MIGNOT Joseph

Prêtre

1929 : Né le 26 juin au Creusot

1954 : Ordonné prêtre le 11 juillet

1954 : Vicaire au Magny

1963 : Aumônier JEC à Montceau et adjoint à l’aumônier des lycées

1965 : Procuré de Flacé

1967 : Adjoint au curé de Digoin

1976 : En stage à la Fraternité de Foucauld

1977 : Affecté au secteur de Montceau et chargé de Rozelay

1987 : Responsable du secteur de Montceau-Cités

1991 : Déchargé de ses paroisses pour raison de santé

1992 : Au service de la Mission Ouvrière de Montceau

En retraite à Saint-Vallier

2009 : Décède le 21 octobre

Joseph a été ordonné prêtre en juillet 1954, un an après moi. Au moment où le Pape Pie XII ordonnait aux évêques français de retirer des entreprises les premiers prêtres-ouvriers – comme ceux qui travaillaient déjà à Montceau depuis 1949 – nous ne pouvions vraiment pas prévoir que nous ferions un jour partie ensemble, une dizaine d’années après le Concile Vatican II, de l’équipe des prêtres-ouvriers du département, avec l’accord du Père le Bourgeois, notre évêque d’alors.

Joseph y avait été préparé d’abord par son service de « prêtre détaché » pour le Monde ouvrier pendant deux ans, après la grande Mission de 1963 à Montceau ; puis par une année de formation en 1976-77 à Montbard chez les petits frères du Père de Foucauld.

En paroisse à Rozelay, après une longue hésitation, il a trouvé l’année suivante un emploi à mi-temps pendant onze ans, dans une entreprise de nettoyage au vestiaire de la Mine à Montceau. Cet humble travail, peu considéré, l’a mis au contact quotidien en situation de service et lui a gagné la sympathie des mineurs qu’il était tout heureux de côtoyer et de connaître ainsi. Il s’est engagé simultanément à l’Union locale CFDT, où il a milité activement, y compris à la retraite, tant qu’il a pu.

Comme nous tous, il a longtemps accompagné une équipe de l’Action Catholique Ouvrière à Montceau : « Le Monde ouvrier m’a façonné, écrit-il, en particulier les mouvements d’action catholique auxquels je me suis attaché : la JOC, l’ACO, les PO ».

Nous n’avons certainement pas mesuré la servitude et l’humiliation de son épreuve de santé depuis dix-huit ans, qui limitait de plus en plus ses possibilités de déplacement au-delà d’une journée, et donc de participer à nos rencontres régionales et nationales. Nous avons été sensibles à l’épreuve répétée qu’a été pour lui le départ successif de ses frères Jean, Paul et François, spécialement du plus jeune dont il se sentait le plus proche, je crois.

Joseph s’en va après avoir bien souffert moralement et physiquement. Nous comprenons et partageons sincèrement le deuil de sa famille au Creusot et le chagrin de ses amis à Montceau. Si la plupart des prêtres sont venus au Creusot après un ministère à Montceau, Joseph est un creusotin qui a passé la plus grande partie de sa vie au service des Montcelliens.

Pour nous – sans oublier Roger Vernanchet mort tragiquement – c’est après Henri Gérard et Louis Quelin, le troisième des nôtres que nous voyons partir presque de la même façon, après des années d’une lutte inégale contre une maladie épuisante. Avec d’autant plus de tristesse que nous savons que personne ne prendra le relais après nous ! Notre petite équipe ne peut qu’en pâtir encore un peu plus. C’est à brève échéance la seconde mort des prêtres-ouvriers dans notre pays.

Mais pouvions-nous espérer annoncer l’Evangile, sans connaître la Passion qui y tient une si grande place ?

Pouvions-nous témoigner valablement de Jésus, en nous dispensant de le suivre jusqu’au bout, quand il est dit : « Sachant que son heure était venue, l’heure de passer de ce monde à son Père, lui qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême » ? (Jn 13,1). Ce qui rend notre foi crédible, c’est ce que nous sommes capables de souffrir et d’endurer pour ce que nous croyons. C’est de passer d’une spiritualité à une vie vécue au quotidien.

Quand l’Evangile s’empare d’un homme, il le mène sur des chemins imprévisibles, dont on sait cependant bien où ils aboutissent. On nous dit habituellement « prêtres du Jeudi Saint », en ne tenant d’ailleurs pas grand compte du geste inouï de Jésus, à genoux devant ses amis pour leur laver les pieds : « C’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le, vous aussi ! » (Jn 13,15).

Mais notre vocation ne se réduit pas à cette seule journée. Nous devons être aussi les fidèles compagnons du Crucifié, les silencieux de l’interminable Samedi, où Dieu nous laisse douter de sa bonté et de son existence même, et malgré tout les témoins indomptables du Jour de Pâques : « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié ? il est ressuscité, il n’est pas ici !… Il vous précède en Galilée : c’est là que vous le verrez ! » (Mc 16,6-7).

C’est comme cela en tout cas que je comprends la prière – familière à Joseph – du Père de Foucauld qui fait écho à la dernière parole du Christ en croix, selon saint Luc : « Père, entre tes mains je remets ma vie ! » (Lc 23,746) : « Mon Père, je m’abandonne à toi. Fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout. J’accepte tout… »

Eglise d’Autun – Père Paul Bernardin

Personnes

Evêques
Prêtres
Diacres
Gens de l’ombre

Filtrer par nom ou par mot clé :

Groupes

Communautés Religieuses
Laïcat

Filtrer par nom ou par mot clé :