BOUTHIERE Pierre

Prêtre

1924 : Naissance le 31 octobre au Creusot

1949 : Ordonné prêtre le 2 avril

1949 : Vicaire à Saint-Eugène du Creusot

1952 : Vicaire à Chauffailles

1957 : Aumônier diocésain d’ACO

1963 : Aumônier diocésain d’ACMSS

1966 : Aumônier diocésain d’ACGF, ACI, catéchuménat et aumônier régional ACO

1968 : Délégué épiscopal de l’apostolat des laïcs

1973 : Chargé de La Clayette

1979 : Aumônier diocésain ACGF, service catéchuménat, pastorale familiale et formation permanente

1980 : Responsable du service diocésain du diaconat et de la pastorale familiale

1999 : Déchargé de son service de délégué épiscopal au diaconat permanent et conserve la formation à l’aide spirituelle

2002 : Décède le 27 avril

Jésus étendit la main et saisit Pierre en lui disant : homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Pierre aimait ce passage d’évangile et l’a souvent commenté. Car là était une de ses convictions : on se croit fort et le moindre coup de vent fait couler ; on est plein d’enthousiasme, y compris pour le Christ et – à omettre de Le regarder – on s’enfonce dans les eaux noires du « n’importe quoi » ; on est meurtri, perdu et on ne sait à qui se vouer. Lui – le Christ – est toujours là ! Il tend la main. Il remet sur le solide. Avec Lui, la barque poursuit sa route et éventuellement affronte à nouveau les « coups de chien ».

Avouons-le ! Pierre Bouthière pouvait séduire ou agacer. Son humour, le jeu de la moquerie et ses histoires répétées risquaient de lasser à la longue. Sa réputation de bec-fin et sa décontraction étaient susceptibles de prêter le flanc à la sentence : pas sérieux ! C’était ne pas connaître Pierre, le véritable Pierre ! Nous avons beaucoup travaillé ensemble ; j’ai beaucoup acquis à son contact ; l’amitié qui nous liait reposait sur des vues communes.

Pierre était un homme de pensée : sa vaste culture qu’il ne cessait d’enrichir lui permettait de faire la lecture de la vie, celle de l’Eglise en particulier ; il savait éclairer le présent par l’expérience de l’Histoire. Sa connaissance et la pratique des « Exercices Spirituels » d’Ignace de Loyola l’ont entraîné à saisir les mouvements intérieurs qui habitent tout être humain ; elles lui ont appris combien chacun a son histoire propre que Dieu seul connaît et que personne n’a le droit de juger. Sa facilité de contact et ses compétences lui ont permis de mener à bien les divers ministères qui lui furent confiés : l’aumônerie diocésaine de la JOC-JOCF, puis de l’ACI et de l’ACGF, le Catéchuménat, la paroisse de La Clayette, la Pastorale familiale et en particulier les rencontres à Uchon avec les divorcés, divorcés-remariés, le Diaconat et jusqu’à ces dernières semaines la « Formation à l’Accompagnement Spirituel ». Chez lui, les idées n’occultaient jamais le réel de l’existence.

Pierre était un homme de foi : à lui, les secrets les plus intimes de sa relation avec le Seigneur. Ses amis savent combien certaines périodes de sa vie lui firent toucher les plaies du Ressuscité : il y eut pour lui les longs mois d’épreuve de santé au début de son ministère, puis au cours de l’année 1986 l’apparition de son cancer et – cette même année – sa descente aux enfers dans la soirée du Samedi Saint…. Enfin depuis plusieurs mois l’hospitalisation de sa sœur à laquelle il était très attaché, sa fatigue et l’épuisement.

Pierre impressionnait par son calme, sa disponibilité, sa remise à Dieu. Il avait faite sienne l’attitude fonda-mentale préconisée par Ignace : l’indifférence : « Ne pas vouloir santé plus que maladie, vie longue plus que vie courte, mais ce qui conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés : l’amour de Dieu » (Exercices n° 23). « Le moment venu », répétait-il indiquant par là l’impuissance à tout vouloir maîtriser et que le résultat final n’est jamais entre nos mains. Certes, en lui comme pour Pierre l’apôtre, comme pour nous tous, cohabitaient probablement la foi et le sentiment de vide, les certitudes et les nuits, l’assurance du Seigneur qui est là et le doute !

L’espace de rencontre avec le Ressuscité est toujours une histoire où se mêlent les instants d’intimité et d’inévitables moments d’obscurité. « Pourquoi douter ? », demande Jésus, « deviens croyant ! » Pierre a fait ce chemin de la foi avec deux exigences qu’il a souvent développées : « relire sa vie pour y lire Dieu, chercher et trouver avec Dieu nos décisions concrètes ».
Un mot encore : Pierre aimait l’Eglise et parce qu’il l’aimait, – à son sujet – il n’avait pas la langue de bois ; il refusait les oukases et les jugements à l’emporte-pièce, les attitudes cléricales et les discours sans référence à l’Evangile. Il était en accord – et travaillait en ce sens – quand l’Eglise écoute les personnes et les situations avant de parler, quand elle annonce des chemins d’ouverture et d’avenir plutôt que de dénoncer, quand elle se manifeste diversifiée, donnant à chacun sa place.

Pierre, en ces jours, nous avons le cœur gros et nous voulons être paisibles. Le cœur gros… pour beaucoup ta mort est une épreuve : le deuil de ton absence physique, il nous faut le vivre ! Paisibles… parce que heureux… heureux que tu aies existé, heureux de ce que tu as été et de ce que tu as apporté de toi-même, heureux que le Christ t’ait appelé à servir dans son Eglise, heureux de t’avoir rencontré, heureux de savoir – comme l’a proclamé l’apôtre Paul – « qu’après avoir souffert avec le Christ, aujourd’hui tu es glorifié avec lui ». Le Christ t’a tendu la main. Il t’a embarqué dans le monde mystérieux de l’au-delà. Que l’Eucharistie que nous allons vivre nous relie à toi et quand nous présenterons notre main pour recevoir le Corps du Seigneur, qu’il nous saisisse aussi… par sa main.

Eglise d’Autun – Louis Bouard

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