C’est à Digoin que tu as vu le jour en 1925 et as grandi dans une famille chrétienne. Tu es entré au Petit Séminaire St-Hugues à Paray-le-Monial, puis au Grand Séminaire à Autun. Tu as été ordonné prêtre pour le service de tous les hommes le 23 avril 1950 en l’église de Gueugnon avec deux camarades, Henri Boffet et Robert Segaud. Ce fut un grand jour de fête à Gueugnon, à Digoin et à Autun.

Ta première mission à la paroisse St-Henri du Creusot te faisait découvrir la réalité du monde où tu étais envoyé. Pendant sept années, tu t’es dépensé sans compter en ignorant, comme tu nous l’as dit, que la nature a des limites qu’il ne faut pas franchir. Votre slogan de jeunes était : « il vaut mieux mourir jeune et usé que vieux et moisi ! » Quelle prétention et quelle ignorance : La vie t’a ramené à la réalité : épuisement, le médecin a dû te « mettre au vert » pendant trois mois.

Puis vient une nouvelle mission, curé de Ciry-le-Noble. Tu visitais beaucoup de familles rurales, où l’on te voyait arriver de la ville, connaissant peu le travail de la terre… Tu avais beaucoup à apprendre. Le Mouvement des Chrétiens en Monde Rural t’a aidé à faire naître des équipes de jeunes ruraux, de jeunes artisans, de jeunes travaillant à la mine et même des groupes pour les adultes des mêmes catégories. Avec toutes ces personnes, tu as appris, selon les méthodes de l’Action Catholique, à reconnaître le Seigneur à travers nos vies et à lui faire confiance.

Au bout de sept ans, nouvelle mission au Creusot, où tu étais nommé curé de Saint Laurent. Tu as été accueilli chaleureusement par deux vicaires, surtout quand tu as dit : « Je ne suis pas le seul maître à bord, nous partagerons la responsabilité du travail paroissial, en travaillant en équipe »… C’était aussi l’époque de l’application du Concile, une tâche difficile à assumer sur le terrain. Durant ces 21 années au Creusot, dans les divers groupes rencontrés, le Seigneur était présent et tu as pu comprendre que la foi n’est pas l’adhésion à une doctrine, mais la confiance faite à quelqu’un, quoi qu’il arrive. Tu as compris que la présence réelle n’était pas uniquement enfermée dans le pain eucharistique, mais qu’elle est en chaque personne que nous rencontrons. Tu comprenais la parole du Christ : « Chaque fois que vous avez fait quelque chose au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).

Puis vient l’époque autunoise en 1985, comme prêtre auxiliaire, où tu as participé à la formation des groupes de catéchisme, à la formation des équipes liturgiques, à l’accompagnement de diverses équipes. Tu avais aussi un engagement avec le Secours Catholique, ce qui t’a permis d’être en contact avec les plus démunis, les gens « de passage» et de travailler avec la vie associative d’Autun. Ensemble vous avez pu créer un « accueil de nuit » et participer aux « restos du cœur ». Tu as été présent à l’aumônerie de l’hôpital, en assurant les fonctions d’aumônier-adjoint. Tu avais aussi le souci de l’œcuménisme. Tu pensais pouvoir assurer ce service jusqu’à 75 ans, mais des problèmes de santé ne l’ont pas permis, la mise à la retraite s’est imposée, et tu as trouvé la Maison Saint Antoine en 1997, où la dépendance progressive s’est affirmée, mais tu as été entouré d’un personnel bienveillant.

Nous voulons rendre grâce pour ta vie donnée au service des hommes, pour tous les liens qui ont été créés, et nous demandons au Seigneur qui t’accueille de continuer avec nous la route.

Eglise d’Autun – Marie Paule Drouot