Nous désirons toujours voir l’invisible… Il semble que ce soit un besoin de notre nature…Nous voulons surtout aller au-delà des apparences.

En ce début d’avril 1984, c’était la première fois que je me rendais sur ce haut-lieu où est située l’église de Jully : pour y accueillir la dépouille mortelle d’André Contassot.

Et là, j’ai pu entrer dans sa vision de pasteur, avoir ce regard qu’il portait soir et matin sur son territoire pastoral. Á l’Orient, la chapelle de Ponneau avec tout autour, les bois et les bêtes blanches devenues sans pasteur depuis qu’on les a rendues prisonnières de leurs clôtures ; au couchant, le vignoble de Saint-Vallerin, sous la protection de la Vierge, érigée sur la montagne, une Madone à qui l’on demande d’être là pour protéger la récolte, lui donner sa qualité, assurer les débouchés…

Jully et St-Vallerin, c’était bien la Galilée… En tout cas, c’était bien loin de Jérusalem.

Et voici que leur curé s’en est allé à Jérusalem pour y mourir ! Le Christ n’a pas voulu rester dans son tombeau à Jérusalem. Il a fixé à ses apôtres un rendez-vous en Galilée. André Contassot, lui aussi est revenu dans sa Galilée. Mais à son retour, aux yeux de ses paroissiens, ce n’était plus le même.

Et pour la cérémonie des adieux, l’église de Jully était bien trop petite pour accueillir tous ses paroissiens qui jouaient aux fantômes chaque dimanche. Ce jour-là, ils étaient bien 144.000… Et puis, il y avait la présence de l’Ancien (notre évêque) et de son adjoint ( comme disent les gens), et tout autour ils étaient vingt-quatre en robes blanches : ce n’était pas leur vêtement de tous les jours, ils avaient mis leur robe de fête… et tout le conseil municipal était là au grand complet… et l’Église qui chantait et qui faisait prier, c’était l’Église bien vivante de Buxy…
Nous, curés, qui avons mis nos pas dans les pas du Christ, nous écrivons chacun notre Évangile, et entre nous, nous parlons de nos pharisiens et de nos saintes femmes. André Contassot a mis un point final à son « Histoire Sainte » et à son « Évangile selon saint André ».

Dans la presse locale on a déjà écrit que le curé de Jully et de St-Vallerin , c’était un saint. En revenant de Jérusalem, il était entré directement dans la légende des saints. A n’en pas douter, il est sûrement sur le chemin du Paradis.

Je ne lui souhaite pas « Bon Voyage » car j’ai la certitude que, sans avoir besoin de recourir à «Mondiale Assistance» il a déjà fait son entrée dans la Jérusalem d’en-haut.

Église d’Autun – Henri Bonnot