J’ai renoncé à l’exigence de la solitude liée au ministère de prêtre pour fonder une famille mais je n’ai jamais cessé de regarder notre monde avec des yeux de croyant. Il y a souvent autour de nous, comme là où je vis, des esprits décevants qui pourraient me faire douter que l’humanité est sauvée. Il y a aussi des êtres d’excellence qui apportent à leurs contemporains des bienfaits dans lesquels le croyant que je suis ne peut s’empêcher de rechercher la trace de l’action de Dieu.

Mon regard sur l’Eglise est aussi celui d’un croyant conscient des lacunes dont elle fait preuve mais j’espère toujours dans cette promesse de Dieu qui la constitue. L’Eglise me semble aujourd’hui astreinte à la modestie et au silence. Elle avance, discrète, au cœur d’un Occident devenu hâtivement amnésique de Dieu. Notre société a oublié ses racines judéo-chrétiennes, elle a tourné la page pour autre chose. Pourquoi ne pas regarder cette mutation comme un changement missionnaire ? La société a su s’approprier les responsabilités que l’Eglise assumait jadis (développement des sciences, enseignement des jeunes, soin des malades, aide aux plus pauvres). Dieu déplacerait-il alors l’Eglise afin de lui donner de jouer au cœur du monde un rôle inédit dans l’avenir ?