Le Béguinage de Saint-Martin-du-Lac

Communauté Religieuse

Implantée en Bourgogne du Sud, en terre brionnaise, dans le diocèse d’Autun, accueillie par Mgr. Rivière, la Communauté n’a adopté cette appellation béguinage qu’à son arrivée dans le diocèse en janvier 2010. Elle est le fruit de l’expérience d’une vie communautaire inspirée par une charte et par sa forme de vie, correspondant au plus près à celle des béguines.

L’intuition

L’intuition décrite dans la charte date des années 1986. Son « incarnation » est une longue histoire que les événements ont façonnée sans pourtant jamais quitter l’inspiration première. Les premiers pas se firent en 1995, dans le Var, ou les fondateurs furent accueillis par Mgr Madec.

Au lieu-dit « La Croix aux Bœufs », rien ne distingue le béguinage des maisons d’alentour… De l’extérieur, aucune ressemblance non plus avec les béguinages tels que nous les imaginons et les voyons encore dans les pays nordiques dont on a retenu que l’architecture des béguinages, et non la véritable nouveauté engendrée par ces femmes « libres et aimantes », un peu folles en Christ ! Quoique cette situation évolue vers un renouveau.

Les fondateurs, le père Maurice et Sœur Thérèse

La Communauté du Béguinage de Saint-Martin-du-Lac s’inspire de la tradition du mouvement béguinal qui a été florissant en Europe du Nord aux 12e et 13e siècles, dans la ligne des Mystiques Rhénans : Maître Eckart, Ruysbroepk, Hadwige d’Anvers, Marguerite Porète, Mechthilde de Magdebourg, Julienne de Norwich et d’autres que l’on redécouvre aujourd’hui.

En effet, dans la plus pure des traditions des  »proto béguines » les membres désirent conjuguer à la fois vie privée et vie communautaire, faire vivre ensemble religieux et laïcs, hommes et femmes, avec ou sans vœux.

Convaincus que la « vie spirituelle », voire mystique, n’est ni un privilège de la vie religieuse, ni un luxe, mais une expérience offerte à tous sans distinction, s’appuyant sur les paroles de saint Paul, « Il y a, certes, diversité de dons spirituels mais c’est le même Esprit », les membres du Béguinage croient que la diversité des dons peut être pour l’Église un atout supplémentaire au service de l’Esprit Saint et de l’évangélisation ; que la vocation de chacun peut s’épanouir sans nuire à celle des autres.

Aussi croient-ils à la force du « signe Communautaire » surgissant d’une alliance de vocations et de traditions différentes. Certes, le défi de cette « communion » entraîne des ajustements et des implications matérielles et concrètes, qui sont le propre de la vie.

Cette forme de vie répond aux aspirations de partage des valeurs et des priorités essentielles, tout autant qu’aux exigences de respect de la vie privée, des vocations personnelles, des rythmes de croissance et de cheminement. Elle exige un environnement et un cadre qui soient propices à l’épanouissement de la vie humaine et spirituelle de chacun, qui, selon son statut de vie, dispose d’un espace vital privé : chalet, studio, maisonnée, lui permettant de s’adonner en toute liberté et cohérence aux activités fondamentales de son état de vie et de la vocation communautaire.

Il va sans dire que cette forme de vie exige un certain degré de maturité. Selon la tradition monastique, prière, travail, ascèse et accueil marquent la vie de la communauté. L’ascèse consistant surtout à demeurer sobres et vigilants afin de sauvegarder l’essentiel, à ne pas nous disperser, à vivre l’accueil avec discernement.

La première motivation des personnes qui souhaiteraient rejoindre la communauté du Béguinage n’est pas l’attrait d’un « habitat groupé » mais une quête spirituelle. Un même désir de communion, d’harmonie, d’unité et de liberté habite les cœurs. Certains sont résidentiels, d’autres « en alliance » parce qu’éloignés géographiquement. Mais, proches ou lointains, tous s’engagent à mettre leur vie sous la mouvance de l’Esprit.

Le Béguinage est un laboratoire : il se veut lieu et terre d’expérimentation. Les membres partagent les valeurs qui les habitent en demeurant dans l’ouverture et en situation d’évolution permanente et d’adaptation. Et ce, par le fait que les membres s’engagent année après année. Cette décision offre une grande liberté mais implique une grande capacité à s’adapter. Actuellement, la communauté compte 5 membres : trois résidentes et un couple en alliance.

Une charte suffisamment souple invite chacun à s’imbiber de l’esprit de la communauté et permet d’investir dans la vie du Béguinage selon ses disponibilités familiales et professionnelles. Dans les grandes occasions, ils se mobilisent pour apporter entraide et témoignage de leur lien d’alliance. Des rencontres régulières sous-tendues par des thèmes variés nourrissent la communion entre tous. Chaque année 8 jours avant la fête de la Transfiguration, la communauté se met en « retraite ». C’est à cette période que chacun refait le discernement concernant le renouvellement de son engagement.

La vie au béguinage épouse la simplicité. Les membres résidentiels assurent, sur la propriété, l’animation de la vie. Celle-ci est rythmée par les activités d’une vie domestique, avec ses contraintes, l’entretien des espaces et du jardin, les exigences d’accueil et d’hospitalité, les engagements sociaux ou associatifs dans la vie des villages. Car la vie béguinale ne coupe pas du monde, n’isole pas.

Prière et célébrations rassemblent les membres. Cependant nul n’est dispensé de nourrir son feu intérieur par des temps personnels de prière, de lecture, qu’il décidera et intégrera dans son quotidien.

Les membres actuels

Avec le décès du Père Maurice en 2021, fondateur avec Sr Thérèse, la communauté a compris l’urgence d’inventer de nouvelles formes pour faire eucharistie. Elle a inauguré les Agapes, dont la tradition s’origine dans le judéo-christianisme. Ces repas de charité instaurés à Rome par St Clément, 1er siècle., viennent d’une tradition héritée du dieu indo-iranien Mithra dont le culte se développa dans la Rome antique au 2 e et 3 e siècles., et que le christianisme adapta. Ces banquets fraternels étaient célébrés par les premiers chrétiens et présidés par les apôtres puis, plus tard, par les évêques ou de simples fidèles. A partir du 3e siècles, les Agapes eurent tendance à dégénérer et l’Église les supprima peu à peu. Dans la Didachè, c-à-d l’Enseignement des Apôtres, (fin 1er et début 2e siècle) il est question d’une eucharistie entendue dans son sens étymologique de louange, caractérisée par une bénédiction sur une coupe et sur le pain rompu, tout comme dans le shabbat. Il n’est pas question du récit de l’institution eucharistique.

Le rite n’en est pas moins une eucharistie, même si nous ne parlons pas de sacrement. « Il ne faut pas singer les rites officiels, il vaut mieux inventer une libre célébration ». Joseph Moingt (prêtre jésuite, théologien).

Ces célébrations joyeuses, fraternelles, chaleureuses rassemblent une vingtaine de personnes et parfois davantage qui disent vivre une véritable expérience de communion.

Habitats

Nous promenant dans la propriété, nous découvrons les lieux de vie :

  • Une maison principale pour la communauté.
  • De petits chalets d’habitation personnelle ainsi que des studios.
  • Une salle pour les enseignements et les sessions.
  • La chapelle : une simple grange, cœur de la communauté, est ouverte à tous en permanence.
    · S’y ajoute une maison pour l’accueil des retraitants ou visiteurs. Y sont offertes des conditions idéales de repos, de restauration physique ou psychique avec possibilité de bénéficier d’un accompagnement personnel, ainsi qu’un climat propice au discernement des vocations et à leur mûrissement.

Accueil

La communauté désire offrir un accueil bienveillant envers tous. Elle a vu certains se remettre debout, retrouver leur source intérieure, leur profondeur, se réconcilier avec eux-mêmes, être renvoyés vers le réel de leur vie, animés de force et de lumières neuves, vivifiés et confortés. D’autres se sont ouverts à un regard nouveau sur la vie, les événements et l’Église, se sont allégés de préjugés, de culpabilités malsaines et paralysantes. Fortifiée par ces constats, la Communauté reconnaît l’originalité de sa vocation et désire développer de ses charismes.

La Chapelle

Mission

Le Béguinage n’existe pas pour lui-même. Sa mission ne répond ni à des besoins, ni à des projets humains, mais essentiellement à des appels de l’Esprit qui ne sont pas forcément de l’ordre du faire mais de l’être et de la fécondité, non pas de l’ordre de l’efficacité, ni du mesurable, mais de celui de la grâce. La mission est donnée par l’Esprit Saint qui garde au creux du rocher et retient dans la solitude, ou envoie en mission et invite à enseigner. Dans la solitude comme dans les rencontres, il s’agit de laisser jaillir l’Esprit et de Le laisser se manifester par nous et par ce que nous sommes en Lui et par Lui.

Grâce à son école d’évangélisation, « à l’École de la Sagesse » fondée en 1996, la communauté propose des chemins de conversion, d’initiation à la prière intérieure, à la vie mystique ouverte à tous. Elle anime des retraites, séminaires, enseignements et formations sous des formes variées selon les lieux, les besoins, les groupes et les demandes, en journée, en soirée ou en week-end. Ses membres interviennent également à l’extérieur selon les demandes et souhaits de groupes.

Aujourd’hui, Mgr Rivière témoigne : « Je les trouve rayonnantes. C’est une communauté modeste, à la fois décalée mais en plein dans la modernité, à la fois complètement ancrée dans l’Église, avec une vie évangélique très forte, une liturgie soignée, mais sans s’isoler du monde » Il voit dans ce domaine de Saint-Martin-du-Lac « un lieu qui fait du bien, discret, qui donne un espace pour vivre la sagesse chrétienne pas uniquement de manière mentale, mais aussi expérimentale ».

 

Décès du Père Maurice Pritzy,
l’un des fondateurs du Béguinage de Saint-Martin-du-Lac

Le Père Maurice Pritzy, missionnaire spiritain a rejoint le Père subitement le 5 janvier 2021, dans sa 80e année. Ses obsèques présidées par Monseigneur Rivière, ont été concélébrées le 9 janvier, en l’église de Saint-Martin-du-Lac, suivies de l’inhumation au cimetière de Saint-Martin-du Lac.

Sa vie

Né dans le Doubs, ordonné en 1967. Missionnaire à Madagascar de 1968 à 1972. Responsable de formation chez les Spiritains. Animateur spirituel au Séminaire français à Rome. Professeur à l’Université de Lille : I.F.A.C (7 ans). Fondateur du Centre spirituel Daniel Brottier à Auteuil. Formation d’adultes (1986-1992). Animateur au SCD (Coopération et développement). Responsable pastoral à Barjols et Fondateur de l’Ecole de la Sagesse et de la Communauté Apostolique et Monastique del995 à 2001. Curé de La Londe-les-Maures, dans le Var, de 2001 à 2004. Directeur du centre spirituel de Gentinnes en Belgique de 2005 à 2009. Fondateur du Béguinage de Saint-Martin-du-Lac en Saône-et-Loire.

Extraits des témoignages de ses amis :

René-Philippe

Tel le Petit Poucet, Maurice a posé, avec précision, détermination, foi, amour, chaque caillou blanc, tout au long de son périple de vie, pour éclairer, proposer, inviter l’autre à trouver son propre chemin…

Maurice, ce Grand Homme, incarne l’humilité, la discrétion. Maurice nous laisse en héritage, un puits sans fond d’idées, de réflexions, de joie de vivre, d’immensité d’approfondissement des Textes Sacrés.

Sœur Thérèse

Rassembler pour Maurice était viscéral. Il souffrait et portait en lui comme une blessure, proche de celle de Jésus : les divisions !

Celles du monde, de l’église et des églises, de nos communautés, nos familles …et les siennes. Mais il connaissait la force du pardon et la joie des réconciliations. Ce désir de communion, il le nourrissait discrètement avec sa famille…

Maurice ! l’homme de la Parole, brûlé par Elle. Sa passion enflammée était de la communiquer vivante et de l’incarner…

Maurice ! l’homme de la Tradition. Non pas des traditions mais de la grande Tradition avec un grand T, dans laquelle sa foi était enracinée et qu’il transmettait dans un enseignement adapté à son auditoire, sans en atténuer cependant la puissance et la richesse…

Maurice ! le missionnaire, l’évangélisateur, le prophète… Maurice croyait et a cru jusqu’à la fin « au possible des impossibles ». Sa parole vigoureuse n’avait cependant d’égale que sa sensibilité.

Maurice était un frère parmi nous, son effacement n’est pas un abandon. Il n’a jamais été le décideur de la vie menée au Béguinage. Le capitaine a toujours été l’Esprit Saint…

Nous sommes unis à la peine et l’espérance de la Communauté du Béguinage. Que le Père Maurice repose désormais en plénitude dans la joie de son Seigneur

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