ROBERT Hubert

Prêtre

1935 : Né le 26 octobre à Digoin

Eudes au petit séminaire de Semur

Grand séminaire à Autun

1962 : Ordonné prêtre le 28 juin

1962 : Vicaire à Cluny et aumônier du lycée technique

1965 : Directeur adjoint de l’enseignement religieux diocésain

1983 : Réside à Montceau-centre

1984 : Curé de Blanzy reste attaché à l’équipe de formation permanente

1996 : Doyen de Montceau-les-Mines

1998 : Curé in solidum à Chalon-Grands Ensembles

Responsable du SCEJI

1999 : Responsable du service pastoral « Sectes et nouvelles croyances »

Aumônier à la prison de Varennes-le-Grand

2004 : Prêtre auxiliaire à l’ensemble Notre-Dame-des-Lumières à Chalon

2005 : Aumônier régional adjoint pour la région de Dijon (administration pénitentiaire)

2011 : En retraite à Montceau-les-Mines (Bois-Garnier)

2013 : Décède le 22 avril

Décès de Robert Hubert

Monseigneur Benoît RIVIERE, évêque d’Autun ; les prêtres, diacres, laïcs en responsabilité pastorale du diocèse ; Mme Marguerite ROBERT, sa mère ; Gérard ROBERT, Madeleine ROBERT, son frère et sa sœur ; ses neveux et nièces ; ainsi que toute la famille, ont la tristesse de vous faire part du décès de Hubert ROBERT, prêtre en retraite, le 22 avril 2013, dans sa 78e année. Ses obsèques religieuses ont été célébrées le vendredi 26 avril 2013 à 14 h 30 en l’église Notre-Dame à Digoin.

Hubert Robert, 1935-2013

A la rentrée scolaire 1946, au petit Séminaire de Semur en Brionnais, le vieil élève de 5e que j’étais, accueillait le jeune sixième Hubert, né à 15 km de chez moi. Depuis ce jour, nos chemins se sont sans cesse croisés : formation commune, ministères de prêtre différents et proches, mais emplis de tellement de connivences, avant les temps forts de partage, chez lui ou à l’hôpital, pendant ses trop longs mois de maladie, voilà qui me donne la parole aujourd’hui, au milieu de vous.

Je voudrais tenter de vous dire comment sa vie d’homme, sa foi de chrétien et son ministère de prêtre ont enrichi et fécondé les miennes. Les conversations avec bon nombre d’entre vous depuis quelques jours, leurs écrits, m’autorisent à dire « nous «  et pas seulement « je ».

Pour comprendre Hubert, la richesse et l’unité de sa vie, cette vie dont il a dit récemment à ses proches qu’elle avait été « Une vie heureuse et accomplie », il faut déjà nous rappeler qu’il était le fils de son père et de sa mère.

Son père Léon, ouvrier à la faïencerie, les pieds bien sur terre et les mains plongées dans la terre qu’il travaillait pour en faire des œuvres d’art, a forgé son humanité. Voilà le mot-clé qui vient toujours à la bouche de ceux qui parlent de lui. A cause de cela, il lui a toujours été impossible de dissocier le travail du cerveau de celui des mains « Penseur et sculpteur », pas étonnant qu’il soit entré de plain-pied dans la découverte de Jésus Christ vrai Dieu et vrai Homme. Ses formateurs, parmi lesquels je citerai Robert Maubon, Louis Léchère, Charles Serre, ont trouvé en lui un terrain favorable. Ils ont nourri et conforté sa vie et sa foi chrétienne, indissociables l’une de l’autre. Pas étonnant en ce sens, qu’il ait été tellement marqué dans les premières années de ministère de prêtre à Cluny, par son accompagnement des « gadz’arts ».

Son père était un syndicaliste vigoureux et intraitable quand la justice était en cause, voilà qui sent bon l’Évangile ! Il a payé cher cet engagement, mais ne l’a jamais regretté. Dans le milieu où Hubert a grandi, le contact de son père et de ses copains, ont fait de lui un homme libre, rebelle même, incapable de marcher sagement dans les rails, lui aussi intraitable quand il s’agissait de justice et de dignité. Des amis m’ont dit l’autre jour « sa liberté à lui, nous a permis de prendre un chemin bien clair ! » Rebelle, Hubert l’a été en Église, luttant contre tout ce qui ne lui paraissait pas suffisamment évangélique et pas assez tourné vers les petits. Certains l’ont expérimenté à leurs dépens, mais quelle joie pour lui d’avoir préparé, vécu et appliqué les intuitions du Concile Vatican Il, quelle joie pour lui d’avoir, ces dernières semaines, suivi les premiers pas du Pape François.

Si Hubert était un rebelle en Église, il était par contre, un inconditionnel de Jésus Christ.

Hubert était le fils de sa mère, dignement présente parmi nous cet après-midi. Cette mère lui a transmis une extrême sensibilité qui l’a rendu délicatement attentif à tous, à la situation de chacun, partageant leur vie et leurs préoccupations. Quel temps il a pris pour écouter ! Cette sensibilité faisait qu’il était capable d’émerveiller les enfants, et les moins jeunes.

Cette sensibilité le rendait autre, un peu énigmatique, j’aurais envie de dire, à la manière du Petit Prince que nous évoquait naturellement son écharpe blanche. C’est sans doute ce qui le rendait silencieux, secret, ont dit certains, (surtout sur lui-même et ce qui était le plus intime de sa vie et de sa foi). J’ai souvent deviné à demi-mot, à son regard, à son sourire entendu, ce que sa pudeur naturelle l’empêchait d’exprimer tout haut, et ceci, tout particulièrement ces dernières semaines.

Mais cette sensibilité lui permettait des relations uniques avec chacun. Ça ne vous rappelle pas ce que la Bible fait dire à notre Dieu: « Tu es unique pour moi; j ‘ai écrit ton nom dans le creux de ma main ›› ? (lsaïe 49/16) Toujours prêt à répondre à tous les appels, toujours prêt à faire confiance, unique pour chacun qu’il savait unique aux yeux de Dieu. C’était un frère: « un gentil frère » a dit Mado.

La partie la plus intense du ministère de prêtre d’Hubert a été les très longues années où il était en responsabilité de la catéchèse et de la formation : plus de 20 ans à sillonner le diocèse et aussi la région. De cette époque je relèverai deux points.

Hubert ne formait pas les personnes, il leur apprenait à devenir formateurs des autres : je pense en particulier à ces sessions qu’il avait nommées « boites à Outils ». Il ne fabriquait pas des exécutants : il rendait ceux qu’il côtoyait, responsables.

Le deuxième point, c’est la place qu’ont tenue pour lui les handicapés : Son expérience familiale l’avait rendu sensible à eux : c’était capital pour lui : plus que d’autres, ils devaient avoir accès à la Bonne nouvelle de l’Évangile, avec des mots et des gestes qu’ils comprennent par le cœur. Ses dons d’artiste lui étaient bien utiles ; en ce domaine, il a rendu des services inestimables à tous niveaux jusqu’au plan national.

C’est son souci attentif de ceux qui n’étaient « pas tout à fait comme les autres » qui a fait de lui un aumônier de prison heureux, attentivement présent à chacun, quel qu’ait été son passé, écoutant et cherchant aussi dans les célébrations, comment les rejoindre en profondeur « il les aidait à se libérer dans leur Cœur », a dit quelqu’un l’autre jour. Il a été profondément heureux de vivre ce ministère, même si, comme il l’a confié parfois, c’était éprouvant pour lui.

Attentif à ceux qui ne pensaient pas comme lui, il cherchait à entrer en dialogue avec eux. Je pense aux non croyants, je pense aussi à ceux qui ne partageaient pas la même foi que lui, et parmi eux, aux musulmans. L’histoire de sa vie l’a mis plusieurs fois, longuement, en contact avec le monde musulman, d’abord pendant ses années de service militaire en Tunisie, puis dans le cadre de l’aumônerie de prison. Je pense bien sûr à sa collaboration intime avec Ahmed, aumônier musulman à la prison de Varennes, enfin ce contact s’est prolongé dans sa vie familiale.

J’avais promis d’être court, mais je n’y suis pas arrivé. Permettez-moi toutefois, de terminer, un peu sur le ton de la confidence, par le plus important, qui a été bouleversant pour moi. J’ai eu la grâce de concélébrer avec lui sa dernière messe, il y a quelques semaines : il était parfaitement conscient de ce qui l’attendait. Sur la table, il avait tenu à poser une carte postale reçue quelques jours plus tôt de prêtres du diocèse en retraite à la Pierre qui Vire : « Comme ça, les copains sont avec nous ! »

Je ne garantis pas que toutes les règles du Code de droit canonique aient été respectées, mais l’essentiel est ailleurs. Très vite il m’a dit « nous sommes en Carême, en marche vers Pâques : parlons de la Résurrection ». Lui, le silencieux, le « taiseux » s’est alors laissé aller. J’ai parfaitement conscience que, ce matin-là, sa vie a basculé : c’est à ce moment précis, bien avant lundi dernier, qu’il est entré dans la Résurrection.

Comme les disciples sur le chemin d’Emmaüs nous avons ce matin-là, rencontré le Ressuscité et comme eux, notre cœur était tout brûlant. Ceci explique, sans aucun doute à mes yeux, qu’il soit resté jusqu’au bout, si paisiblement serein.

Le passage était fait, dans sa tête, son cœur et sa foi.

Gérard Godot

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