MANEVEAU Edmond

Prêtre

1911 : Né le 16 novembre à Sainte-Radegonde

1949 : Ordonné prêtre le 2 avril

1949 : Vicaire à Cluny

1952 : Curé de Ciry-le-Noble

1957 : Curé de St-Jean à Autun

1958 : Vicaire économe à St-Pantaléon

1959 : Aumônier ESF

1967 : Aumônier CEG Autun

1985 : Décède le 25 janvier

Le journal Le Courrier de Saône-et-Loire du 28 janvier 1985

Nécrologie du père Maneveau
curé de Saint-Jean à Autun

Autun._ Le père Edmond Maneveau, curé de la paroisse Saint-Jean d’Autun depuis 1957, est décédé vendredi soir à l’âge de 73 ans. Il était hospitalisé depuis quelques jours à la suite d’un malaise qui l’avait terrassé chez un ami, lundi dernier.
Ses obsèques auront lieu cet après-midi à 15 h dans « son » église à Saint-Jean.
Pour tous ceux qui ont un jour ou l’autre approché le père Maneveau, il restera l’exemple même du prêtre et de l’homme doué d’un sens extraordinaire de l’accueil. Sa largesse d’esprit qu’il mariait fort bien avec des principes rigoureux pour ce qu’il considérait comme l’essentiel, le rendait disponible à tous les problèmes, ouvert à toutes les situations.

03maneveauPas un homme, pas un chrétien, quelle que fut sa situation, ne s’est vu interdire par le père Maneveau l’entrée dans son église et encore moins dans sa maison. Prêtre du quartier Saint-Jean, essentiellement ouvrier et transformé au fil des ans, par les lois de l’urbanisme moderne, le père Maneveau était resté le « ciment » de toute la population. Bien des sans-logis ont trouvé chez lui la chaleur du cœur et le réconfort de l’estomac.
Le père Maneveau était aussi un homme de « société ». C’est en partie grâce à lui que s’est maintenue pendant des années la « Clique Saint-Jean » qui regroupait tous les musiciens du quartier. Il fut aussi à l’origine du Football-Club Autunois issu de l’ancien « Cercle Saint-Jean » ? Il en était d’ailleurs encore le vice-président.
Tous les services rendus, cette bonté du cœur et cette invitation permanente au partage étaient accompagnés chez le père Maneveau d’un goût extraordinaire de la vie. Le père Maneveau portait en effet la joie de vivre sur son visage, comme une invitation à profiter de tous les bienfaits de Dieu sur la terre. C’est donc à la fois un grand prêtre et un homme bon qui s’en va. Et une personnalité qui a marqué de son empreinte la vie locale et la vie tout court de centaines et de centaines de personnes. C’est donc une foule considérable qui l’accompagnera cet après-midi dans son dernier voyage terrestre.

 

Edmond Maneveau (1911-1985)

La Presse locale. a exprimé les sentiments de la population autunoise au moment de la disparition du Père Maneveau : les articles manifestaient la sympathie commune envers un homme de cœur, vivant son ministère de prêtre par sa proximité de tous. Nombreux ont été ceux et celles qui voulurent lui rendre un dernier hommage, le 28 janvier dernier. Parmi eux, Mgr le Bourgeois et le père Robert Segaud, un camarade de séminaire.

« C’est avec émotion que nous accompagnons le père Maneveau d’une dernière prière. Votre présence, nombreuse, témoigne de l’amitié que vous lui portiez. Il était vraiment l’un des vôtres ; Autunois par ses origines, par son long ministère, par le réseau d’amitié qu’il avait créé et entretenu … Je partageais cette amitié, d’autant plus que nous étions « conscrits » et que nous fêtions souvent ensemble nos anniversaires.
Ce que je retiens de lui – on l’a d’ailleurs souligné – était son sens de l’accueil ; il s’ouvrait à tous avec chaleur et bonne humeur. Sous les éclats de voix, les réparties rapides, on devinait un cœur largement ouvert. Je retiens aussi une leçon d’optimisme bien nécessaire dans le monde où nous sommes toujours si terne : optimisme dans le jugement des personnes, dans le déroulement des événements, y compris sa propre santé ou l’organisation de sa vie !
Comme nous avons besoin d’entendre ce message. Que cette vie pleine d’espérance fortifie aussi notre espérance chrétienne en la résurrection, en la rencontre avec tous ceux que nous aimons et qui nous quittent ».

Monseigneur le Bougeois.

 

En réponse à l’appel reçu plus tardivement que la plupart d’entre nous, Edmond se présente au Grand Séminaire en octobre 1945.
Sa préparation première avait commencé quelque quatre ans avant la guerre, et était couronnée, si l’on peut dire, par cinq ans de captivité.
La différence d’âge – de 6 à 15 ans pour les plus jeunes – la formation différente comme les tempéraments nous laisseront d’abord surpris, puis très vite satisfaits et il faut le dire ravis. Sa vitalité, son allant va rassembler et souder une amitié et une affection que ni le temps ni les activités diverses du ministère ne sauront altérer.
Déjà, ces années de préparation immédiate au sacerdoce verront quelques-unes de ses initiatives provoquer un sourire amusé dans ce petit monde du séminaire mais aussi quelque perplexité chez ces Messieurs de Saint-Sulpice.
Pour Edmond, le pli est-il déjà pris ? 8 ans en service à Cluny puis à Ciry-le-Noble et 27 ans à Saint-Jean où il va s’exprimer et vivre « à temps et à contretemps ».
Animée par sa foi, son incroyable facilité à s’adapter à toutes les situations, même et surtout les plus imprévues, ne peut laisser qui que ce soit indifférent. Lui-même n’est pas indifférent à ce qui se passe dans et autour de son église. Son approche des milieux sportifs lui aurait-elle soufflé de placer la barre un peu trop haut ? Lui seul pouvait ou aurait pu le dire. Comme beaucoup de mes frères dans le sacerdoce, je n’aurais pas eu le cœur à entreprendre de le décourager ou le dissuader de sa façon de concevoir et d’accomplir ce qui était sa vie, à plein cœur et à pleines mains prendre le souci des hommes entraînés dans le bon et le moins bon, avec une secrète préférence pour les désemparés et les chercheurs de vérité.

Robert Segaud.

 

Article du journal le Progrès du 20 avril 1982

Le père Maneveau honoré

25 années d’activités pastorales à Saint-Jean

Ils étaient tous là, pour rien au monde ils n’auraient manqué ce rendez-vous avec un être cher, dont l’arrivée comme curé de Saint-Jean, remonte à 25 ans. Pour fêter cet anniversaire, les paroissiens se sont solidairement retrouvés dimanche autour du père Maneveau, honoré un peu contre son gré, « lui qui n’aime, ni ne recherche les honneurs».
Pourtant, lorsqu’à son retour de captivité on lui impose la paroisse de Saint-Jean à Autun, il y va bien contre son gré, il ne voulait pas revenir dans ce pays, qu’il connaissait déjà.
« Aujourd’hui, dit-il, inutile de me proposer une autre paroisse, si j’y suis mal logé… je reste ».
Entre ces deux prises de position, 25 ans ont passé, et avec eux, une étape importante de la vie du quartier.

Le père Maneveau : un homme bon et écouté

En ce 3e dimanche d’avril, le père Maneveau a concélébré la grand’messe assisté de Mgr Couette, représentant Mgr Le Bourgeois, évêque d’Autun, actuellement en visite auprès du Pape, M. l’abbé Rosset, curé des paroisses unies, et le père Bretin.
L’église Saint-Jean est bien remplie, jusqu’au dernier rang, à la tribune a pris place la clique Saint-Jean, et dans la nef latérale, la chorale paroissiale. On remarque parmi les fidèles, M. Lucotte, sénateur maire et M. Gandar, adjoint.
Mgr Couette au cours de son homélie, rend hommage à « l’œuvre » du père Maneveau, tout comme il évoque les traits essentiels de son caractère, qui l’on fait aimer et apprécier. Le père Maneveau a le sens de l’accueil, de l’amour, il sait écouter les jeunes, les couples, les plus âgés, les malades.

Depuis 1957, que de chemin parcouru. A cette époque, la pratique religieuse était plus conséquente qu’aujourd’hui, dans le département. On comptait 540 prêtres dont une trentaine de jeunes. Aujourd’hui, ces chiffres ont sérieusement régressé : 424 prêtres dont seulement 3 jeunes.
Mais à Saint-Jean, les paroissiens sont fidèles, et ce phénomène ne semble pas avoir de prise sur eux. La paroisse a obtenu son indépendance en 1962, une époque à laquelle ce quartier connaissait un certain bouleversement, avec la construction d’une cité H.L.M, le prolongement de l’avenue de la République vers Saint-Pantaléon, la disparition de l’école des sœurs, et la construction d’un nouvel établissement par les sœurs de Saint-Joseph de Cluny, qui accueille aujourd’hui 600 élèves.

Un grand merci de ses paroissiens

Après l’office religieux, une réception s’est déroulée à la salle paroissiale. Les sympathisants du père Maneveau se serrent dans cette salle aux murs vétustes et branlants. Mais c’est la cure Saint-Jean. Au nom des paroissiens, M. Louis Duverne prend la parole pour exprimer au père Maneveau, sa reconnaissance pour le chemin parcouru. S’adressant à celui qui fêtait dimanche le 25e anniversaire de ses activités pastorales à Saint-Jean, il évoque ce quart de siècle, marqué.par un nombre incalculable de services rendus, un dévouement sans borne et le développement accru d’une activité dans ce quartier. « Vous avez continué le chemin tracé par vos prédécesseurs, les pères Paccaut, Bretin, Boileau, c’est dans ce quartier qu’étaient le cercle Saint-Jean, le Football-Club Autunois. Et puis dans les années 1960, le père Maneveau a desservi Saint-Pantaléon, avant même que les communes s’associent elles-mêmes ». M. Duverne évoque également l’état des bâtiments actuels et lance un appel à la municipalité, pour que soient améliorées les conditions d’hébergement du père Maneveau.

honneurmaneveau

Un immense service rendu au quartier Saint-Jean

Le maire, très attaché à ce quartier d’Autun, évoque l’effort entrepris par la municipalité pour entretenir ses églises : Fragny, Couhard, Notre-Dame, et pour Saint-Jean, la réfection des toits, des crépis, l’abbaye qui sert aujourd’hui de maison de l’éducation. « Mais, si le père Maneveau est mal logé, cela ne dépend pas de la ville, depuis 10 ans, il pourrait bénéficier d:un logement décent ».
L ‘hommage du maire envers le père Maneveau, il résume ainsi : « Vous êtes l’homme à tout faire du quartier, en un quart de siècle, vous avez rendu une montagne de services, de dévouements, de fatigues et de travail, et nous souhaitons tous que vous restiez encore longtemps parmi nous. II faut reconnaître dans ce quartier totalement transformé, vous avez été le pôle de ralliement d’une population qui ne se reconnaissait plus, qui n’avait pas d’âmes, et où les relations étaient bouleversées. C’est finalement autour de l’église Saint-Jean, autour du père Maneveau, que les gens de toutes croyances, de toutes opinions, de toutes catégories sociales se sont retrouvés dans un climat d’amitié. Vous avez rendu un véritable service à ce quartier ».
En gage de reconnaissance, le maire a remis au père Maneveau, la médaille d’honneur de la ville d’Autun. Elle prendra place sur le magnifique téléviseur couleur que lui ont offert ses paroissiens.

La cure Saint-Jean, son domaine

Un cadeau beaucoup trop coûteux, à son goût, le père Maneveau ne sait comment les remercier de ce geste qui le touche; mais dont il profitera pleinement, car il pourra suivre le mondial de football. Et à propos de football, ses amis du F.C.A., étaient là aussi, et lui ont .décerné un bronze pour un autre anniversaire : celui de sa 25e saison au F.C.A. (non comme joueur bien sûr), comme supporter acharné. Et si les murs de son appartement sont vétustes, c’est là que le père Maneveau veut vivre. Il s’accroche, nulle part ailleurs il sera aussi bien. Dans le fond, dit-il, je ne suis pas si mal logé que cela.

 

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