Paroles de prêtres

Des nouvelles du père Émile Blondet

Où êtes-vous ?
Depuis je ne sais pas quand exactement, des
semaines ? des mois ? des années ? j’habite à l’Hé-
ritan, à la Résidence d’Accueil et de Soins de
Mâcon, chambre 268, au 1°’ étage.
Que faites-vous ?
Je ne fais rien. Je vis. Je n’ai rien à faire. À mon
âge, il est préférable de ne rien entreprendre.
Ma famille est éloignée. J’ai peu de visites de
personnes de Mâcon. Les Mâoonnais sont assez
distants. .
ll y a une messe de temps en temps dans la
Maison mais je suis incapable de vous dire
quand cela arrive. En tout cas. je suis prévenu.
Quand je ne comprends pas quelque chose, j’appelle Emmanuelle Floux du
Diocèse. ll paraît qu’elle m’a emmené chez le dentiste il y a deux semaines. Je
ne m’en souviens pas.
Qu’espérez-vous ?
J’ai bientôt 90 ans: c’est extraordinaire ! Je n’espère rien. J’ai tout ce qu »|l faut!
Tout se fait automatiquement. Je n’ai pas souvenance d’avoir eu besoin de
quelque chose. Je vis au jour le jour.
Le monde a tourné bien avant moi, il tournera bien après. Je lui fais confiance.
Vous pouvez m’appeler ; je me rappelle des gens que j’ai
connus avant, pendant mon ministère.

Décès du père Emile Blondet

Le père Emile Blondet est décédé le mardi 5 juin 2018 dans sa 93e année et 69 ans de sacerdoce. Ses obsèques religieuses ont été célébrées en l’église Notre-Dame de la Paix à Mâcon le samedi 9 juin 2018 à 15 h. L’inhumation a eu lieu au cimetière de Jouvençon. Toute sa famille ainsi que des représentants du diocèse d’Autun assistaient aux funérailles.

Emile Blondet : 1925-2018

Emile Blondet est né le 2 septembre 1925 à Saint-Usuge, en Bresse.
Peu de temps après, la famille s’installe à Tournus où ses parents avaient trouvé du travail chez les Pères Blancs (missionnaires d’Afrique) qui y avaient un séminaire.
En 1937, Emile à 12 ans, entre au petit séminaire de Rimont où il reste jusqu’en 1945. Années de la guerre, années difficiles dont il garda longtemps un mauvais souvenir.
Entre- temps, le séminaire des Pères Blancs ayant dû fermer, la famille s’était installée en 1940, à Joncy, où elle resta 18 ans.
Vint le temps du grand séminaire, à Autun, de 1945 à 1950. Et le 25 mars 1950, l’ordination par Mgr Lebrun : « Emile, tu es prêtre pour l’éternité ».
Puis, attente d’une première nomination. Ayant obtenu son baccalauréat, Emile fut nommé professeur à Ozanam à Mâcon.
Septembre 1952 : arrive enfin la bonne nouvelle d’une nomination comme vicaire à Saint-Eugène , au Creusot, avec le Père Perraudin dont il a toujours gardé un très bon souvenir.
Là, c’était la vie de prêtre comme il l’espérait : les célébrations, le catéchisme,
les réunions, la chorale, les mouvements d’action catholique, l’aumônerie de la clinique, les camps et les colonies de vacances
Septembre 1958 : nomination à Sermesse comme curé d’un ensemble de six communes alentour. Quittant Joncy, ses parents vinrent le rejoindre pour habiter avec lui.
Fort de son expérience de vicaire au Creusot, Emile, comme ses confrères, débordait d’activités de toutes sortes, toujours par monts et par vaux, pour le service.
En 1962, un vent nouveau souffle sur l’Eglise. C’est le Concile .Emile est enthousiaste et adhère pleinement.
En 1966, arrivée d’un nouvel Evêque, le Père Le Bourgeois pour qui Emile a toujours eu beaucoup d’admiration et avec qui il a œuvré en toute confiance.
En 1969, Navilly, vint agrandir l’ensemble paroissial.
En 1975, Emile a 50 ans, 25 ans de sacerdoce et déjà 17 ans à Sermsse. C’est l’année Sainte, ses paroissiens lui ont offert un voyage à Rome et Assise. Intense émotiondans la basilique Saint- Pierre où il confie au Seigneur toutes les intentions de ses paroissiens. L’année suivante : Lourdes, St Jacques de Compostelle, Fatima, Avila.
En 1983, après le décès de ses parents qu’il a gardés avec lui et soignés jusqu’au bout, Emile est envoyé à Gergy et Verjux . A Gergy, encore , il fit de belles rencontres et noua de fortes amitiés. Et dans l’élan postconciliaire, il essaya d’impliquer davantage les laïcs dans la vie paroissiale, les funérailles, l’œcuménisme…Et puis, les célébrations du dimanche, les baptêmes, le catéchisme, les communions, les mariages, les obsèques, les visites aux malades et aux bien portants, les réunions de toutes sortes , le CMR, le MRJC,l’ACGF, bref, tout ce qui fait le quotidien d’un prêtre en paroisse.
Et après 17 années passées à Gergy, en 2000, âgé de 75 ans, Emile prit sa retraite à Mâcon où résidait déjà sa sœur. Puis vint le temps des ennuis de santé et l’entrée inévitable en maison de retraite. Et, le 5 juin2018, Celui que durant toute sa vie il avait essayé de faire connaître et de servir au mieux le rappela à Lui et l’invita à le rejoindre.

Jean Michel, un des neveux d’Emile