plus ou moins vénérables. Il conduisait à la rencontre d’autres hommes, d’autres temps, d’autres cultures, d’autres religions…

Oui, la route était son cloître et son église. Oui, les gens de la route étaient sa paroisse. Oui, Umberto était prêtre d’un Christ qui marche sur les chemins, sans bagage, avec la seule force de son amitié largement proposée à qui veut bien faire quelques pas avec Lui. Et les pas qu’il proposait de faire n’allaient pas seulement du Forum au Vatican. La route qu’il suggérait allait de la vie quotidienne au Christ Jésus. N’est-ce pas la seule route qui importe ?

Il avait appris d’expérience qu’un jeune homme peut aller de l’usine où il travaille au service de ses frères dans le sacerdoce. Il avait repris le chemin de l’école et ce ne fut pas tous les jours facile. Mais il traçait un chemin, spirituel celui-là, qui pourrait sans doute donner à rêver aux jeunes qu’il a rencontrés depuis.

Ce qui va faire changer les disciples d’Emmaüs, c’est une rencontre. Cet inconnu qui les rejoint et qui questionne. Ils sentent avec étonnement d’abord, puis avec avidité que cet inconnu-là les a compris dans leur détresse, qu’il les rejoint dans leur désolation. Alors ils jettent en Lui leur confiance. Ils boivent littéralement la Parole de cet homme qui leur rompt les mots de l’Ecriture avant de leur rompre le pain. Alors, devant une telle libéralité, ils Le reconnaissent : c’est le Christ, à n’en plus douter. C’est le Christ Ressuscité.
Il y a en Umberto quelque chose de cette libéralité, de cette généreuse attention à la peine des autres, à leur inquiétude grande ou petite. Son souci, en pèlerinage, mais aussi avant comme après de rompre la Parole de Dieu, de clarifier les sources, de débroussailler le chemin.

Combien ici ont fait l’expérience qu’avec lui un pèlerinage se préparait avant de se vivre et se poursuivait après l’avoir vécu, par la fréquentation de l’Evangile, par la vie en Eglise. Combien ont été étonnés des innombrables amitiés d’Umberto à travers tant de pays divers. A croire que la terre qu’il connaissait et qu’il nous partageait était peuplée d’amis. Don de sa nature, sans doute. Mais aussi fruit de sa méditation du Christ, l’Homme vulnérable, le Dieu de compassion, l’ami des hommes…

Enfin, Umberto a pris un dernier chemin. L’homme d’action, le décideur pour qui rien n’était un problème, mais seulement une question à résoudre, a dû apprendre l’inaction, le renoncement. Là encore, où donc a-t-il puisé cette douce énergie qui, jamais, ne l’a fait se plaindre ? Sinon pour dire, très rarement : « C’est long ! ». Le Christ, Parole de Dieu, s’est tu devant ses juges. « Et il ne disait pas un seul mot ».

Ces derniers mois c’était moins le prêtre qui vivait sa souffrance que le croyant discret qui épousait la croix de son Seigneur.

Lors des funérailles d’un autre prêtre, voici longtemps déjà, un journaliste me disait : « Habituellement les mots ne vous manquent pas. Aujourd’hui vous avez la résurrection difficile ». C’est vrai. Célibataires par vocation, nous ne sommes pas atteints dans notre chair ni dans notre sang. Notre fraternité n’en est pas moins profonde. Elle peine, comme celle de tous. Oui, nous avons, nous aussi la résurrection difficile. Il faut toute la folie de la Foi, toute l’audace de l’Espérance pour oser dire, avec l’Esprit Saint : « Seigneur conduis-nous, par ta Passion et ta croix jusqu’à la gloire de Ta résurrection ».

Eglise d’Autun – Père Pierre Calimé

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