Je l’ai connu seulement dans la dernière partie de sa vie. Il était curé de Rozelay.

Une cité minière était née là ; sur les communes de Ciry-le-Noble et Perrecy-les-Forges. Un quartier récent, où – contrairement aux plus anciens – la mine n’avait pas fait construire d’église. Aussi, le père Digoy a été l’homme et le prêtre qui s’est dépensé pour que l’Eglise soit bien présente dans ce quartier, devenu paroisse.

Dans le courant des années 1960, il y avait donc : l’église, avec la cure attenante, une communauté de religieuses, avec son logement, une salle paroissiale, puis le centre aéré de Chérizet (près de Salornay).

Le Père Digoy, solide Morvandiau, audacieux, sûr de lui, avait été à l’origine de tout cela : sa grande œuvre.

Arrivé au Bois-du-Verne en 1966, j’ai côtoyé ce prêtre au cours des réunions de ce qui était devenu le « secteur-cités ». J’ai retenu de ce que j’entendais, avec des récits (souvent « hauts en couleur »), que le père Digoy n’avait jamais eu l’habitude de se plier devant une quelconque autorité, surtout pas ecclésiastique !

Parmi les grands moments de sa vie, pour réaliser son projet au service des habitants de Rozelay, il avait en particulier trouvé l’argent pour la construction de l’église : pendant des années, le curé de Rozelay avait parcouru la France pour quêter auprès des assemblées de chrétiens. Cela, avec des mineurs de Rozelay, en tenue de travail. Ses talents d’orateur avaient sûrement ému, tous ces chrétiens : « des mineurs tenaient à avoir une église dans leur quartier » !

J’ai compris que ces équipes, avec le père Digoy en tête, avaient vécu de grands moments, sûrement pittoresques certains jours !
Le charisme du Père Digoy n’était pas la collaboration, le travail en commun, mais, bon vivant, il savait être chaleureux, et son audace apostolique était certaine.

François Ravaud