Le CCFD, contemporain du concile Vatican II : rétrospective diocésaine

Laïcat

La première campagne de carême contre la faim, eut lieu en 1961, suite à l’appel de Jean XXIII relayant une demande de l’ONU (FAO). 1962 : ouverture par Jean XXIII du Concile Vatican II, précédée d’une phase de préparation de plus de deux ans.
L’histoire du CCFD s’inscrit totalement dans le souffle de cet événement majeur de l’Eglise.

Du CCF au CCFD

Une organisation créée à partir de zéro. Seules con-signes reçues : ne pas créer un nouveau service d’Eglise ; faire porter cela par l’ensemble des forces vives d’un diocèse : organismes caritatifs, services et mouvements d’Eglise (d’action catholique spécialement), appelés à fonctionner en « comité ». Une tâche à laquelle s’attellent sur le diocèse Mgr Deshaires et MM. de Champeaux et Vieillard du Secours catholique. Ainsi naît en 1961 le CCF (Comité Catholique contre la Faim).

Il deviendra en 1966 le CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement), car on prend vite conscience que le problème de la faim ne peut être réglé par de seules actions d’assistance humanitaire, qu’il fallait s’attaquer à la cause : le « sous-développement ». Une lutte condamnée à être menée sans cesse : à côté des famines liées de tous temps aux fléaux naturels et aux conflits, l’instinct de rapacité de l’homme s’ingénie perpétuellement à en générer d’autres, comme aujourd’hui la spéculation sur les matières alimentaires, l’accaparement des terres pour des cultures agro-industrielles au détriment des cultures vivrières. D’où la nécessité d’entrer dans une optique plus globale de développement « de tout l’homme et de tous les hommes », selon les termes de « Populorum progressio », encyclique de Paul VI (1967).

Une intuition géniale, la collégialité

Du début des années 1960 jusqu’à la fin des années 1970 se construit patiemment, avec pragmatisme et inventivité, le CCFD de Saône-et-Loire. La collégialité – peu ou pas de précédent dans l’Eglise – contrairement à ce dont certains doutaient, ça a marché ! Sans rien perdre de leur identité, les mouvements et services d’Eglise, notamment ceux appartenant à des réseaux internationaux, mettent au service du développement des pays du Sud leur expérience et leur savoir-faire. L’ACGH, l’ACGF pour ne citer qu’eux ont été particulièrement en pointe lors de la campagne de Carême 1961. Les aumôniers diocésains chargés de ces mouvements ont joué un rôle décisif dans l’adhésion de ces derniers à cette démarche.

La collégialité, une richesse pour l’Eglise tout entière ! A preuve pour des témoins de l’époque, la qualité des échanges, au sein de réunions du Comité diocésain, entre Mme de Croix, châtelaine (de la Digoine), déléguée de l’ACI, et Marie-Thérèse et Armand de l’ACO.

Le CMR est d’entrée très présent. D’aucuns témoignent de l’énergie énorme dépensée pour mieux faire connaître le CCFD par Henri Depoil et son épouse Aline, secrétaire du CCFD (de fait bien plus bénévole que salariée). Leur maison de la rue des Mûriers à Sennecey-le-Grand est restée la plaque tournante du CCFD jusqu’à la fin des années 1990.
Et c’est un aumônier du CMR, Fernand Michel, qui devient en 1979 le premier aumônier diocésain du CCFD. Pierre Bezin, Gérard Godot et Paul Déroche lui succéderont.

Un long fleuve pas toujours tranquille

– L’action du CCFD repose sur le soutien de projets de développement portés par des partenaires, qui les ont initiés « là-bas » : des partenaires reconnus par leur capacité non seulement à bien gérer leur projet, mais aussi à faire tache d’huile au sein de la société civile de leurs pays.
Comment les choisir ? Comment répartir entre eux le résultat de la collecte de Carême ? Une tendance bien humaine est d’aider « celui que je connais bien, dont je saurai comment il utilise l’argent que je lui donne ». Il a fallu – et il faut encore parfois – dépenser beaucoup d’efforts pour défendre le principe d’une répartition des financements respectant de manière égale les chances de tous les porteurs de projets – connus de moi ou pas – pour faire accepter le fameux « pot commun », la gratuité du don en définitive !

Avec bien sûr en contrepartie, l’obligation de la part du CCFD d’une information des donateurs. Autres garants de la bonne utilisation des fonds : les représentants de CCFD diocésains à la commission nationale décidant du choix du projet ; les participants à des voyages, organisés ou non par le CCFD, donnant l’occasion de rencontres de partenaires sur place (Sénégal, Liban, Argentine, Mozambique, Brésil, Palestine…) ; les délégués du diocèse aux rencontres nationales du CCFD.

Le suivi de certains projets est parfois même confié par le CCFD national à des équipes locales, par exemple celui des Communautés de paix en Colombie dans lequel Gilbert Gaidon de Mâcon s’est beaucoup investi.

Dans le même esprit, le CCFD diocésain accueille un partenaire systématiquement tous les ans depuis le milieu des années 1990. Il rappelle aux réalités comme cet Africain à qui l’on faisait visiter une exploitation horticole de la Vallée de la Saône : scandalisé que des terres servent à cultiver des fleurs, « Je ne me souviens pas d’un jour où je n’ai pas eu faim » nous a-t-il dit.

– L’affectation d’une partie de la collecte à l’éducation au développement « ICI » nécessite aussi d’être expliquée : « Pourquoi ce que je donne n’est-il pas entièrement pour là-bas ? ». Ecoutons Yoram, partenaire africain : « Au-delà des soutiens (financiers) que nous recevons, ce sont d’abord les choix de politiques commerciales, économiques, financières, migratoires des pays du Nord qui ont le plus d’impact sur nos populations ». Il conforte le CCFD dans la nécessité de se donner les moyens d’aider à cette prise de conscience.

Documentations, conférences, animations diverses, répondent à cette nécessité, jusqu’à des pièces de théâtre comme « Roméro ou l’offrande écarlate », spectacle offert en 1986 à St-Rémy, auquel participent 500 personnes.

C’est l’objectif aussi des traditionnelles « Journées de formation du 11 novembre » instituées à la fin des années 1990.

Le public jeune fait l’objet d’une attention particulière. Beaucoup d’événements « Jeunes » jalonnent les 50 ans du CCFD de Saône-et-Loire, tant au niveau local (Courses Terre d’Avenir, participation aux « Km de soleil », interventions dans des écoles) qu’au niveau diocésain (rassemblement de Gueugnon en 2002), sans bien sûr oublier le grand rassemblement Terre d’Avenir de 1992 au Bourget : 490 personnes de Saône-et-Loire y ont participé.

– Dans toute la période de démarrage, beaucoup de questionnements aussi sur les rôles respectifs du CCFD et du Secours catholique, le premier paraissant parfois faire « doublon ». Le bon sens a fini par prévaloir : au Secours catholique, les microréalisations, les aides d’urgence et à la réhabilitation suite à des catastrophes ; au CCFD, les actions de développement.
Sans cloisons véritablement étanches : le Secours catholique avec son réseau Caritas pouvant dans le prolongement de ses actions habituelles mener des actions allant jusqu’au développement ; dans le cas de catastrophes naturelles (Indonésie-tsunami, Haïti-séisme), le CCFD pouvant accorder des aides d’urgence à ses partenaires bien à même d’apprécier les besoins dans ces pays.
Les exemples de coopération au niveau de la Saône-et-Loire ne manquent pas pendant les campagnes de carême. L’ancien délégué du Secours catholique, Gabriel Lanciau, et Fernand Michel ont eu leur compte de bols de riz !

Cette coopération s’est renforcée par une participation commune, aux côtés d’Emile Duhesme et de la Coopération missionnaire, au lancement du service diocésain de la solidarité, faisant suite à la promulgation en 1995 par Mgr Séguy des « 40 engagements du diocèse ».

– Surviendront enfin dans les années 1980, les attaques du Figaro Magazine, le CCFD accusé de crypto-communisme à cause du soutien de projets au Vietnam et à Cuba. Elles jettent le trouble chez les donateurs, avec encore des traces aujourd’hui. Des moments mal vécus, d’autant que ceux qui étaient à leur origine n’avaient pas du tout envie d’écouter ce qu’il en était exactement. Le père Ludovic Rebillard, ancien responsable du CEFAL, fin connaisseur des problèmes de Cuba, lors d’une réunion de carême à Cluny, a pour ceux qui y participaient, mis clairement les choses au point !

A partir de l’an 2000, le développement des actions de plaidoyer

La mondialisation des problèmes nécessite un élargissement des actions de pression auprès des décideurs politiques et économiques.
Le CCFD de Saône-et-Loire prend une part active à l’animation des campagnes : annulation de la dette (2000, au moment du Jubilé), augmentation de l’aide publique au développement (2001), Soja et Agro-carburants (2006), Aidons l’argent (lutte contre les paradis fiscaux, 2011).

Des délégués du CCFD de Saône-et-Loire participent aux Forum Social Mondial de Nairobi (2007), Bélem (2009), Dakar (2011), ainsi qu’à l’anti-G20 de Cannes.
A la fin des années 2000, le CCFD (devenu en 2002 CCFD-Terre solidaire) participera de plus en plus souvent à des collectifs inter-associations (à Chalon entre autres : Semaine de la Solidarité Internationale et Chalon-Palestine).

Quelques autres grandes dates ou événements

– Au début des années 1980, lancement d’un placement financier de partage, le Fonds de placement Faim – Développement : le CCFD fait figure de pionnier. Auparavant déjà il avait créé l’Impôt volontaire. La création de la SICAV Eurco-solidarité suivra. Pierre Bezin se fait l’ardent propagateur de ces placements, ainsi que de la Société Internationale pour le Développement et l’Investissement (SIDI), qui obtient des résultats remarquables dans des pays en voie de développement. Ces placements permettent aussi, en France même, le soutien de projets : l’UTIT, (Union des Travailleurs Immigrés de Tunisie), a fait partie des bénéficiaires : le représentant de l’antenne chalonnaise de cette union ne manque pas de le rappeler.
– 1993 : le CCFD est déclaré « Grande Cause nationale »
– 1997 et 2003, des équipes locales CCFD participent au lancement des magasins Artisans du Monde à Chalon et Mâcon.
– et en 2011, le CCFD fête ses 50 ans : pour les seules régions Bourgogne et Franche-Comté, 2000 jeunes et moins jeunes se retrouvent le 2 avril dans un grand rassemblement à Dole.

Et Dieu dans tout ça (le deuxième « C » de CCFD ?)

Sur le diocèse, le CCFD a toujours tenu à ce que dans l’Eglise son rôle ne se réduise pas à la seule action de collecte du 5e dimanche de carême. Chaque année, depuis 1994, il apporte son aide à l’animation de la célébration du Mercredi des Cendres dans une communauté religieuse, et du 1er dimanche de carême dans une paroisse du diocèse, sous la présidence de l’évêque ou du vicaire général.

Les intentions de prières pénitentielle et universelle sont communiquées à toutes les autres paroisses et communautés pour, si elles le veulent, être reprises en signe d’unité, de communion et d’appartenance à l’Eglise universelle. En carême mais aussi en tout temps, le CCFD a, dans la mission confiée par les évêques, à participer à la conversion des cœurs et des esprits au regard des conséquences pour d’autres de nos façons de vivre (« C’est en changeant les choses chez vous que vous changerez les choses chez nous », Dom Helder Camera, évêque brésilien).

Appelés dans ses actions à de nombreuses rencontres avec des partenaires non chrétiens ou des membres d’associations non confessionnelles, hors de tout esprit de prosélytisme, « l’engagement du CCFD veut témoigner de l’Amour dont Dieu aime tous les êtres humains ».

Georges Vuillamy, au nom de tous les laïcs engagés dans cette aventure

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