BRIVET Pierre

Prêtre

1924 : Naissance le 13 octobre à Auxerre

1949 : Ordination le samedi de la Passion 2 avril

1949 : Vicaire à Mervans

1951 : Prêtre à la paroisse Saint-Henri du Creusot se consacre au service des jeunes, de la J.O.C.

1966 : Curé de Saint-Pantaléon

1970 : Curé de Saint-Jean-des-Vignes à Chalon

1981 : Décéde le 22 novembre

Notre ami Pierre Brivet a demandé explicitement qu’au cours de ses funérailles, on ne parle pas de lui. C’est une volonté que nous respecterons. Il ne peut empêcher d’ailleurs que nous tous qui avons été ou ses parents ou ses frères dans le sacerdoce ou ses paroissiens, nous ne retrouvions bien des moments de son existence dans la meilleure des mémoires qui est celle du cœur.
Il a souhaité au contraire que, réunis près de lui, nous nous redisions ensemble ce qu’est un prêtre. Il n’est pas tellement facile de parler du prêtre. Vous le faites entre vous, vous en dites du bien ou du mal. La télévision nous en apporte parfois des images flatteuses ou attristantes. Nous-mêmes, prêtres, tout en nous sentant très proches les uns des autres, nous n’ignorons pas nos différences : tel est prêtre en paroisse, tel aumônier de groupe de jeunes ou d’adultes, tel prêtre ouvrier… Pourquoi ? C’est qu’en effet le prêtre est à la fois lui-même et le signe d’autre chose, homme mais aussi témoin privilégié de Dieu. Regardons de plus près.

C’est un homme : il a sa famille à laquelle il est souvent d’autant plus attaché qu’il ne fonde pas de foyer, ses racines dans un milieu social – et il y a des prêtres issus de toutes les classes de la société. Le prêtre a ses défauts et ses qualités : il peut être plus ou moins intelligent, plus ou moins spontanément aimable, entreprenant ou timide.

Tout comme chacun d’entre nous, c’est un chrétien. Au jour des décisions qui engage la vie, très jeune encore ou exerçant un métier, il a choisi de se donner à Dieu et à ses frères. Sans doute ce devrait être l’idéal de tout chrétien, mais le prêtre choisit de le faire en exerçant un rôle particulier. On a pu l’appeler « permanent de l’évangile ». Sa décision s’est murie peu à peu. Elle est devenue irrévocable par l’ordination sacerdotale. Mais le prêtre devra souvent la renouveler parce que, comme tout homme, il sait la fragilité des engagements. Le voici désormais en lien particulier avec les hommes ses frères et avec Dieu. Pour tous les hommes, il devient serviteur à l’image du Christ, disponible à tous, sachant écouter et accompagner. Plusieurs d’entre vous savent ce qu’ils doivent à l’amitié attentive d’un homme comme Pierre Brivet. Le prêtre marque aussi les étapes de la vie chrétienne par les sacrements : baptême, eucharistie, mariage ou encore par cette prière suprême qui accompagne les mourants et les morts.

Mais la vie selon l’évangile n’est pas seulement affaire de sacrements. Elle est service des hommes et le prêtre doit rappeler à temps et à contretemps les exigences de l’évangile au bénéfice des préférés du Seigneur, les petits et les délaissés. Il doit être, pour reprendre un mot du Pape Paul VI, « la voix des injustices sans voix », et pour cela il faut s’exposer, savoir prendre des risques. Je pense par exemple à Monseigneur Romero, évêque du Salvador, dont la grande voix qui s’élevait en faveur des pauvres ne s’est éteinte que dans le sang au pied même de l’autel. Et si l’on a parlé de lui, nous savons que bien d’autres encore, à travers bien des pays du monde, vivent cette étrange béatitude « Bienheureux ceux qui sont persécutés pour la justice ». Nous autres, au milieu de vous, nous ne sommes pas jusqu’à maintenant des martyrs sanglants, même si notre histoire nationale n’en a pas manqué. Mais nous voulons au moins être ces témoins.
Ce qui donne un caractère particulier à la mission du prêtre, c’est qu’il l’exerce en lien étroit avec Jésus Christ. Pour reprendre une expression familière et dont on a parfois abusé, il est « homme de Dieu ». Homme, oui, nous l’avons dit. Mais aussi à sa manière lien entre les hommes et Dieu : sa prière est pour vous. Pour vous, les sacrements qu’il célèbre. Il joue un rôle particulier dans l’eucharistie, la messe où, au nom de tous les chrétiens mais mandaté spécialement par l’ Eglise, il rend grâces à Dieu, rejoint Jésus Christ dans l’acte même de sa mort et de sa résurrection qui sont le signe de l’alliance d’amour que Dieu a signée avec nous.

Le prêtre est-il heureux ? Bien fermement, je réponds oui. Bien sûr, il y en aura toujours quelques-uns qui souffrent parce qu’ils se sont trompés de route – d’autres qui ont un tempérament chagrin – certains que les échecs et les incompréhensions ont aigri. Mais quelle joie pour la plupart de nouer des liens d’amitié, de servir les pauvres, de donner un sens à la vie de ceux qui cherchent. Il y a 47 ans que je suis prêtre. J’ai connu comme vous tous des heures difficiles, des heures de doute, de solitude aussi, mais j’ose dire, comme une voix bien connue, « je ne regrette rien »…

C’est pourquoi je souhaite particulièrement, en cette époque où les prêtres sont de moins en moins nombreux et parfois disparaissent dans la force de l’âge, que de jeunes hommes comprennent qu’un tel service mérite d’être vécu.

J’évoque un dernier souvenir. Celui d’un vieux prêtre breton fêtant 50 ans de sacerdoce. Tout jeune prêtre il avait assisté, à ses dernières heures, un vieux mécréant, comme on dit, qui voulait se réconcilier avec Dieu. Le dernier regard du vieil homme fut pour le jeune prêtre. Ses derniers mots : « Vous, l’abbé, je ne vous oublierai jamais ». Et ces mots étaient restés comme un soleil sur la longue route que représentent 50 ans de sacerdoce.

Plusieurs ici peuvent dire ce soir, « Pierre Brivet je ne vous oublierai jamais ».

Eglise d’Autun – Mgr Armand Le Bourgeois, Evêque d’Autun, Chalon et Mâcon

Personnes

Evêques
Prêtres
Diacres
Gens de l’ombre

Filtrer par nom ou par mot clé :

Groupes

Communautés Religieuses
Laïcat

Filtrer par nom ou par mot clé :