DON CAMILLO VALOTA

Prêtre

1912 : Naissance le 27 octobre en Italie

1937 : Ordonné prêtre le 22 mai à Como

Aumônier à la mission Italienne du diocèse de Lyon

1951-1991 : Aumônier de la colonie italienne à Montceau-les-Mines

Mgr Séguy lui remet la médaille d’or de la Reconnaissance Diocésaine

Prend sa retraite

1998 : Décède le 2 novembre à Bormio (Italie)

Déporté à Dachau pendant la guerre pour le secours apporté aux juifs, Don Camillo s’était mis à la disposition des pauvres parmi les pauvres, partageant la dure condition des immigrés.
D’abord dans la mission italienne du diocèse de Lyon puis, à la demande de Mgr Lebrun, dans le diocèse d’Autun, pendant 40 ans.

Il a rayonné une charité débordante en cherchant des solutions concrètes, en lien avec les autorités consulaires italiennes et les institutions françaises, aux besoins humains des personnes : travail, logement, situation administrative, ressources. Soucieux de respecter la responsabilité pastorale des curés, d’articuler ses interventions avec le clergé local, ses initiatives ont permis de rassembler ceux et celles qui le souhaitaient en petites communautés eucharistiques.

Eglise d’Autun – Mgr Séguy (Mandatement du 28 octobre 1991)

C’était lui le vrai Don Camillo ! et ce n’est pas une blague…

Il a fait la connaissance de Guareschi, l’auteur des différents livres sur Don Camillo, pendant la guerre de 39-45. Ils étaient tous deux dans la même cellule, à Turin, parce qu’ils étaient résistants au régime de Mussolini qui venait de s’allier avec Hitler.

Guareschi était originaire de la même région que Don Camillo (le Nord de l’Italie) et avait rêvé d’écrire un livre sur les relations qu’entretenait l’Eglise avec les municipalités communistes des cités populaires de cette région. Camillo était curé de Frontale dont le maire était Pepone. C’est de ces entretiens entre eux qu’est né le livre : « Le petit monde de Don Camillo ».
Il faut reconnaître que Camillo n’a guère apprécié que soit utilisé et publié, sans qu’il soit prévenu, une foule d’anecdotes de sa vie.

Mais il reste que Guareschi a bien perçu ce qui faisait l’originalité de ce personnage que Fernandel a merveilleusement rendu au cinéma.

Don Camillo était un personnage hors du commun : très proche des gens dont il était le pasteur, passionné par leur bonheur… Avec un caractère bien trempé ! Mais aussi une foi chevillée au corps qu’il entretenait par un vrai dialogue avec le Christ comme le rendent bien les entretiens qu’il a régulièrement avec Jésus, au fil des événements, dans les livres et films…
Camillo m’a beaucoup appris. J’ai vécu 13 ans à proximité de lui à Montceau au début de mon ministère. Il m’a aidé à comprendre qu’on ne peut être un bon pasteur que si on accepte le tempérament qu’on a, au lieu d’essayer de le refouler… Il m’a fait comprendre que l’essentiel était d’aimer les gens, de s’intéresser à leur vie et d’être en dialogue presque constant avec le Christ.

Il était un homme qui vivait très pauvrement alors qu’il aurait pu avoir les moyens de vivre autrement. Pendant la guerre, il a passé son temps, quand il était en liberté, à aider à fuir ceux que Mussolini recherchait. Lui-même a été fait prisonnier et déporté en Allemagne dans les camps de Dachau et Mauthausen. Après la guerre, il n’a plus supporté la richesse apparente de l’Eglise italienne et il a suivi ceux de son pays qui émigraient pour survivre. C’est pour cette raison qu’il s’est retrouvé à Montceau, accompagnant ceux qui trouvaient du travail à la mine ou au Creusot… Il y a passé pratiquement 40 années, aidant chaque famille à obtenir et renouveler les papiers dont elles avaient besoin pour vivre en France.

Il a aussi aidé cette communauté italienne à s’organiser pour vivre sa foi. Il en était l’aumônier. Merci Camillo ! Tu restes vivant dans mon cœur !

Noël Boffet

« Le plus beau Noël de ma vie : Dachau, 24 décembre 1944 »

En 1975, À la demande du Père Georges Auduc, Don Camillo Valota avait évoqué des souvenirs vieux de plus de trente ans.

« Il est vrai que je garde la nostalgie des Noëls de mon enfance et des premières années de mon sacerdoce dans les Alpes Rhétiques où je suis né. Mais le Noël que j’ai vécu à Dachau reste pour moi inoubliable et, chaque fois que je l’évoque, ce souvenir me remplit d’une joie indicible.

Nous sommes à la veille de Noël, le 24 décembre 1944. Les S.S et autre Gestapo ne sont plus visibles : Ils sont dans leur cantonnement, s’apprêtant à festoyer. Aux rugissements de ces êtres inhumains, s’est substitué le silence liturgique de la nuit bavaroise avec son ciel constellé d’étoiles.

Les tables de la baraque 26 sont toutes couvertes avec des serviettes de lin : et je ne sais pas encore aujourd’hui comment, dans notre dénuement, cela avait pu se réaliser.

Le « Stubendienst » un prêtre autrichien d’Innsbrück prénommé Joseph, commence la soirée par une électrisante allocution en allemand et en latin sur le thème « Gloria in excelsis Deo et in terra pax… » : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre. Il semble qu’un groupe d’anges est sur nous et nous dit : « Ne craigniez plus, nous vous annonçons une grande joie : bientôt vous serez libres et rentrerez chez vous. Il nous est né un sauveur : ne craignez point. »

Ensuite, un frugal repas qui nous paraît abondant et ce, grâce aux provisions que les prêtres allemands ont obtenu de la générosité du Cardinal Faulhaber, de Munich, et qu’ils partagent avec nous, les Italiens et les Français, nettement plus défavorisés.

Puis l’office pontifical de Mgr Piguet, mitre en tête et crosse en main (une mitre en carton… et un manche à balai pour crosse). Mais les apparences étaient sauves et seuls peuvent en rire ceux qui n’ont pas connu ces choses.

Et chaque groupe par nationalité : allemand, polonais, français, tchèque, yougoslave, belge, italien, entonne à son tour l’hymne de Noël le plus en vogue dans son pays. Après le cantique allemand si bien rythmé, je me rappelle le « Lililai » insistant des Polonais, le « Il est né le divin Enfant » des Français, et le mélodique chant italien « Tu scendi delle stelle » que je chante à gorge déployée.

Émotion intense, indicible, inexprimable. Dans nos yeux brille toute la joie du monde. Joyeux échanges de vœux, entre nous latins avec des gestes amicaux et parfois exubérants, avec nos collègues allemands, plus froids et réservés en apparence.

Et le lendemain, à l’heure de la soupe, dans « l’eau de vaisselle » qui en tient lieu, il y a quelques macaronis. Alors le Kapo, un vénérable prêtre de Mayence prénommé Rodolphe, m’appelle et m’offre sa ration en disant : « Prends Camillo, il y a des macaronis, je sais que tu les aimes… » J’en ai pleuré de reconnaissance. Une fois de plus la charité chrétienne triomphait dans le « lager » et, spirituellement, nous étions libres avec l’assistance de notre Dieu.

Je le répète : je n’ai jamais éprouvé autant de joie que ce jour-là.

Église d’Autun – Don Camillo Valota

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