PROUX Claude

Prêtre

1943 : Né à Paris le 23 août

Ecole publique

Petit séminaire

Philosophie à la Sorbonne et obtient le CAPES

Rentre dans l’enseignement catholique à Montélimar et Aix-en-Provence

1965 : Mariage avec Danielle, trois enfants

1975 : Engagé à la Communautéde l’Emmanuel à Paray-le-Monial

1983 : Sa femme décède à l’âge de 40 ans

1995 : Ordonné prêtre par Mgr Madec dans le dioècese de Fréjus Toulon le 6 mai à 52 ans

Vicaire à la paroisse de la Gabelle à Fréjus

1997-2000 : Vicaire à la paroisse de Sainte-Maxime

2014 : Avec l’accord du modérateur de la Communauté de l’Emmanuel et de l’évêque de Fréjus-Toulon, est nommé solidairement curé (canon 517 § 1) des trois paroisses de Saint-Lazare en Autunois (Autun), Notre-Dame de la Drée (Epinac), Notre-Dame du Morvan (Lucenay-l’Evêque) au doyenné de l’Autunois. Il sera plus particulièrement chargé de la paroisse Notre-Dame du Morvan.

2022 : En accord avec le modérateur de la Communauté de l’Emmanuel, il entre dans la période de la retraite. Il résidera à Paray-le-Monial

Je suis né à Paris le 23 Août 1943. J’ai perdu un petit frère né quelques années avant moi. En fait je n’ai connu ni frère ni sœur et ai vécu en enfant unique.

Mes parents travaillaient dans le grand hôtel parisien du Crillon, place de la Concorde. Ils étaient d’un milieu modeste ; ma mère de Vendée, mon père des Deux-Sèvres. La première : bonne chrétienne ; mon père : plutôt indifférent.

J’ai été élevé très tôt par ma grand’mère maternelle dans un petit village vendéen près de Chantonnay. Notre maison était tout près de l’Eglise. Très jeune j’y allais souvent pour prier puis pour y être enfant de chœur. Il n’y avait qu’une école – l’école publique – l’instituteur formé à l’Ecole Normale, professant de solides idées républicaines, nous autorisait pourtant, nous les enfants de chœur,  à quitter la classe chaque fois qu’il y avait des obsèques pour assurer notre service. Je garde de lui le souvenir d’un homme droit et exigeant. J’ai perdu mon père à 9 ans. Ce fut une réelle blessure.

Un curé de cette paroisse m’a beaucoup marqué vers l’âge de 10 ans. Sans qu’il y ait eu cependant de conversations profondes entre nous, j’aimais aller dans son bureau et me tenir là en silence près de lui. Il est mort d’un accident de moto. Cela m’a beaucoup peiné.

Etudes : quand son successeur est arrivé, comme beaucoup de jeunes de ce temps-là,  je suis rentré au petit séminaire. J’en suis ressorti à 15 ans car la crise d’adolescence commençait. Le supérieur avait écrit à ma mère à mon sujet : « capable du meilleur comme du pire ». La pauvre maman affolée m’a pris à ce moment-là avec elle à Paris et a fait des pieds et des mains pour me trouver une bonne école chrétienne tenue par des Oratoriens.

J’y ai fait la fin de mes études secondaires, marqué par de bons professeurs  en particulier l’un d’entre eux qui enseignait la littérature, la latin et le grec. De même l’aumônier du collège qui nous faisait la catéchèse et nous poussait à aller animer des messes dans des paroisses de banlieue m’a aidé à rester dans la voie du Seigneur.

Mais c’est surtout en terminale, un professeur de philosophie, allemand d’origine, résistant, mariée après la guerre à une juive française qui a eu sur moi  une influence déterminante. Il était chrétien, sa foi, sa philosophie réaliste, son accueil des élèves m’ont aidé à surmonter mes interrogations, à désirer devenir enseignant à mon tour.

J’ai commencé des études de philosophie en Sorbonne avec Jankélévitch, Tresmontant, Jean Guitton, et j’ai ai obtenu le CAPES de philosophie. Je suis rentré dans l’enseignement catholique et ai enseigné en région parisienne, puis dans le Sud (Montélimar et Aix-en-Provence )

Mariage. Vie professionnelle : en Sorbonne comme beau-coup d’étudiants chrétiens, j’ai fréquenté le centre Richelieu dont le directeur était un certain Jean-Marie Lustiger. Dans les équipes, j’ai connu une jeune fille : Danielle. Elle s’était posée  la question  de la vocation religieuse. Nous avons compris que le mariage était aussi une voie de sainteté. Nous voulions ensemble nous aider à être des saints (pas moins que cela !). Nous nous sommes mariés en 1965. Nous avons eu trois enfants : Benoît , Véronique, Agnès .

La crise que l’Eglise traversait en même temps que ce temps de grâces du Concile Vatican II, nous les avons vécus aidés par des prêtres qui venaient souvent à la maison et par un groupe autour de ce professeur de philosophie dont j’ai parlé.

La découverte des foyers de Charité – Châteauneuf en particulier avec le père Finet et Marthe Robin – puis les groupes de prière de Renouveau à Paris ont été déterminants dans notre parcours spirituel à cette époque. Nous avons vraiment expérimenté qu’un chrétien qui ne s’appuie pas sur d’autres et ne s ‘engage pas avec eux est véritablement en danger ou au moins risque de rester tiède. Celui qui s’appuie sur d’autres frères pour recevoir d’eux et leur apporter peut, au contraire, avancer avec confiance et assurance dans la mission.

L’expérience de l’effusion de l’Esprit en 1975 (prière de renouvellement du don de l’Esprit Saint donné au baptême et à  la confirmation) reçue dans le groupe des dominicains du Faubourg St-Honoré a constitué pour nous une véritable étape avec un avant et un après : le Seigneur Jésus est pour Danielle et moi comme devenu vraiment Quelqu’un. Nous voulions en retour et avec sa grâce nous donner radicalement à Lui et servir profondément l’Eglise. C’est à ce moment-là que s’est constituée la communauté de l’Emmanuel. Nous avons connu son fondateur Pierre Goursat et très vite nous avons compris que nous ne serions fidèles à l’appel de Dieu sur nous et notre famille qu’en nous engageant dans cette communauté.

L’aventure «  missionnaire » et les épreuves : étrangement, alors qu’une mise en place de la vie fraternelle et de la mission commençait, nous avons senti un appel fort à quitter Paris. Le père abbé de la Trappe d’Aiguebelle dans la Drôme nous proposait une petite ferme près du monastère en pleine garrigue. Nous y avons vécu deux ans de 1975 à 1977. J’ai trouvé un poste de philo dans un collège catholique de Montélimar. Près de l’hôtellerie des moines nous recevions des prêtres, des religieuses, des couples et des jeunes en difficulté, Ces derniers venaient d’une maison en Ardêche « La Demeure Notre Père »  où un prêtre diocésain et un frère recevaient des marginaux . Dans une vie au rythme monastique et dans le travail de l’élevage des chèvres ils se rééquilibraient autour du Seigneur. Près des frères protestants de la région  renouvelés dans la grâce du Renouveau, nous avons organisé des week-ends en faisant venir des intervenants, prêtres pour la plupart – afin de leur proposer une formation d’approfondissement de leur foi catholique. Les prêtres des paroisses ne s’en occupaient pas. Ils les traitaient de «  chachas »  sans chercher à les aider dans leur expérience de «  re-conversion ».

En 1977 nous sommes descendus à Aix-en-Provence. Tout en continuant l’enseignement nous avons poursuivi l’organisation de ces week-ends et rencontres de formation. L’évêque d’alors Mgr de Provenchère nous a proposé une maison diocésaine vétuste mais assez grande située magnifi-quement sur les hauteurs de la ville «  Les Genêts »   Là, tout près du carmel, a commencé  pour nous avec un autre couple et  des personnes consacrées, une maisonnée «  résidentielle » : tout en maintenant l’autonomie des familles et notre vie professionnelle,  nous menions une vie de prière, de partage, d’accueil de nombreuses personnes et tout particulièrement des couples.

A cette époque, nous avons connu des épreuves : j’ai eu un cancer du sang que j’ai surmonté. Et ma femme Danielle un cancer de la peau. Elle en est décédée à 40 ans en 1983.

Bien sûr ce fut une rude épreuve mais son départ dans la joie et une grande foi nous a marqués pour toujours.

Après le décès de Danielle avec les enfants je suis resté en-core deux ans à Aix. Puis nous sommes remontés sur Paris. J’ai complété à Bruxelles à l’IET ma formation théologique.

J’ai continué mes activités professionnelles et ai enseigné à Tournon-sur-Rhône  (Ardèche) de 1986 à 1992. Une fois que mes enfants aient pris leur autonomie, j’ai été ordonné prêtre par Mgr Madec dans le diocèse de Fréjus Toulon le 6 mai 1995 à 52 ans.

J’ai d’abord été vicaire à la paroisse de la Gabelle à Fréjus puis l’évêque, voulant confier une paroisse à la Communauté, il m’a nommé vicaire à la paroisse de Ste-Maxime de 1997 à 2000. Nous avons là travaillé à  deux puis à trois prêtres dont le curé. L’Emmanuel comprend des engagés de tout état de vie : familles, célibataires, sœurs et frères consacrés, prêtres. Nous avons aidé les paroissiens à exercer dans la confiance et la joie leurs responsabilités. L’objectif  n’étant  pas de rester sur nous-mêmes bien au chaud, encore moins  de faire du recrutement ad intra (!)  mais de permettre à tous dans la paroisse de devenir  réellement une communauté, de s’investir efficacement dans la vie de charité, la joie et le zèle apostolique.

Ici peut-être me faut-il dire que nous avons découvert cela en particulier par l’expérience de Marseille et par l’encouragement du cardinal Etchegaray.

Alors que nous venions d’arriver dans le Sud, (fin des an-nées 70)   je n’étais pas prêtre à cette époque – Pierre Goursat, le  fondateur de l’Emmanuel, nous avait invité à aller voir le cardinal et à lui présenter l’évangélisation de rue que nous faisions chaque samedi soir devant les cinémas de la Canebière.

Le cardinal s’est montré très intéressé. Il nous a demandé : «  Quel est votre attirail ? » (sic) – Nous lui avons expliqué comment nous faisions : – nous mettons une icône de Marie, une photo de Jean-Paul II (pour que l’on ne nous prenne pas pour une secte !) –  nous chantons et quand des personnes s’arrêtent pour nous poser des questions, nous les écoutons  (elles en ont très souvent des choses à dire – contre l’Eglise et contre les prêtres ! Elles ont un grand besoin de vider  leur sac !) Ensuite, peu à peu, le plus délicatement possible, nous témoignons de Jésus en disant essentiellement  qui Il est pour nous – puis nous  les invitons à revenir à  l’Eglise – Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? nous demande alors pour finir  le Cardinal ?- Monseigneur, est-il possible d’ouvrir la crypte de l’église en haut de la Canebière ? Nous pourrions inviter les personnes qui le veulent  à venir prendre un temps de prière après cette rencontre –  et la deuxième chose que nous vous demandons : « «N’auriez-vous pas un presbytère désaffecté où nous pourrions réunir une maisonnée  qui s’installerait là pour être au cœur du « quartier ? ».

Le Cardinal a été d’accord sur les deux points. Il  nous a envoyé rencontrer les prêtres  responsables du centre-ville. Non seulement ces derniers ont bien voulu ouvrir l’église à 10 h du soir le samedi pour faire cet accueil mais – chose que nous n’attendions absolument pas ! – ils nous ont suppliés de venir travailler avec eux dans l’animation des messes, les services et l’accueil des paroissiens. Sans le chercher, et même y avoir songé, nous sommes ainsi entrés dans le ministère paroissial.

Je réalise maintenant que nous avons fait en quelque sorte nos premières armes pastorales dans un contexte beaucoup plus large que celui de la Communauté. En nous frottant à des prêtres d’une tout autre sensibilité, nous nous sommes ouverts à une pastorale soucieuse de tous. Cette ville si cosmopolite de Marseille a servi de creuset à cette expérience si précieuse.

J’en termine par l’évocation de ma mission des dix années en Chine (de 2000 à 2010). Avec Danielle, jeunes étudiants,  nous parlions souvent de la Chine dont l’exotisme et la pensée philosophique lointaine et mystérieuse nous attiraient ! La vie familiale et professionnelle, l’aventure communautaire dont j’ai parlé n’avaient pas permis de concrétiser ce désir de s’y rendre et de la connaître.

Pendant sa maladie, Danielle offrait ses souffrances pour la Chine. Cela m’avait frappé. Signe providentiel (?) elle est décédée un 3 décembre en la fête de saint François-Xavier, apôtre de l’Asie, mort à la porte de la Chine.

J’ai senti alors comme l’appel pressant  à y aller, une sorte de devoir suite à son offrande . Après avoir eu l’accord de Mgr Madec et celui du modérateur de l’Emmanuel, j’y suis parti à 57 ans. Puisque il n’est pas possible à un prêtre étranger d’y exercer un ministère pastoral ordinaire, j’ai proposé mes compétences d’enseignant et j’ai eu un poste de lecteur de français dans la capitale d’une province reculée (et une des plus polluées !) : une petite ville de 4 millions d’habitants comme on sait les faire là-bas.

Pour eux j’étais  « Mr Proux, le professeur de français ». Les autorités savaient sûrement qui j’étais. On sait tout dans ce régime ! Mais on ne dit rien, on fait comme si on ne sait pas. Le premier ministre à Pékin m’a même décoré de la médaille de l’amitié, celle donnée en récompense de leurs  loyaux services à  ceux  qui se sont dévoués pour la Chine. Au moment de la remise de la médaille dans le grand hall du Peuple, place Tian An Men à Pékin , je n’ai pas pu éviter de penser à Pépone et à Don Camillo ! Décidemment Dieu a de l’humour…)

Vous le devinez, les étudiants chinois sont très travailleurs, passionnés d’apprendre, respectueux de leurs maîtres (Confucius est passé par là…).

Ces années près d’eux m’ont apporté beaucoup de satisfaction. J’ai essayé de les ouvrir, à travers des moyens audiovi-suels, puis l’étude des beaux textes de notre littérature, au génie français et à la réflexion. J’ai même pu commencer avec eux l’étude du latin, négligé chez nous mais maintenant enseigné dans les grandes universités chinoises ! Je reste en contact avec beaucoup d’entre eux en particulier ceux  partis travailler en Afrique dans les pays francophones ou venus en France compléter leurs études.

Je pouvais dire, bien sûr,  que j’étais chrétien ; en classe déjà  ( à travers tant d’influences du christianisme sur notre littérature …) puis dans des contacts privés,  je pense en avoir éveillé  pas mal à la personne de Jésus. J’ai des témoignages forts de collègues et d’étudiants disant qu’ils voient à travers notre façon d’être déjà que les chrétiens sont différents des autres.

Je les confie tous à votre prière en particulier en ce 24 Mai qui approche. C’est le jour plus particulier où le Saint Père demande à toute l’Eglise de prier pour la Chine et de confier cette Eglise à Marie vénérée près de Shanghai sous le vocable de Notre-Dame de Sheshan, secours des chrétiens.

Fait à Paray-le-Monial le 19 mai 2012 – Claude Proux

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